street art palais de justice bruxelles

LE CREUX DU CREUX DE L’ÉTÉ par Marie Wiener (sur Facebook)

Lundi 9 août: le creux du creux de l’été.
C’est un lundi et c’est la semaine qui précède le 15 août. Y a donc per-son-ne en ville. Personne. Et nombre de cafés sont fermés (puisqu’en plus, c’est lundi). Il fait 21°C et il drache. Mais la pluie n’est qu’intermittente. Donc, je cède en fin de matinée à mon besoin de vadrouiller, moi qui passe, plutôt satisfaite, tout l’été à Bxl.
Première destination, via le tram 8: “Stéphanie, terminus!” Le goulet Louise est pour moitié showroom d’engins, pour moitié bac à sable… “La distance entre la place Stéphanie et la porte Louise doit être franchie à pied” Ce que je fais. Puis je longe le Palais de Justice vers l’ascenseur: fermé!? “Ces lundi 9 et mardi 10 août, l’ascenseur est fermé pour travaux”. OK, je descends par la rampe du Palais de Justice, dont le dernier tronçon est orné d’une grande fresque au sol depuis peu (je l’ai vue dans l’poste). C’est beau, c’est grand, tout en longueur (et/ou en hauteur, puisque ça suit la pente de la rampe). Je n’ai pas bien compris ce que ça représente. Mais j’aime bien.
Je continue à pied jusqu’au Pain Quotidien du Sablon. Collation, pour 14€ tout de même, soit le prix du menu bière incluse à un snack rue Haute. Mes gourmandises du jour: petite soupe, jus détox et cappuccino. Puis je descends encore, vers la rue Sainte Catherine, la Place Sainte Catherine, les quais.
Re-drache. Je cherche assez désespérément une terrasse suffisamment couverte… et ouverte!
A celle que je finis par dénicher, on me sert à nouveau un cappuccino, délicieux mais cher lui aussi. Accompagné élégamment d’un verre d’eau, toutefois: c’est donc ça qu’on paie en surplus! Ca console.
A la table voisine, un couple de Düsseldorf. Je ne connais pas l’allemand. Elle parle un français hésitant. On échange nos souvenirs de Berlin, de Hildesheim, de Göttingen: je leur conseille la chanson bilingue de Barbara (“Il y a des gens que j’aime, à Göttingen, à Göttingen!”)
La pluie a cessé, je repars. Va falloir songer à rentrer, j’ai un rendez-vous près de chez moi à 17h. J’arrive à l’arrêt du bus 95 rue du Lombard. Le chauffeur estime qu’il a déjà quitté sa station et refuse de m’ouvrir. Zut. Je remonte en forçant le pas jusqu’à l’arrêt “Bibliothèque” (sous le bvd de l’Empereur). Des motards arrivent, toutes sirènes hurlantes, et se répartissent sur la chaussée pour interrompre le trafic. On attend, on attend, sirènes… La jeune femme qui attend avec moi est bien couverte😉 et demande: “On va voir le Roi?”
Passe finalement un grand camion. Prolongé à l’arrière par la moitié d’un arbre, à l’horizontale: ah oui, c’est vrai, en ce lundi de quasi miaou, mort de chez mort, on plante le Meiboom!
Le bus arrive enfin. Il remonte jusqu’à l’Avenue des Arts. Et là, rebloquage. Un camion “de 18 m de long – ça n’existe pas, ça n’existe pas!”(*) – bon, OK, mettons 8 m de long, bloque la circulation au carrefour Arts/Trône… Ah, l’énorme bahut bouge. D’un mètre à tout casser. Et pendant environ 10 minutes, il bougera d’environ 1 m par minute.
Finalement le bus peut traverser. Il embarque la foule qui l’attendait à Trône. Ca roule normalement. Un temps seulement, car au Cimetière d’Ixelles: “Terminus, Messieurs-Dames! Continuez dans le bus suivant”. OK, OK, c’est lundi 9 août pour tout le monde, Stib incluse donc!?
Je rentre en trombe chez moi me rafraîchir et ressors dans les 5 minutes. Je serai un chouia en retard à mon rendez-vous. Je dois présenter à ma vieille amie en chaise roulante la jeune femme qui s’occupera d’elle en échange de la mise à sa disposition d’une chambre. Mon amie m’ouvre et m’accueille, face au magnifique panorama dont elle jouit du haut de son 7ème étage.
Par contre la jeune femme ne paraîtra pas.
Ah bon, c’est lundi 9 août pour elle aussi?
Discussion amicale et plaisante avec mon amie. Un peu de tout: nos souvenirs des vieux trams bruxellois et des satyres qui nous y tripotaient (et nos mères qui ne savaient que nous dire!!), les titres de vieux films que nous avons pareillement adorés, les nationalités d’amis africains que nous avons pareillement hébergés.
Bien, l’heure avance et je retourne chez moi préparer le souper. Au menu: petits pois bio reçus gratuitement en fin de marché dominical, via ma copine russe (OK: belgo-moscovite). Yeah, le plaisir d’écosser des petits pois frais!
Voilà.
C’était lundi 9 août,
le jour le plus mort de la semaine la plus vide de l’été,
dans la petite capitale la plus zinneke d’Europe de l’Ouest.🤪

Marie Wiener (sur Facebook)

* “Une fourmi de dix-huit mètres
Avec un chapeau sur la tête
Ça n’existe pas, ça n’existe pas
Une fourmi traînant un char
Plein de pingouins et de canards
Ça n’existe pas, ça n’existe pas
Une fourmi parlant français
Parlant latin et javanais
Ça n’existe pas, ça n’existe pas
Et pourquoi… pourquoi pas”
(Robert Desnos)

1 Commentaire
  • Catherine Kestelyn
    Publié à 21:50h, 15 août

    Le “camion de 18 mètres de long vient du petit poème que voici:
    “Une fourmi de dix-huit mètres
    Avec un chapeau sur la tête
    Ça n’existe pas, ça n’existe pas
    Une fourmi traînant un char
    Plein de pingouins et de canards
    Ça n’existe pas, ça n’existe pas
    Une fourmi parlant français
    Parlant latin et javanais
    Ça n’existe pas, ça n’existe pas
    Et pourquoi… pourquoi pas”
    (Robert Desnos)

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