L’ÉMOTION FABIAN par toi, nous, vous et elleux.

Je rassemble en libre lecture dans cette chronique une sélection de vos interventions sur les réseaux sociaux. Vous avez bien sûr été très nombreuses et nombreux à parler cette semaine du meurtre du petit Fabian (11 ans), tué par une voiture de police à Ganshoren (Bruxelles).
Mais vous avez parlé aussi d’une prof suspendue pour une minute de silence pour les victimes Gaza, de l’émission “Le Monde est un Village” menacée de disparition, de la place de la Palestine dans la restructuration de la gauche française et de l’impérative nécessité de développer la culture pour “faire société”. (C.S.)

NOTRE SOLIDARITÉ ET NOTRE PROFONDE TRISTESSE intervention de Soleyman Laqdim, Délégué Général aux Droits de l’Enfant, au Parc Élisabeth (sur Facebook)

C’est avec beaucoup d’émotion, de tristesse et de colère que j’ai pris la parole ce jour pour rendre hommage à Fabian. Cet hommage me laisse, à vrai dire, un goût amer tant la douleur que j’éprouve est intense. En toute sincérité — et peut-être de manière un peu lâche — j’aurais aimé ne jamais avoir à rédiger ce petit texte, même si j’en mesure pleinement l’importance pour les proches de Fabian, pour toutes les personnes qui ont eu la chance de le côtoyer et, de manière générale, pour les droits de l’enfant.
Sa bonté, son sourire délicat, son extrême gentillesse ont marqué chaque personne qui croisait sa route… Un véritable rayon de soleil permanent, qui apportait une joie de vivre au quotidien à ses parents, sa famille, ses camarades. Fabian est parti beaucoup trop tôt, et c’est une tragédie. Mais ce départ est particulièrement dur pour tous ceux qui ont eu la chance de partager un peu — ou beaucoup — avec lui.
Je tiens à nouveau à exprimer, au nom de l’institution du Délégué général aux droits de l’enfant, notre profonde tristesse et notre solidarité envers ses parents, ses proches, ses amis, ses enseignants et ses camarades de classe. La douleur qu’ils ressentent aujourd’hui est incommensurable, et aucun mot ne saurait l’apaiser. Et mon homologue flamande, Caroline Vrijens, la kinderrechtencommissaris, et son équipe s’associent aussi à notre démarche.
Je sais que l’heure est au recueillement, mais je suis abasourdi par le silence de nos décideurs politiques. Ce silence dit beaucoup de choses : il déshumanise Fabian, renvoie implicitement à une responsabilité individuelle, et ne reconnaît pas le problème structurel que nous avons à Bruxelles dans la relation entre les jeunes et la police.
Le déni de la réalité n’est pas une option. Sans reconnaissance du problème, on ne peut pas agir dessus. Et je dis à nos décideurs politiques que nous attendons que toute la lumière soit faite, dans la transparence et avec le sérieux que cette affaire exige.
Repose en paix, Fabian.

Solayman Laqdim
Délégué général aux droits de l’enfant

JUSTICE POUR FABIAN (11 ANS) par Maco Meo (sur Facebook)

Dans un monde normal, le meurtre d’un enfant de 11 ans unit un peuple. Dans l’indignation, la tristesse et la colère. Et dans l’exigence d’un monde plus juste. Comme ce fut le cas il y a près de 30 ans où nous étions quasi 500.000 dans les rues de la capitale. Mais nous vivons dans un monde qui marche sur la tête.
Un monde obscène où les gens s’adonnent au lynchage de la victime et de ses parents endeuillés.
Justice pour Fabian, 11 ans, tué par la police!
Justice pour toutes les autres victimes de violences policières. Et pour leurs proches qui luttent pour obtenir la vérité.

