LE MÉTRO 3 DANS LE VIDE par Gwenaël Breës

Quand ce sont des chercheurs, des associations ou des habitants qui mettent en cause les coûts faramineux du métro 3, on leur rit au nez. Mais quand c’est le principal bailleur de fonds qui met le projet sur pause pour cause de devis qui s’avèrent deux fois et demi supérieurs aux estimations originelles, ça fanfaronne moins au sein du gouvernement bruxellois. Lequel va désormais devoir se prononcer sur le fait de continuer ou non à creuser ce gouffre financier (et par la même occasion les sous-sols de Bruxelles… avec le succès qu’on connaît). Dans l’édition de L’Echo de ce matin, Beliris explique en effet qu’une note a été transmise ce lundi au gouvernement bruxellois comprenant quatre options possibles :
1 • continuer le programme ;
2 • suspendre le programme le temps d’analyser plus en profondeur les offres ;
3 • repenser le programme avec une autre ligne directrice ;
4 • arrêter le programme.
1, 2, 3, 4… Mais quelle option va donc retenir l’équipe régionale menée par le très impartial bourgmestre d’Evere Rudi Vervoort ? Les paris sont ouverts !
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C’est le festival du n’importe quoi dans les médias bruxellois depuis que la réalisation de la ligne 3 du métro apparaît comme étant de plus en plus irréaliste et dangereuse pour les finances de Bruxelles. Aujourd’hui, après avoir largement relayé un communiqué pro-métro basé sur la science du doigt mouillé et signé du GUTIB, une association qui prétend représenter “les usagers des transports en commun” alors que ses membres tiendraient dans la cabine d’un conducteur de tram, les médias ont donné la parole au ministre-président bruxellois qui s’est répandu en inepties malheureusement pas relevées par les journalistes.

Sentant le métro 3 se dérober sous ses pieds à force de très prévisibles “imprévus” techniques et financiers, Rudi Vervoort ne sait manifestement plus à quelle portefeuille se vouer pour s’accrocher à son vieux rêve. Implorant l’Etat fédéral de combler les milliards manquants pour faire arriver le métro dans sa chère commune d’Evere, il n’hésite pas à évoquer un “projet structurant pour notre pays” puisqu’il va offrir “une liaison entre la gare du Midi et l’aéroport”… ce qui est à tout le moins une vue de l’esprit puisque le métro 3, s’il se réalise un jour, s’arrêtera à quelques 6,5 kilomètres de Zaventem (et ne parlons pas des navettes ferroviaires qui relient déjà, plusieurs fois par heure, ces deux points).

Face aux différents scénarios évoqués par Beliris (bailleur de fonds de plus en plus réticent face à l’explosion des coûts du projet), dont l’option de mettre fin purement et simplement au projet ou celle de réduire le nombre de nouvelles stations sur la ligne du métro 3, Vervoort insiste : “Que le métro se fasse, il se fera. Ça, c’est ma conviction. Sous quelle forme, quoi et comment, ça, c’est un autre débat“. En résumé : quels que soient les délais, les conséquences pour les finances bruxelloises, les nuisances et les dégâts occasionnés, le nombre de stations réalisées au final, et le résultat pour les usagers des transports en commun, en fait, peu importe… l’important c’est de faire un métro. Et qu’il s’arrête à Evere. Un tel esprit visionnaire ne peut que forcer le respect.

Gwenaël Breës

(Photo Janbaars60)

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