LE MAGASIN DE TANTE GABY par Claire Bodson

Moi, enceinte de Gaspard, dans le magasin de Tante Gaby à Ronzon. J’y ai ‘travaillé’ deux semaines par an pendant les vacances dès que j’ai su compter et dépasser le comptoir d’une tête. Un vrai magasin avec sa petite caisse enregistreuse à rouleau qu’on voit sur la photo et qui permettait de donner une souche aux clients. La balance à poids. Le comptoir en Formica blanc avec sa vitrine où étaient exposés diverses choses un peu plus précieuses comme des chaussettes en fil d’Ecosse, des boîtes de mouchoirs en coton vendus par trois pour dames ou pour messieurs (plus grands ceux-là). On vendait du tabac Roisin, de l’Ajja 17 bleu et rouge, du détachant Roboto, du genièvre Peterman (on en vendait beaucoup à Freddy, un ferrailleur du coin qui avait toujours les fesses qui sortaient du pantalon à l’arrière et qui me laissait souvent une dringuelle en billet de 20 francs), il y avait Laure, une vieille dame qui faisait des collectes pour réparer des églises, le curé du coin qui avait l’air gentil mais un peu bête.

Tous ces habitués, ou les gens de passage et plus tard les Hollandais qui ne savaient pas notre langue et qui nous montraient tout avec les doigts. On vendait tout dans des bouteilles en verre consignées et il y avait des casiers partout dans les réserves. Et Gaby qui portaient sur tout le monde un regard tendre et amusé. Toutes ces petites armoires, étagères, crochets et barres où nous suspendions les seaux, les paniers et les gros objets. Quels souvenirs de ce monde englouti. Je me souviens : il y avait toujours dans le tiroir où on mettait l’argent un paquet de nounours Joris qu’on distribuait aux petits enfants qui venaient au magasin. Mais moi je mangeais toujours les verts avant qu’ils soient pris.

Claire Bodson (sur la page Facebook)

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