UN “ACCIDENT” ? Jean-Claude Englebert-Cahen (sur Facebook)

Faire face à ce regard franc aujourd’hui éteint est une abomination. Mais ne pas le regarder, ce serait être complice. Poursuivre en voiture quelqu’un qui roule à trottinette, un enfant en particulier, et l’écraser, je ne vois pas en quoi ce serait un accident, au sens d’événement fortuit et regrettable. Et ce n’est pas une première…

JE ME SENS FABIAN André Petithan (sur Facebook)

Années 60. Enfant, je jouais souvent dans des parcs à Saint-Josse-ten-Noode. Pas toujours en suivant les règles. Ces erreurs, ces transgressions m’ont en partie formé grâce à la bienveillance des adultes dont les agents de quartier.
Aujourd’hui, un enfant de 12 ans joue dans un parc. Avec un jeu interdit. Condamnation à mort immédiate.
Demain, mes petites-filles joueront peut-être dans un parc…
Je n’ai jamais été Charlie… mais je me sens Fabian…

MINORITAIRES MAIS TRÈS INQUIÉTANTS par Felipe Van Keirsbilck :

La mort de l’empathie humaine est une étape décisive dans la victoire du fascisme” (H Arendt).
Les dégueulis de haine sur Fabian et les chants à la gloire de la police quand elle tue un enfant sont minoritaires, mêmes s’ils sont bruyants. Ils sont surtout très inquiétants. Dans quel monde vit-on si les malades qui se réjouissent du X ème “parechoquage” d’un gamin par la police n’ont même plus honte de l’écrire ? …

LA DÉCENCE par Delphine Verstraelen (sur Facebook)

Quand un enfant (11 ans putain !) meurt au terme d’une course poursuite par la police dont la mission première est de le protéger … ,
La décence n’est évidemment pas de chercher à justifier !
La décence, c’est de s’indigner !
La décence, c’est de se rassembler !
La décence, c’est de faire société !
La décence, c’est d’exiger la clarté, la transparence, la vérité !
La décence, c’est de veiller au maintien de ce qu’il reste de notre démocratie !
Ce qui maintient une démocratie, ce n’est pas l’ordre à tout prix, la répression, la domination, la soumission.
Ce n’est pas non plus la division, la banalisation de la haine, l’utilisation de la peur.
Ce qui maintient une démocratie, c’est la Justice !
Exigeons que justice soit rendue et n’oublions pas que « celui qui laisse commettre une injustice ouvre la voie à la suivante ». En hommage à Fabian et en hommage à toutes les trop nombreuses autres victimes de violences policières, soyons nombreux ce jeudi 5 juin à 17h devant le Palais de Justice de Liège !
Delphine, pour L’Odyssée du Monde. ASBL

UN ÉCHEC COLLECTIF par Abel Carlier

“Quoi de neuf Abel” me demande l’algorithme FB? – “Le pire “Algo”, le pire. Le pire à Gaza, le pire en Ukraine, le pire en méditerranée, le pire à la frontière USA/Mexique, le pire au Soudan, en Somalie, au Yemen, en Ethiopie et le pire aussi dans un petit parc d’une petite ville d’un petit pays dont plus de la moitié de la population souhaiterait un pouvoir fort sans contre pouvoir… ”
Je suis tellement triste et en colère Fabian, pour toi, pour Mawda, pour tant d’autres MORTS ici ou ailleurs, victimes de violences des personnes investies de pouvoirs, de l’autorité sensée protéger et servir. Victimes de l’emploi inapproprié de la force. Quel échec collectif. Comment encore faire confiance?

IL JOUAIT PÉNARD par Mehdi Kassou (sur Facebook)

Il jouait peinard sur sa trottinette électrifiée,
Dans un parc que les grands ont sûrement oublié.
Onze bougies, bientôt douze, des rêves plein le crâne,
Avec le monde des grands qui attendait que son enfance fane.
Y’a pas eu de gyro, Pas eu de sirène, Juste un gros moteur, Une ligne bleue sur le capot.
Un choc, un bond, Et ils le traînent, Du sang même, Un dernier sanglot.
Il reste sa mère qui serre un doudou, Et l’herbe qui pleure en silence, Accueille une foule, à bout.
Petit Fabian fauché par des bleus,
C’est pas Dieu qu’est fautif, C’est nous les hommes, les vieux, D’avoir poursuivi un enfant craintif,
Et de l’avoir envoyé vers les cieux.

