NOUS SOMMES LE 10 AOÛT

Nous sommes le 10 août 2022.

Louis XVI

Pour ceux que ça intéresse, il y a tout juste 230 ans, en 1792, le 10 août voyait la chute de la monarchie capétienne, après 800 ans d’existence. Le roi Louis XVI et sa famille prennent le chemin de la prison du Temple… On ne va pas les plaindre.

Du 10 août, on retiendra surtout que c’est la date anniversaire de Jacques Calonne, né le 10 août 1930.
Ça lui ferait 92 ans s’il ne nous avait fait le sale coup de décéder le 7 février dernier.
Je vous invite à aller voir la biographie figurant sur le site qui lui est dédié (1).
On peut y lire, entre autres :
« 1930, naissance de Jacques, Marcel, Jules, Joseph, Ghislain Calonne, à Mons, à la maison, 4 rue des Étampes, le dimanche 10 août, 1h PM, heure d’été, 12h17 min 25 sec pour les astrologues. »
Pour être précise, l’indication n’en est pas moins en contradiction avec ce qui figure dans le « Supplément au Petit Dictionnaire Bul des contemporains du temps passé » publié, en 1976, dans le catalogue de « Daily Bul and C° », pour l’exposition itinérante installée, d’abord à la Fondation Maeght à Saint-Paul de Vence, et ensuite au Passage 44 à Bruxelles. On peut y lire à son sujet : « Emmétrope et autodidacte d’origine morave. Il naquit un dimanche à 23h04 dans la gare d’Hyon-Ciply. »… Si le jour est sans doute le bon, puisque le 10 août 1930 était bien un dimanche, le lieu et l’heure ne correspondent pas. Petite négligence que je ne lui reprocherai pas. Ça peut arriver à tout le monde. Moi-même, je reconnais avoir omis de noter l’heure le jour de ma naissance. Quand on naît, il vous passe tant de choses par la tête qu’on en oublie certaines.
Mais qui est donc ce Jacques Calonne ? Viens-je d’entendre dans le fond de la classe. Eh bien, on pourrait dire qu’il est compositeur, ou peintre, ou poète, ou mathématicien, ou inventeur, ou ténor mondain, ou astrologue, ou sans doute encore un tas d’autres choses… En fait c’est un type qui, avec un air de ne pas y toucher, a toujours touché à tout.
La quatrième de couverture de son livre « Noctuelles » (éd. L’âge d’homme, 2015) donne un aperçu du personnage : « L’artiste montois Jacques Calonne a toujours su chevaucher sans peurs ni remords moult disciplines :
• il passe de la composition musicale “radicale” saluée par Pierre Boulez et Karlheinz Stockhausen, ou de la musique de films à l’interprétation de chansons surannées ;
• de l’aquarelle (il est le plus jeune membre de Cobra et se lie d’amitié avec Christian Dotremont, Asger Jorn, Pierre Alechinsky) à l’écriture (roman, contes, poèmes, pastiches des poèmes des frères Piqueray, aphorismes) ;
• de la géométrie et des mathématiques à l’invention d’objets inutiles ;
• de la gastrosophie (il est l’auteur d’une préface à donner le tournis à la fabuleuse Bibliographie de la bière du cervalobélophile Michel David) à l’astrologie (il fait des horoscopes pour les clients du mage Anachiel) ;
• de la fréquentation de cercles aussi éphémères qu’improbables (l’Ordre du Pentopus) à des aventures théâtrales et cinématographiques (il joue dans les films de l’expérimentateur Boris Lehman, de l’ethnologue Luc de Heusch, de l’anarchiste Jan Bucquoy) ;
• du goût des dérives extravagantes (en compagnie, entre autres, d’Édouard Baer) à celui des farces et attrapes improvisés.
Sans parler de son amour des voyages (pays de l’Est, Danemark, îles Féroé) et des rencontres insolites. Ni de son engouement pour les langues. Il en aborde une dizaine et traduit en volapük ‘Le Corbeau et le Renard’ de Jean de La Fontaine et ‘L’Invitation au voyage’ de Charles Baudelaire. »
Précisons encore que le 14 mai 1959, Jacques Calonne a été élevé au rang d’écuyer de l’ordre de Mickey. Qu’en 1944, il inventa la bombe à caca, qu’il utilisera contre le bourgmestre rexiste de Ghlin. Qu’en 1948, il a demandé l’heure à la reine Élisabeth et qu’en 1971, il a demandé l’heure en polonais à Jean-Paul II, alors évêque auxiliaire de Cracovie, qui lui répondit en français : « Il est quatre heures et demie, Monsieur. » Et enfin, sachez qu’il lui est arrivé de parler mathématiques avec Boby Lapointe …

L’exécution de Louis XVI. Jacques Calonne exécutait plutôt des oeuvres fort diverses.

On ne peut tout énumérer. Reportez-vous à sa biographie officielle (voir plus bas.
En définitive, l’art qu’il pratiquait le mieux était, sans doute, l’art de vivre. Son art de vivre à lui, c’était l’éclectisme. Pour ma part, c’est comme ténor mondain que j’ai eu l’occasion de l’écouter et de le rencontrer pour la première fois. Il y a de cela plus de cinquante ans. Jacques Calonne se produisait à Bruxelles, entre Bruno Brel, André Bialek et Baby Washboard, au « Grenier aux chansons », un cabaret situé à deux pas de la Grand-Place, animé par Jane Tony. Dans ces années d’après 68, où la mode était à l’hirsute et au débraillé, Jacques Calonne apparaissait, la coiffure soignée, le cheveu lisse. Vêtu d’un strict costume trois pièces, avec cravate et pochette, il déposait sa pipe, le temps de chanter, en s’accompagnant au piano, un délicieux choix de chansons de salons et de mélodies pour pensionnats : “La Fourmi”, “Mon cœur et ma rose”, “Fumeur d’opium”, “Sombre Dimanche”… On était aux anges, partageant la joie de la dérision élevée au rang des Beaux-Arts.
Par bonheur, il existe un enregistrement public de ces chansons, réalisé à Copenhague en 1983 (CO comme COBRA), au café Kellerdirk. Présenté en danois par Tina Bakkesangerinde, il y chante en français. La pochette de l’album est due à Pierre Alechinsky.
En cliquant sur les titres de chansons, vous pourrez entendre les meilleurs morceaux du répertoire mondain. Veinards !

André Clettte

C’est par ici : →

http://jacalonne.be/tenor-mondain/
(1) http://jacalonne.be/biographie/.

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