Par Gwen Breës : L’HYPOCRISIE

Parmi les nombreuses choses dont la pandémie a été un révélateur et un accélérateur, l’hypocrisie n’est pas la moindre…
L’hypocrisie de faire des soignants des héros sans refinancer la santé publique.
L’hypocrisie d’édicter des règles qu’on sait inapplicables.
L’hypocrisie de les défendre sans les respecter.
L’hypocrisie de dire que tout le monde est égal face aux mesures.
L’hypocrisie de maintenir les écoles ouvertes pour le bien des enfants quand l’enseignement est malmené et que c’est surtout la capacité de travailler des parents qui importe.
L’hypocrisie de dire que les masques sont inutiles quand on n’en a pas et obligatoires quand on en a.
L’hypocrisie de feindre l’urgence quand on a parfaitement intégré qu’on se situe dans le temps long.
L’hypocrisie d’annoncer la fermeture de secteurs pour quelques semaines quand on sait qu’ils vont en prendre pour plusieurs mois.
L’hypocrisie de ne jamais assumer l’idéologie que sous-tendent ces décisions et de les faire passer pour des choix logiques et sanitaires.
L’hypocrisie de laisser des situations s’éterniser avec leur lot de faillites et de drames sociaux, en jouant la surprise “d’une crise où tout évolue”.
L’hypocrisie de saupoudrer des aides financières insuffisantes et de ne pas anticiper la crise économique qui s’annonce. L’hypocrisie, après 3 vagues de contaminations et 13 mois de confinements ciblés, de faire mine de découvrir que d’autres approches sont possibles.
L’hypocrisie de s’en rendre compte un beau matin en lisant dans le journal une “contribution salutaire” d’experts en maladies infectieuses ou en épidémiologie, quand le même propos est tenu depuis des mois par des chercheurs en sciences humaines et sociales ou par des représentants des secteurs mis à l’arrêt.
L’hypocrisie de ne pas avoir écouté, entendu, réfléchi, alors qu’on est aux affaires depuis le début de la crise et qu’on a largement sa part de responsabilités dans les choix politiques et dans la composition éminemment orientée des groupes d’experts.
L’hypocrisie d’en faire un nouveau cheval de bataille sans regarder le gâchis humain produit par tout ce temps perdu. L’hypocrisie, peut-être, de s’emballer pour une “nouvelle” idée sans la soumettre au débat public et de la laisser ainsi produire de nouvelles règles inapplicables, de nouvelles inégalités, de nouveaux drames sociaux…

Gwen Breës le 13 avril 2021

 

1 Commentaire
  • Sarah Hammo
    Publié à 09:33h, 14 avril

    Ce qui m’échappe, c’est que ça continue de fonctionner. C’est comme si l’hypocrisie crasse de nos politiciens était acceptable et que c’était assimilé par une grande partie de la population comme une espèce de “prix à payer”, de “mal nécessaire” pour conserver un semblant de paix sociale. Qu’est-ce donc que cette étrangeté? (Question rhétorique mais si d’aventure quelqu’un avait la réponse…)

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