ÉQUILIBRISME : LES QUESTIONS QUI TUENT par Gwen Breës (sur Facebook)

Pourquoi un enfant de 11 ans circulait-il sur une trottinette électrique, alors que la loi l’interdit aux moins de 16 ans ? À Bruxelles, bien des gens se posent manifestement cette question. Et parmi eux, des élu·es pris·es en flagrant délit d’exercice d’équilibrisme lorsqu’ils et elles parviennent à adresser, dans la même phrase, leurs pensées émues à la famille de l’enfant ET au policier qui l’a percuté mortellement avec sa voiture.
Dans cet art de l’équidistance, toutes les douleurs se valent. Ici, l’enfant à trottinette est mort mais le policier au volant est sans doute traumatisé : compatissons à parts égales. Et si l’on admet à demi-mot que le policier aurait mieux fait de ne pas courser l’enfant sur la pelouse d’un parc, on rappelle surtout que ce dernier n’avait pas le droit de rouler en trottinette. Un point partout. On peut passer à autre chose. C’est magique.
Cette tendance est bien dans l’air du temps. D’ailleurs, je voudrais pas en rajouter, mais entre nous, tous ces gens qui ont beau être belges mais dont l’origine immigrée se lit sur le visage… qu’est-ce qu’ils faisaient en pleine rue un dimanche après-midi à Molenbeek, alors que tout le monde savait qu’il y avait match ce soir-là ? Il fallait bien que les supporters brugeois passent quelque part pour rejoindre le stade, quand même… Et ces millions de Palestiniens qui jouent aux martyres dans les rues ou les hôpitaux de Gaza : ils sont pas au courant que c’est la guerre, ou quoi ? On leur a pas dit que les terroristes se cachent parmi les civils ? Au fond, est-ce que toutes ces victimes ne l’auraient pas un peu cherché ?

DEUX ENFANTS TUÉS PAR DES ADULTES par Cataline Sénéchal (sur Facebook)

En l’espace d’une dizaine de jours, l’humanité a pris connaissance de la mort de deux enfants du même âge, 11 ans, tués par des adultes “dans l’exercice de leur fonction”,
Fabian X, le 2 juin, dans un parc de ma ville et Yageen Hammad, sous les bombes à Gaza, le 23 mai.
Yageen, je la suivais régulièrement sur Instagram, cette môme qui chroniquait l’horreur de la guerre…
Le 23 mai, son visage est apparu quelques jours dans la presse et les réseaux sociaux, et a disparu. A côté de l’émoi d’une partie de la population, les adultes “rigoureux et responsables” d’ici ont critiqué des parents de là-bas, car ils n’avaient pas fuit pour protéger leur enfants. Bêtise ou mauvaise fois?
Fabian, lui, ne grandissait pas dans une ville en guerre. Poursuivi, puis écrasé par un policier en SUV, sur la pelouse, juste parce qu’il voulait retrouver son grand frère sur la trottinette qu’il avait empruntée. Un gamin de 11 ans, ça cherche encore l’aide de son grand frère.
Comme beaucoup d’adultes de ma génération, tout juste sortie de l’adolescence en 1996 lors de la marche blanche, j’ai grandi dans l’espoir qu’on protégerait davantage les enfants de la mort. Qu’on ne jugerait pas les parents qui laissent jouer leurs enfants dehors, mais qu’on condamnerait les bourreaux et le laisser-flemme de ceux qui n’avaient pas assez bien cherché. En Belgique, en 2025, une partie de la population maintient que les enfants victimes d’adultes sont quand même un peu responsables, un peu coupables. En Belgique, en 2018, la police a pu tirer sur une camionnette alors qu’elle savait pertinemment qu’il y a avait des enfants dedans.
Pour une liste non exhaustive des personnes victimes de violences policières : https://obspol.be/les-victimes/

