LE CHE, LA VIERGE ET LE POÈTE par Bruno Ruiz

Il n’y a pas si longtemps, j’allais passer régulièrement en automne une petite semaine à Lourdes pour y faire des lectures dans le cadre des Ateliers Imaginaires, formidable institution littéraire créée par mon ami Guy Rouquet.
Entre ces lectures, forcément, j’allais me promener dans la ville et inévitablement mes pas me guidaient vers la fameuse grotte de Bernadette.
Comme chacun sait, la grotte des apparitions est devenue un lieu de pèlerinage international. Avant d’entrer sur le site, il existe des distributeurs de vierges. Vous mettez une pièce dans la fente (je vous en prie…) et vous pouvez obtenir une effigie de la vierge Marie. Un peu plus loin, (à cette époque en tout cas), il y avait aussi un distributeur pour obtenir un Jean-Paul II. Mais ce n’était pas la même fente…
Juste à côté, des pèlerins font la queue avec leur bouteille vide d’eau minérale pour les remplir à l’eau bénite et bienfaisante de la source municipale.
Tout cela bien sûr, prêterait à sourire, (surtout à un mécréant comme moi), si, sur l’esplanade, on ne rencontrait nombre de handicapés sur des chaises roulantes, venus trouver le réconfort d’une espérance bien compréhensible pour soulager la douleur de leur quotidien. Je ne peux aujourd’hui m’empêcher de faire un parallèle avec les t-shirts à l’effigie du Che qui se vendent encore à la fête de l’Huma. Cela relève au fond d’un même besoin d’espérance. Je vous raconte cela avec d’autant plus de compassion que je fus moi-même attiré par l’une comme par l’autre.
Aujourd’hui, les deux m’ont passé.
J’allais dire Dieu merci.
Aujourd’hui, quand la nausée de l’absurdité humaine me prend, je mets un poème dans la fente de mon questionnaire sans réponse. Et il n’y a pas de quoi pavoiser.

Bruno Ruiz (sur Facebook)

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