LES JEUNES RÊVENT-ILS D’ÊTRE « PENSIONNÉS » ? par Bernadette Schaeck

Être « pensionné à l’aide sociale », est-ce vraiment le rêve des jeunes ? Un brin d’histoire…
Le PIIS (projet individualisé d’intégration sociale) a été imposé aux jeunes de moins de 25 ans à partir de 1993.
Par une loi qui porte le doux nom de « Loi contenant un programme d’urgence pour une société plus solidaire ».
L’exposé des motifs de la loi (… toujours intéressant à lire, les exposés des motifs !) était déjà très dans l’air du temps de ce qu’on appelle « l’État social actif ».
La brochure « Programme d’urgence pour une société plus solidaire », éditée à l’époque par la Ministre de l’intégration sociale, le confirmait nettement.
Extraits de l’exposé des motifs : « Le minimex octroyé aux jeunes de moins de 25 ans risque d’être moins un outil d’insertion, d’intégration, qu’un élément déterminant d’une exclusion prolongée s’il n’est pas assorti d’une définition adéquate des conditions et modalités d’octroi visant à mettre en œuvre des outils positifs d’insertion. »
Ou encore : « Il faut éviter qu’un nombre important de jeunes s’installent dans le circuit de l’aide sociale. »

Extraits de la brochure :
« Le deuxième mot-clef [le premier étant l’urgence, le troisième l’autonomie] est « responsabilité ». En effet, pour combattre l’exclusion, les moyens financiers ne suffisent pas. La clé du succès est la mobilisation de tous les acteurs concernés : les pouvoirs locaux, les CPAS, les travailleurs sociaux et surtout les « exclus » eux-mêmes. » [Soulignons le mot « surtout »]
« L’idée-clef est de briser le cercle vicieux de la marginalisation, qui s’installe lorsque le minimex, accordé sans suivi et sans soutien, finit par encourager les plus jeunes à s’installer définitivement dans le circuit de l’aide sociale ». [Soulignons le mot « définitivement »].
« En aucun cas, cela ne signifie minimiser l’importance des pouvoirs publics, et du politique en particulier, dont le rôle d’impulsion est irremplaçable. Par contre, cela signifie le refus du paternalisme et du « tout à l’État », qui portent en eux le risque de la dépendance et, en définitive, du mépris ».

Il avait aussi été question, dans des interviews, de l’évocation de jeunes qui risqueraient d’être « pensionnés à l’aide sociale ». Activation, responsabilisation individuelle, contractualisation (droit soumis à la signature d’un « contrat », le PIIS), culpabilisation, tout cela était déjà là et reviendrait en force dans la loi de 2002 concernant le droit à l’intégration sociale (qui a remplacé celle de 1974 instaurant le minimex).
En 1993, 9% des bénéficiaires du minimex étaient des jeunes de moins de 25 ans. Et on s’en offusquait en haut lieu ! En 2023, ils sont 33% !
Il faudra de toute évidence trouver autre chose que les PIIS pour lutter contre « l’exclusion » et la pauvreté des jeunes…

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Un·e assistant·e social·e (AS) n’est pas l’autre.
L’une : “Je suis désolée que vous ayez dû faire appel au service de l’aDAS, même si vous avez bien fait de le faire“.
L’autre : “Vous n’auriez jamais dû porter plainte à l’aDAS“.
Deux situations similaires, au même moment : des retards dus essentiellement à une surcharge de travail – dont le non-remplacement des A.S. malades.
Faire appel au service” ou “porter plainte” : deux compréhensions différentes des problèmes parfois très graves rencontrés par les usagers et usagères des CPAS.
L’air de rien, même si ça ne règle pas les problèmes, un mot d’excuses, d’explication, de gentillesse, ça fait quand même une différence.

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Obtenir un rendez-vous avec son AS: un privilège ? Elle a obtenu un rendez-vous le 9 février 2024.
Pour traiter son dossier d’aout à novembre 2023.
Trois rendez-vous ont été annulés : celui de septembre, celui d’octobre et celui de décembre
Le rendez-vous de février a été fixé par le call center, parce que dans ce CPAS bruxellois (un autre 😉), ce n’est pas l’AS qui gère son agenda, mais un service administratif. Sans tenir compte, forcément, de l’urgence éventuelle, puisque le service en question ne connait pas le dossier. Le rendez-vous de février sera-t-il aussi annulé ? Non !!!
J’espère que cette A.S. ne répondra pas, comme ci-dessus, que la dame concernée n’aurait jamais dû “déposer plainte” à l’aDAS… Bonne journée aux A.S. qui ont de l’empathie …!

Bernadette Schaeck, membre de l’Association de Défense des Allocataires Sociaux
Contact : http://www.adasasbl.be

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