LA BÊTISE ET L’IRRESPONSABILITÉ par Philippe Marczewski (sur Facebook)

Je n’ai pas regardé l’émission QR l’actu sur la RTBF hier soir, parce que je me doutais que je n’en tirerais, dans le meilleur cas, que du dégoût. Ce que j’en lis, ce que j’en entends ce matin, est encore pire que ce que je craignais.
Quand un enfant de 11 ans meurt, dans un parc, sous le pare-choc d’une voiture de police parce qu’il n’a pas l’âge légal pour rouler sur une trottinette électrique, dans une métropole où il y a chaque semaine des fusillades liées au grand banditisme et au trafic de drogue, titrer l’émission “Police: coupable ou victime ?” relève du mépris, de l’insulte et de la manipulation. Quand la question qui est posée au public est “Pensez-vous que l’intervention de la police contre le jeune Fabian était proportionnée ?”, on entre de plain pied dans la bêtise et l’irresponsabilité.

Les gens qui, éditorialement, prennent la responsabilité d’un tel traitement de l’information devraient être pétrifiés de honte. Le fait qu’il existe dans la population une proportion d’ordures pour lâcher sur les réseaux sociaux des commentaires haineux envers l’enfant ou ses parents sur le thème “il l’a bien cherché”, ce n’est, malheureusement, pas une surprise. Mais que la RTBF choisisse de valider, par ses formulations, l’idée que la poursuite mortelle en voiture d’un enfant en trottinette à travers un parc public soit “une réponse proportionnée”, ça, c’est vraiment de l’ordre de la faute professionnelle. Sous couvert de “créer du débat”, on ne fait que faire mousser ce qu’il y a de plus dégueulasse dans la société.
Quelle bouillasse intellectuelle pourrait vraiment, sincèrement, honnêtement justifier que la notion de proportionnalité existe encore, même sous forme théorique, dans une telle situation ? Que cette notion puisse seulement faire l’objet d’un débat, ou que ce soit une question d’opinion publique ?

Il y a quelques années, le présentateur de cette émission n’avait pas apprécié que je l’appelle “la voix de son maître”. Dans une correspondance privée (que je ne reproduirai pas, en respect de sa légitime injonction de l’époque, mais dont je peux au moins donner un élément), il m’avait accusé d’avoir “fait pleurer un enfant”. C’est un argument face auquel je suis assez faible, ayant été élevé avec des principes d’empathie rigoureux. Je lui avais donc, sans rien retirer du fond, exprimé mes regrets pour cela (on devrait toujours être malheureux de provoquer la peine d’un enfant).
Je me demande si, au lendemain de la mort atroce d’un gamin pour des raisons en tout point indéfendables, prendre la responsabilité d’une telle émission ne justifierait pas, ne serait-ce que sur le plan de l’empathie, un peu plus que des excuses. Et si les personnes qui ont préparé, édité, animé, diffusé cette émission ne devraient pas se poser de douloureuses questions sur la façon dont ils utilisent le service public.

NDLR : Philippe est écrivain et si vous aimez Liège, le jazz et la nuit, je vous conseille vivement la lecture de “Blues pour trois tombes et un fantôme”, son premier livre (les autres sont probablement très bien aussi, mais je ne les ai pas lus ;-). Vous pouvez aussi retrouver régulièrement ses chroniques dans le bimestriel “Imagine Demain Le Monde” (C.S.)

