MACRON VERSION ROUSSEAU

Nous ne voulons pas pas imposer l’injection aux personnes non vaccinées contre leur gré, les menacer de peines de prison ou leur infliger des amendes. Ce que nous voulons faire, c’est leur faire supporter (et seulement à eux) les conséquences de leur choix de ne pas se protéger et de ne pas protéger les autres. Cela signifie qu’ils ne seraient plus autorisés à pénétrer dans des lieux publics où ils pourraient se contaminer et contaminer les autres, menaçant ainsi de surcharger le système de santé. Ils seraient interdits dans les restaurants, cafés, salles de danse, cinémas, théâtres, salles de concert, clubs de sport et magasins (à l’exception des supermarchés). Les employeurs doivent également pouvoir demander un certificat de vaccination à leurs employés, afin de garantir la santé de la main-d’œuvre et la continuité de leurs activités.”
Voilà la version “rousseauiste” du désormais célèbre “J’ai très envie d’emmerder les non vaccinés” de Macron, à qui on peut reconnaître au moins le sens de la formule. Alors que le jeune et fringant Conner Rousseau, président de Vooruit, se sent obligé de faire une liste détaillée de tous ces “emmerdements”.
Admirons au passage cette belle publicité en faveur des supermarchés, au détriment des magasins de proximité. J’imagine très bien le Paki du coin exiger le passe vaccinal avant de m’autoriser à acheter mon paquet de chips ou une boîte pour le chat : “Vous n’avez pas votre pass ? Tant pis, allez donc au Colhaize, ma bonne dame!”

En avant, peu importe vers où!

Vooruit, pour rappel, est le nouveau nom du SP‧a, où le “a” de anders (autrement) indiquait déjà qu’on n’allait pas s’emmerder avec le socialisme d’avant. C’en était encore trop, il fallait gommer ce terme affreux qui rappelle encore à quelques-un·es les luttes pour le progrès social. Ringard tout ça ! Vooruit veut dire “en avant”, et peu importe vers où, mais on avance!
Ce Rousseau-là n’a aucun rapport avec le Jean-Jacques du “contrat social”, on le savait déjà. Il n’a pas hésité, récemment encore, à fustiger les camarades francophones qui hésitaient (pourtant bien timidement) à donner leur accord au licenciement du personnel soignant non vacciné, lui préférant une “suspension”.
Il y a un an, le même Conner Rousseau se faisait remarquer en proposant des sanctions, voire une interdiction d’avoir des enfants pour des parents souffrant d’addictions.
Son projet de “passe procréatif” ayant fait un grand plouf, il plaide désormais pour un passe vaccinal strict.
“Pas de bras, pas de chocolat” serait remplacé par “Pas de piqûre, pas de culture” (c’est sûrement comme ça qu’il compte ouvrir les esprits, développer l’esprit critique… bah, il reste la télé et les réseaux sociaux). Pas de café non plus, ni de salle de sport (“un esprit assoupi dans un corps assoupi” serait le nouveau slogan). Pas de boulot, sauf en télétravail pour celles et ceux qui le peuvent (bah, les autres appartiennent aux négligeables classes populaires…). A quand l’interdiction d’aller en forêt ou sur la plage ? Mouettes et chevreuils seraient tout à fait disposés à vérifier le QR-code et à s’interposer devant les récalcitrant·es.

Ni scientifique, ni éthique

Conner Rousseau plaide donc avec force pour “récompenser les méritant·e”» et “punir les égoïstes” en renforçant les conditions du CST, au moment même où de plus en plus de voix s’élèvent pour juger celui-ci, même dans sa forme actuelle, infondé sur le plan scientifique et douteux sur le plan éthique.
Et pour éviter toute tentation de renvoyer ces critiques à des cercles à la crédibilité chancelante, on peut même rappeler cet avis du GEMS, datant du mois d’août dernier: “‘Le CST devrait prioritairement être vu comme un outil de réduction des risques plutôt qu’une obligation cachée de se faire vacciner ou un pass donnant accès à des libertés’, écrivent Erika Vlieghe et ses confrères, avant d’insister sur l’importance d’éviter que s’instaure au sein de la population l’impression que le CST est utilisé ‘comme une stratégie pour séduire ou même manipuler les gens’. Les experts recommandent donc de ne l’utiliser que dans des contextes où il a une totale légitimité au niveau sanitaire. Ok donc pour les festivals ou les boîtes de nuit (….), voire les clubs de sport et certaines activités étudiantes festives, mais pas pour le reste“.
On le voit, on est loin de l’idéal rousseauiste.

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