NELE PAXINOU 1942 – 2022

Merci Nele, pour cette aventure insensée que tu as portée à bout de bras et que j’ai pu partager pleinement avec vous pendant quelques années, merci pour cette reprise folle des Farces, pour ces représentations dans tous les lieux et par tous les temps, merci pour Necrozotar et sa Ballade que j’ai eu la fierté de créer et de jouer avec vous, merci pour la fête, la rue, les montages et les démontages, les soirées interminables avec les spectateurs …
Merci pour les couleurs, la musique, la joie, la bière et le vin. Merci pour les merveilleux partenaires que tu m’as donnés et à qui je pense très fort, comme à David, ton fils, que j’ai vu grandir. Et à Marco. Merci d’avoir suivi et encouragé mon travail. Merci d’être venue voir L’Annonce un soir et de m’avoir dit après : «Pars ! Fais ce que tu as à faire ! ».
Je t’ai revue une dernière fois à la création de “La porteuse de souffle” qui t’avais manifestement ravie. Ton sublime et inoubliable sourire était là pour en témoigner. La relève est assurée pour deux générations ! Tu es si belle pour toujours. Je t’aime. Comme mes amis Baladins que j’embrasse.

Fred

(Frédéric Dussenne)

NELE

Tu es de nos familles et de nos vies depuis cet après-midi où tu posais ton camion-théâtre contre les murs du presbytère où maman habitait avant que nous nous la rejoignions en 93.
“Les Animaux malades de la Peste”, un choc, une révélation, un théâtre vivant et intelligent loin des scènes emmurées.
Tu es de ma famille de Thorembais dont mon grand-père Severin fut longtemps le mayeur.
L’endroit dont partie je suis, où, avec Nathalie, nous rendons visite chaque année à cette époque à Marguerite, à ses soeurs et ses frères, mes tantes et oncles, toutes personnes nées dans ce village que tu avais choisi et dont tu aimais ses habitants au-delà des coquetteries intellectualisantes de la culture.
Tu es de notre famille namuroise, car peu le savent ou s’en souviennent, à contrario de ceux qui s’en vantent, tu es avec Marco Taillebuis et Geneviève Knoops, la première artisane de ce Festival dont tu fus la seule présidente légitime.
Namur en Mai, le Festival des Arts forains, dont ton Théâtre forain fut l’une des deux inspirations avec le Musée des Arts forains de Paris, créé par ce passionné, flamboyant et généreux Jean-Paul Favand.
Nous parlions de nos finitudes, autour d’un verre de vin. De plusieurs.
Nous parlions de nos amours immodérés de tout. Y’avait de quoi dire.
Nous parlions beaucoup de théâtre, c’était nouveau pour moi.
Tu me déléguais des missions à cette Communauté inclassable. Surréaliste.
Tu m’as désigné Administrateur de ta Compagnie, appris les codes et tous les aspects de ces entreprises culturelles dont les mécanismes nous inspirent aujourd’hui dans les projets que nous portons.
Ce fut compliqué, instructif, passionnant. Chaque individualité faisait partie d’un tout spectaculaire qui se faisait et se défaisait au fil des spectacles et des caractères. Tu adorais ces combats de chefs. Prélude à notre société où l’individuel se mue en collectif dès qu’il s’agit de se battre pour quelque chose ou contre quelqu’un.
Tu m’as appris à accepter et accompagner l’handicap quand je devais diriger ton fauteuil dans les couloirs des rendez-vous. Pas évident pour quelqu’un qui ne supporte pas la prise de possession sur l’autre.
Voilà Nele, ce que je te dois, ce que nous te devons. Et plus que ça. Nos miroirs te réfléchiront longtemps.
Merci.
Jean

(Jean-Félix Tirtiaux)

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