TÉLÉ-POUBELLE par Shirley Hicter (sur Facebook)

Faut vraiment avoir perdu toute décence pour balancer un sondage sur la « proportionnalité » d’une intervention policière qui a tué un gosse de 11 ans… et venir ensuite expliquer que la seule bonne réponse, c’était « je ne sais pas ».
Sacha Daout ne fait pas du journalisme, il fait de la télé-poubelle version RTBF.
Du buzz crasseux à la C8, sur le dos d’un enfant mort. Quand on transforme une bavure tragique en quiz interactif pour animer la soirée, c’est plus de l’info, c’est du mépris. Pas étonnant qu’on perde confiance dans les médias, quand ceux qui devraient nous éclairer préfèrent brasser du vide et flatter le cynisme.

ENVIE DE VOMIR par Bernard De Vos Dumont (sur Facebook)

Suis dans le train. J’ai du temps. J’ai reçu des messages et des commentaires. A propos des commentaires justement. Sous les articles des journaux. Me suis fait mon petit fast checking.
Ceux à propos des parents irresponsables donnent des hauts le cœur.
Je ne sais pas quoi penser de ceux qui évoquent les dangers de la trottinette à Bruxelles.
Mais l’envie de vomir prédomine

JE SUIS UN PETIT PETIT-FILS DE POLICIER BRUXELLOIS par Manuel Abramowicz (sur Facebook)

La mort de Fabian, 11 ans, percuté lundi par une voiture de police partie à sa poursuite, n’est hélas que la suite criminelle d’un mauvais film policier.
Le nombre de jeunes, racisés, tués par des policiers, est en effet énorme à Bruxelles. Cela n’est plus une anecdote, cela est devenu structurel. L’impunité des auteurs de ces morts est systématique.
C’est la raison pour laquelle, depuis le milieu des années 1980, je me suis engagé contre cette violence de société. Avec le Mouvement contre le racisme, l’antisémitisme et la xénophobie, le MRAX, Écoles sans Racisme avec Hamel Puissant, le journal Planète Couleurs avec feu Serge Noël , le Syndicat Etudiants FGTB avec Christopher Boon, Jorge Roz Y Ord,Valérie Piettre, Desi Gonzalez, Erik Demeester… l’association des Jeunes de Molenbeek, l’AJM, avec déjà Jamal Ikazban

Mon lien avec la police est aussi fait par une FILIATION FAMILIALE .
Effectivement, le père de mon grand-père maternel, Édouard Iven, un ket du Bruxelles flamand, était jadis policier 👮🏼 Après une bagarre dans un café où il se trouvait en dehors de son service, il a été licencié sur le champ.
Mon grand-père, alors jeune adolescent, était doué à l’école. Le licenciement de son paternel, l’a obligé d’arrêter ses études pour aller travailler comme ouvrier garagiste.
Son père n’a plus jamais retrouvé de boulot. Il est juste devenu le mari de la concierge d’un immeuble bourgeois du boulevard Général Jacques, près de l’Université Libre de Bruxelles, où ma grand-mère était la femme de ménage de propriétaires. Ma mère, se souvient d’un grand-père totalement silencieux, qui lisait toujours son journal LE SOIR et qui restera déprimé jusqu’à son décès.
Aujourd’hui, un policier qui tue, il garde son job et sa famille poursuit sa montée dans l’ascenseur social.

LE MONDE EST UN VILLAGE EN DANGER par Patrick Printz (sur Facebook)

Le Monde est un Village en danger ! 🎶
La RTBF prévoit de réduire drastiquement l’émission dès l’automne 2025 : adieu la diffusion quotidienne, place à quelques heures le week-end. Et surtout : fin des partenariats essentiels avec les acteurs du secteur musical.
Depuis 25 ans, cette émission fait vivre une diversité musicale rare, soutient des artistes, organise des concerts, crée des ponts culturels… C’est tout un écosystème qui est menacé.

