LE CHANTIER DU MÉTRO 3 PREND L’EAU par Gwenaël Breës

Ah ah ah (rire jaune). Comment dire ? Quand l’expression “on vous l’avait bien dit” prend tout son sens… La prévisibilité des problèmes liés au creusement du sous-sol marécageux de Bruxelles, des retards de calendrier, des dégâts urbains, l’exponentialité des coûts et des surcoûts…
Tout cela a été dit, alerté, redit et crié depuis des années par des chercheurs et des associations à qui le Gouvernement bruxellois et la STIB ont ri au nez.

Avenue de Stalingrad, la technologie allait passer outre tous les défis techniques, le Palais du Midi ne serait pas impacté par le chantier, et la station “Toots Thielemans” serait livrée à temps et sans dépassement budgétaire.
En réalité, le calendrier n’a cessé d’être rallongé, les problèmes de s’enchaîner, les coûts d’exploser jusqu’à ce que récemment le ministre des finances tire une nouvelle fois la sonnette d’alarme : le budget du Métro 3 a encore augmenté de 20% au cours de l’année écoulée. Et on n’est qu’au début de la réalisation (le chantier du tronçon Nord attend encore son permis) de cette ligne inutile et décidée pour de mauvaises raisons.
Ce matin, on apprend que le chantier de la station sous le Palais du Midi est à l’arrêt depuis un an et demi (!), que les piliers qui doivent former le tunnel n’entrent pas verticalement dans le sol, qu’il y a des conflits avec les entrepreneurs, et voilà la STIB qui propose… d’enlever le toit du bâtiment pour pouvoir y faire rentrer des grues. Tout simplement.
Le Gouvernement, lui, claironne que trop d’argent a déjà été injecté dans ce projet pour revenir en arrière, tentant de faire croire qu’il coûterait moins cher de continuer à s’endetter et à faire face aux “imprévus” pendant une dizaine d’années encore. Mouais.
A revoir notamment sur le sujet : les épisodes #3 et #5 de “Dont Look down” (1), et le reste de la série pour mieux comprendre l’aberration qui est en train de se jouer sous nos yeux… et la cascade d’impacts désastreux de ce projet.

Ce titre évoque la “démolition partielle” du Palais du Midi, à la différence de plusieurs médias qui ont repris l’élément de langage de la STIB parlant presque poétiquement d’en “démonter le toit” et d’en profiter au passage pour le rénover (en a-t-il seulement besoin ?).
Voilà qui a au moins le mérite de la franchise, à la différence des communicants de la STIB. Au passage, l’article nous en apprend un tout petit peu plus sur les litiges entre la société de transports en commun et le consortium d’entrepreneurs mandaté pour construire la station “Toots Thielemans” qui, rappelons-le, est censée entrer en service en 2025.
Cette semaine, on vient donc d’apprendre que le chantier souterrain est à l’arrêt depuis plus d’un an, qu’il pourrait le rester encore pour longtemps, et que si une solution technique est trouvée elle mettrait des années à être réalisée et coûter quelques dizaines de millions d’euros. Bonjour la transparence et la bonne gestion !
Pendant ce temps-là, le quartier Stalingrad subit de plein fouet les nuisances de ces travaux entamés depuis déjà trois ans, et les zones d’ombres restent nombreuses dans ce dossier. Hâte que des journalistes investiguent le sujet avec autant d’énergie que la Région creuse son budget…

Gwenaël Breës

Photo Bruxelles Environnement

(1)  https://www.dontlookdown.be/

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