MACRON CHOISIT SON NOUVEAU CLONE par Voske (expert en clowns)

Pour remplacer Elisabeth Borne, rincée par deux années de 49.3, et cramée par une « loi immigration » cornaquée par l’extrême-droite, Macron, en Jupiter-Narcisse, a choisi un premier ministre à son image : son propre clone (ou son propre clown ?) cravaté.
Gabriel Attal est ce jeune Mr Loyal (« loyal », comme dans « loyauté »), dont la principale qualité semble être une souplesse d’échine hors du commun, prête à se plier, dans la seconde, à toutes les injonctions paradoxales du cerveau présidentiel, pour aller porter la « bonne parole » d’Emmanuel sur tous les plateaux télés.
Écoutez quels qualificatifs accueillent aujourd’hui son arrivée à Matignon : « dépassement », « audace », « mouvement », « énergie ». On croirait entendre une pub pour la nouvelle Tesla. « Communiquant » : ou l’art de capter l’opinion en murmurant à l’oreille du néant.

Gabriel Attal est issu du courant « strauss-kahnien » du Parti Socialiste, ce qui, dans la promotion Sofitel, ne nous apprend pas grand-chose sur lui.
Mais illustre par contre très bien le marigot social-libéral qu’était devenu ce parti sous la direction de François Hollande – qui fut aussi, ne l’oublions pas, la couveuse et la rampe de lancement d’Emmanuel Macron.
À bien des égards, la nomination de Gabriel Attal s’apparente ainsi à la nomination de Manuel Valls par le Père François, à savoir, le choix, comme premier ministre, d’une personnalité portée par les sondages, prétendant dépasser les clivages gauche-droite, et prête néanmoins à incarner sans état d’âme la plus réactionnaire des politiques.
La popularité de Valls n’avait pourtant pas résisté plus de quelques mois à l’exercice effectif du pouvoir. En ira-t-il autrement pour Gabriel Attal ? Sans majorité, et totalement inféodé à son mentor, il n’a pas la moindre marge de manœuvre.

Sa nomination est bien d’abord un coup de « com » (« le plus jeune premier ministre de la Vème République »…), avec un doigt de transgression très macronienne (…« ouvertement homosexuel »).
De son bref passage à l’Éducation Nationale, on aura surtout retenu son agilité à pouvoir agiter, devant les naseaux poilus de l’opinion, les colifichets les plus réactionnaires (abaya, uniforme) pour tenter de masquer son incapacité à gérer l’essentiel (des milliers de classes sans professeurs, des milliers de postes supprimés dans l’enseignement public).
Et quand bien même Gabriel Attal se souviendrait un peu trop de ses origines socialdémocrates, ce dont je doute intensément, l’Élysée l’a fait chaperonner, dès le départ, par un chef de cabinet, Emmanuel Moulin, qui a préalablement servi Bruno Lemaire, Sarkozy, la Banque Mondiale et le Trésor. Pas vraiment le fils caché de Louise Michel et de Che Guevara.

A travers cette nomination, Macron espère peut-être aussi que son jeune premier ministre puisse, d’ici la présidentielle de 2027, s’imposer comme le candidat « naturel » des Macronistes – tout en donnant un peu de peps et de tonus à sa liste aux élections européennes de juin.

En attendant, revoilà les Français face à un jeune apparatchik cravaté qui viendra leur vanter les vertus de l’autorité et de l’austérité, sans avoir jamais connu autre chose que les salons dorés des hautes écoles, et les allées molletonnées de l’argent et du pouvoir.

Ce que soulignait ironiquement François Ruffin dans un « tweet » saluant sa nomination : «École Alsacienne, Sciences po Paris, Assemblée nationale, ministère de l’Éducation nationale, Matignon : la carrière de Gabriel Attal tient dans un rayon de 6 kilomètres. « Dépassement et audace », mais quand même pas trop loin de sa classe ».

Claude Semal, le 10 janvier 2023

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