MASSACRES, SILENCE ET EMPATHIE par Francois Fièvre (sur Facebook)

Je ne m’exprime pas beaucoup sur l’actualité, mais la chose est suffisamment atterrante pour qu’on puisse s’en émouvoir – certes comme beaucoup d’autres choses aujourd’hui, et notamment les horreurs commises à Gaza.
Une collègue dans l’Yonne, à Sens, a organisé une minute de silence en hommage aux victimes palestiniennes. L’événement s’est passé fin mars. Elle a été depuis suspendue de manière conservatoire pour 4 mois, au prétexte du non-respect de la neutralité demandée à tout fonctionnaire de l’État, et parce que les minutes de silence seraient réservées aux hommages décidés de manière nationale.
Je pourrais arriver à comprendre (sans les accepter tout à fait) ces arguments, si cette minute de silence avait été organisée à l’instigation de l’enseignante, dans le but de faire passer un message aux élèves de manière “militante”, comme on dit, c’est-à-dire par prosélytisme, alors même que, en effet, il s’agit d’une prof de physique-chimie et non d’HGGSP, et qu’il est peu probable que le sujet soit venu sur le tapis au cours de l’examen d’une question du programme.
Or.
Or, il s’avère que c’est à la demande des élèves qu’une telle minute de silence a été organisée. Et que, comble du tact, elle a été organisée lors de la récré, de manière à ce que ceux parmi les élèves qui ne voudraient pas s’y associer, puissent ne pas le faire. Ce qui fait qu’à aucun moment les élèves n’ont été “pris en otage” par une professeure qui aurait décidé de manière unilatérale de leur faire passer un message. On imagine bien que cette minute de silence a dû être précédée d’une longue discussion avec les élèves, et que la décision de la collègue n’a pas été prise à la légère.
Or, le devoir de neutralité implique une interdiction pour tout agent de l’État de “manifester ses convictions qu’elles soient religieuses, philosophiques ou politiques, à l’égard des usagers et de ses collègues” (source : service-public.fr). Je n’étais pas dans la salle avec cette professeure ce jour-là, et je ne sais pas ce qu’elle leur a dit. Mais je me pose la question : est-ce “manifester une conviction politique” que de manifester un élan de compassion pour des victimes d’un conflit meurtrier ?
Est-ce que l’Éducation nationale, par volonté d’une “neutralité” que l’on pourrait assez facilement considérer comme le faux-semblant d’une couardise bureaucratique tendant à nier les principes les plus élémentaires de l’humanité, tend à considérer que manifester son empathie à l’égard de civils innocents serait de l’ordre d’un militantisme politique à proscrire ?
“L’empathie est politique”, paraît-il, d’après Samah Karaki. Peut-on prétendre vouloir donner des cours d’empathie aux élèves, les initier au respect et aux valeurs de la paix et de l’humanisme, et en manquer en tant qu’enseignant quand des élèves nous demandent d’en faire preuve ? Si faire preuve d’empathie, c’est manquer au devoir de neutralité d’un fonctionnaire, je plaide coupable : je manque à mon devoir de manière quotidienne dans le collège où j’enseigne.

LE GUIDE DE SURVIE D’UNE SOCIÉTÉ SANS CULTURE par Sarah Carlini (sur Facebook)

Ou comment mourir lentement sans s’en rendre compte.

Tu ne vas jamais au théâtre ? Tu penses que les artistes sont des rêveurs inutiles ? Que la culture, c’est un hobby pour des personnes en birkenstock qui boivent du vin bio entre deux expos de photos floues ? Super. Assieds-toi. On va t’expliquer pourquoi tu devrais flipper.

Parce qu’en ce moment, on est en train d’éteindre les lumières. Lentement, méthodiquement. Une coupe de budget ici, une fermeture de lieu là, et une ministre qui inaugure des campings. Et pendant ce temps, les artistes crèvent. Pas au figuré. Littéralement.
Un spectacle, ce n’est pas juste « une soirée sympa ». C’est un miroir. Un électrochoc. Un cri. Un endroit où des gens vivants viennent dire des choses vivantes à d’autres gens encore un peu vivants. Ça aide à rester humain. Et quand tu supprimes ça, tu ne supprimes pas juste un poste de dépense. Tu supprimes ce qui nous empêche de devenir complètement bêtes et résignés.

