LE BRUIT DES CASSEROLES par Gilbert Laffaille

Déni, retard à l’allumage, valse hésitation, dissimulation, demi-mesures, volte face, panique, autoritarisme… la crise du Covid aura dévoilé la réalité du pouvoir, ses incohérences, ses mensonges et ses limites. La gagnante hors concours restant l’ex porte-parole du gouvernement. Comment oublier son : « Voyez, moi j’sais pas mettre un masque et pourtant j’suis ministre ! »

« Mon gouvernement est composé à moitié de débiles. » Ces propos ont été récemment prêtés à Élisabeth Borne qui les a démentis. Quoiqu’il en soit, l’entourage du président, ses ministres et ses députés nous auront offert depuis 2017 une belle démonstration de ce que pouvait être une « république exemplaire »: prise illégale d’intérêt, fraude fiscale, abus de confiance, emplois fictifs, harcèlement, usurpation d’identité, coups et blessures, détournements de fonds, conflits d’intérêts… Ministres perroquets récitant les mêmes éléments de langage, députés godillots, écologiste d’opérette, mannequin pour revue sexiste, amateur de homard, fantoche exhibitionniste, spécialiste du bras d’honneur, petite frappe, grand voyou, prédateurs sexuels… Quel casting sous les ors de la République!

Notre pays ne manque pourtant pas de talents, de fonctionnaires dévoués ni de techniciens compétents et désintéressés. Pourquoi le président s’entoure-t-il ainsi ? Peut-être ne sait-il pas résister à celles et ceux qu’il séduit. Peut-être ne peut il tolérer d’avoir à ses côtés des personnes plus intelligentes que lui ou attirant mieux la lumière. Plus sûrement : pour être seul à diriger.
Pourtant, selon la Constitution, le rôle du président est bien d’arbitrer non de diriger. Qu’importe ! Sa façon de répéter à qui s’oppose à lui: « Je suis élu, je suis votre chef, c’est moi qui décide! » est pour le moins singulière.

Le contribuable engraisse donc des courtisans au garde-à-vous devant un enfant-roi. Étrange personnage dépourvu d’empathie, immature et colérique, ignorant du pays profond, incapable d’auto-critique mais changeant d’idées au gré du vent, affirmant aujourd’hui le contraire de ce qu’il disait hier et prenant plaisir à nier les corps intermédiaires. Quitte par la suite, en cas de nécessité, à déplorer le manque de dialogue.
À ceux qui avaient osé signaler qu’il n’était pas souvent à l’heure, il avait répondu avec un grand sourire: « Je ne suis jamais en retard puisque rien ne doit commencer sans moi ! ».
Mauvais comédien d’un triste théâtre, il sait que le pouvoir est ailleurs : chez ses copains d’Uber, Amazon, BlackRock ou Mc Kinsey, sociétés implantées en France mais n’y payant pas l’impôt et dont il a décoré les dirigeants des plus hautes distinctions.

Du cynisme, assorti d’une certaine jouissance à s’attaquer à un monde qu’il n’aime pas : le peuple, son histoire sociale et sa culture. Entre Ubu, Pif Gadget et Octave Mirbeau. Les affaires sont les affaires. Dur avec les faibles. Souple avec les puissants. Comme un banquier en somme.
Évidemment, à se comporter de la sorte et à vouloir gouverner seul, il n’y a pas grand monde pour prêter main forte en cas de coup dur, et personne sur les Champs-Élysées pour commémorer le 8 mai puisqu’il est interdit à la population de se rassembler. Jadis, de Gaulle lors d’une conférence de presse (oui, cela a existé dans notre pays) avait répondu goguenard à un journaliste: « La politique de la France ne se fait pas à la corbeille ».
Aujourd’hui la Bourse fait les présidents. Elle peut aussi les défaire: l’agence de notation Fitch vient de baisser la note du crédit de la France en raison du climat social. Le monde des affaires n’aime pas beaucoup le bruit des casseroles.

Gilbert Laffaille (sur sa page Facebook, et d’ans l’Asympto avec son aimable autorisation)

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