Les artistes ? Ce ne sont pas des feignants. Ce sont des ouvriers du sensible. Ils écrivent, montent, répètent, démontent, transportent, s’autoproduisent, s’endettent, bossent gratos, et serrent les dents. Leur vie, c’est souvent 90 % de galères et 10 % de lumière ( quand ça marche). Et aujourd’hui, même ce 10 %, on le leur arrache.
Les subventions ? En chute libre. L’éducation artistique ? Massacrée. Les aides à la création ? Condamnées. Résultat : seuls survivent ceux qui font rêver les élus, les grosses machines, les visages connus. Têtes d’affiche, formules rentables, zéro risque. Le reste ? Rayé. Tais-toi et crève en silence.
Créer un spectacle à quatre personnes ? Un luxe. Un truc de riches. Trop cher à faire tourner. Trop de frais. Aujourd’hui, si tu veux être programmé, il faut être solo, fun, pas trop politique, avec une jauge modulable, une scénographie qui tient dans un sac à dos, zéro technique, zéro risque, zéro exigence.

Et surtout, il faut tout faire tout.e seul.e . Être à la fois comédien.e, musicien.e, technicien.e son, régisseuse lumière, diffuseuse, réparatrice de décor, conductrice de camion, cuisinier.e, hôtesse d’accueil, etc… Et sourire, bien sûr. Parce que dans le milieu, on appelle ça “être autonome”.
Autonome ? Non. Auto-exploité, rincé, isolé. Bienvenue dans le spectacle vivant nouvelle génération : du théâtre low-cost livré sans équipe, sans moyens, sans marge d’erreur.

Un spectacle vivant où plus personne ne peut rêver collectif, où même jouer à quatre devient un fantasme de privilégiés, un luxe pour compagnies subventionnées ou pour ceux qui ont un nom qui claque.
Les compagnies « hors clou » ? Celles qui expérimentent, qui dérangent, qui ne rentrent dans aucune case ? Elles n’ont même plus les moyens de se planter. Pas de subvention, pas de production. Pas de production, pas de diffusion. Pas de diffusion, pas d’existence. Fin de l’histoire.

Et pendant ce temps, toi, public (ou ex-public), tu te retrouves avec une offre culturelle sous perfusion, aseptisée, calibrée pour ne déranger personne. T’as Netflix, c’est vrai. Mais un jour, tu te réveilleras dans une ville où il ne se passe plus rien. Rien qui ne sorte de ton algorithme. Et tu te diras peut-être : « Tiens, c’est devenu triste ici. » Trop tard.
Et en ruralité ? C’est déjà terminé. Les petites communes ne peuvent plus accueillir des spectacles exigeants. Alors elles se rabattent sur ce qu’on appelle poliment des « formes légères ». En vrai : du réchauffé, sans équipe, sans moyens, sans densité. L’art, oui. Mais à petit feu. Sous vide.

Le milieu devient violent. Pas dans les cris. Dans le silence. La concurrence est féroce, les places sont chères, les artistes s’épuisent pour un cachet qui ne couvre même pas leurs frais. Les programmateurs ne peuvent plus rien risquer. Et tout le monde fait semblant que ça va. Mais ça ne va pas.
La société elle-même devient pauvre. Pas seulement économiquement. Pauvre d’idées. Pauvre de débats. Pauvre d’horizons. On ne produit plus de complexité, on recycle du consensus. Et comme tout le monde trouve ça « normal », on laisse faire. Mais n’est pas normal !

On ne coupe pas dans la culture sans être conscient de la dangerosité que cela représente. On ne traite pas les artistes comme des parasites. On ne laisse pas mourir ce qui donne forme à l’humain, ce qui crée du commun, ce qui permet de penser autrement. Et surtout : on n’accepte pas de vivre dans une société qui ne rêve plus grand. Parce que quand on tue les artistes, on tue les visions. On tue la liberté. On tue l’audace.
Et à la fin, on meurt. Pas d’un coup. Mais doucement, proprement. Sans douleur apparente. En continuant de bosser, de consommer, de voter, d’attendre. Et de s’ennuyer à mourir.

NOUVEAU FRONT POPULAIRE ET PALESTINE : JE M’EN SOUVIENDRAI par Éric Degenne (sur Facebook)

Je reviens sur un épisode oublié de ces derniers 19 mois quand Mathilde Panot et Rima Hassan avaient été convoquées au commissariat pour être entendue pour apologie du terrorisme.
Je n’ai pas souvenir que le 30 avril 2024 nos députées aient reçu beaucoup de soutien des partenaires de feu la NUPES à ce moment là. La solidarité de ces partenaires de gauche étaient quasi en berne à l’époque aussi bien pour le peuple palestinien, que pour leurs collègues insoumises. On peut comprendre le silence de nos partenaires, ils se réjouissaient sur tout ce qui pouvait nuire à la campagne de la France Insoumise pour les élections européennes était bon à prendre pour Faure, Roussel et Tondelier.

Ce qui était reproché à Mathilde Panot, c’était qu’en tant que chef de groupe de la France Insoumise à l’assemblée nationale, elle avait signé un communiqué du groupe parlementaire jugé pro-Hamas par des organisations sionistes qui avaient porté plainte contre les insoumises. Rima Hassan avait accordé une interview à un magazine, interview dont des extraits avaient été sortis et tronqués pour faire dire à Rima Hassan le contraire ce qu’elle avait répondu au “journaliste”.
Aucune solidarité, de la part de nos partenaires de gauche du NFP, mis à part celle du NPA qui a toujours pris la défense de la France Insoumise lorsqu’elle était attaquée injustement. C’est le supposé soutien au Hamas et le supposé antisémitisme de la FI qui a servit de prétexte à l’aile du PS, anti LFI de Guedj à Hollande pour faire voler en éclat les accords déjà bien fragiles du NFP. Faure qui menait la barque de l’unité tant bien que mal faisait tout pour satisfaire cette branche très à droite du PS afin de se maintenir à la tête du PS entant que premier secrétaire. Quand aujourd’hui les fins stratèges de feu NFP se mettent à retourner leur veste sur la Palestine, en révisant l’historique de leur positionnement depuis le 7 octobre, ça se voit .

Pour justifier l’indéfendable et détourner l’attention, ils continuent d’accuser la France Insoumise de tous les maux avec des médias bien complaisants qui font un complément d’enquête à charge sur la France Insoumise et Mélenchon et d’un brûlot sur le fonctionnement de la “secte” insoumise et de son gourou. Tout les moyens sont utilisés pour nous discréditer, même les plus dégueulasses. Ils sont prêts à tout pour maintenir le système en place en concentrant les attaques sur Mélenchon, en ménageant Bayrou sur Bétharram, en trahissant une fois de plus avec le refus de voter la censure à quatre reprises, en laissant les fachos Retailleau et Darmanin en liberté. Laissant le champ libre à l’extrême-droite.

Je rappelle cela pour qu’on n’oublie pas leur lâcheté, leur couardise, il y avait la gauche qui travaillait et la gauche qui brillait selon eux, moi je crois qu’il y a la gauche qui trahit ses idéaux et ses électeurs et la Gauche qui s’oppose et qui ne renie pas le programme pour lequel elle a été élue. Tout cela rend bien inacceptable, leur positionnement récent sur la Palestine Et ces deux gauches sont bien irréconciliables En tout cas moi je m’en souviendrai.

 

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