NOUS SOMMES LE 16 AOÛT

Nous sommes le 16 août 2022.

Charles Bukowski, né le 16 août 1920 à Andernach en Allemagne, aurait 102ans s’il n’était pas mort le 9 mars 1994 à Los Angeles.
Quelques qualificatifs pour ceux qui ne le connaitraient pas : ivrogne, obsédé sexuel, poète, brut de décoffrage, fantasque, cru, instable, romancier, vulgaire, roublard, chaotique, inspiré, désespéré, lucide, excessif, christique, dégoûtant, dégoûté… Ça le rend sympa, a priori, non ?
On lui doit les « Contes de la folie ordinaire », un recueil de nouvelles aux allures autobiographiques, dont le titre original est plus explicite : « Erections, Ejaculations, Exhibitions and General Tales of Ordinary Madness ». Du cul, du cul, du cul… comme dirait un pote à moi légèrement obsédé.
On lui doit aussi « Women » qui commence par la phrase « J’avais cinquante ans et n’avait pas couché avec une femme depuis quatre ans. » Il n’en faut pas plus pour planter le décor. À travers les déboires de son « double » Henry “Hank” Chinaski, un écrivain qui galère pour se faire connaître, Bukowski relate sans retenue ses amours et ses ébats sexuels.
On lui doit également « Journal d’un vieux dégueulasse » : des chroniques sensées relater le quotidien de l’écrivain, mêlant allègrement le réel et l’imaginaire.
On lui doit encore des dizaines d’autres livres. Bref, on lui doit beaucoup.
Pour l’anecdote, on retiendra sa mémorable apparition dans l’émission de Bernard Pivot, ‘Apostrophes’ (1978), qui le fera accéder aussitôt au statut d’écrivain culte : Bukowski, bourré comme un coing, baragouine dans son coin, “s’intéresse de près” à la romancière Catherine Paysan, s’enfile des litrons sur le plateau. Cavanna, autre invité de Pivot, lui lance : « Bukowski, ta gueule ! Tu nous enquiquines ! », suivi un peu plus tard par « Bukowski ! Je vais te foutre mon poing dans la gueule ! ». Et le Buk finit, encouragé par Bernard Pivot, par quitter le plateau.

Ce 16 août, au chapitre des décès, nous commémorons celui d’Elvis Presley, mort le 16 août 1977 à l’âge de 42 ans. N’étant pas fan de rock et de déhanchements torrides, je n’ai rien à en dire. C’est donc le moment ou jamais d’évoquer Aaron Schroeder, puisque c’est lui qui a notamment écrit « It’s Now or Never » pour Elvis Presley, parmi des milliers d’autres chansons.
Schroeder était compositeur, parolier, producteur et éditeur de musique. Il a fait enregistrer 17 chansons par Elvis Presley, dont cinq ont été en tête des hit-parades. « It’s Now or Never » s’est vendu à plus de de 20 millions d’exemplaires dans le monde. En tant que producteur, Schroeder a aussi contribué à lancer les carrières de gens comme Jimi Hendrix ou Barry White. Il est mort le 2 décembre 2009. Il avait 83 ans et avait lutté pendant de nombreuses années contre une forme rare de démence semblable à la maladie d’Alzheimer. Voilà, vous savez tout ce qu’il faut savoir. Faites en bon usage.

Mais savez-vous qui a dit : « Pisser, c’est la jouissance du chaste » ? Je parie que non. Eh bien, c’est encore un mort du 16 août : Louis Jouvet, acteur, metteur en scène, directeur de théâtre, professeur au Conservatoire national supérieur d’art dramatique, né le 24 décembre 1887, mort le 16 août 1951. Ne me dites pas que vous ne l’avez jamais entendu dire : « Moi, j’ai dit bizarre… bizarre ? Comme c’est étrange… Pourquoi aurais-je dit bizarre… bizarre… ». Tout le monde connait ce bout de dialogue de « Drôle de drame », entre ces deux monstres sacrés que sont Michel Simon et Louis Jouvet. Ça n’avait pourtant pas trop bien commencé pour eux. Michel Simon n’avait pas vraiment un physique de jeune premier, quant à Louis Jouvet, sans être aussi bègue qu’on l’a dit, il avait de sérieux problèmes d’élocution.
En enfant docile il a suivi des études de pharmacien, selon la volonté de sa famille, mais passé tout son temps libre au théâtre. En parallèle, il se présentait au concours d’entrée du Conservatoire d’Art dramatique de Paris, où il sera recalé trois fois (comme Bernard Blier). Son diplôme de pharmacien en poche, il commence une carrière comme régisseur, décorateur, assistant et enfin comédien au théâtre du Vieux-Colombier. Il y apprend à maîtriser alors ses difficultés d’élocution par cette diction syncopée typique qui le rendra célèbre par la suite.
Acteur et directeur de théâtre, il enchaîne aussi les rôles au cinéma. « Quai des Orfèvres » d’Henri-Georges Clouzot, où il faut l’entendre dire à Dora, la blonde cérébrale (Simone Renant) : « Vous êtes un type dans mon genre… », « Hôtel du Nord » aux côtés d’Arletty qui lui pique la vedette avec son fameux « atmosphère, atmosphère », « Knock », évidemment, avec son « est-ce que ça vous gratouille ou est-ce que ça vous chatouille ? », une phrase qu’on ne peut plus lire sans entendre sa voix. Ou encore celle-ci : « Songez que dans quelques instants, il va sonner 6 heures. Pour mes malades, 6 heures, c’est la deuxième prise de température rectale Dans quelques instants, 250 thermomètres vont pénétrer à la fois, mon cher confrère… ». Autre réplique mémorable, dans « Un revenant », film de Christian-Jaque (1946), dialogue d’Henri Jeanson : « Mon jeune ami, je n’ai qu’un conseil à vous donner : celui de devenir quelqu’un… Seulement voilà, qui ? ».
Impossible d’énumérer tous les succès de Jouvet et ses répliques-cultes. On n’en finirait pas. Restons-en là et parlons d’autre chose.

Il y a tout juste 60 ans, le 16 août 1960, Chypre, colonie de la Couronne britannique, devenait une République indépendante avec un Président élu par la communauté grecque, qui n’est autre que l’archevêque et primat de l’Église de Chypre, Mgr Makarios en personne, et un vice-Président élu par la communauté turque, Fasil Füçük. Il est convenu que le Parlement sera composé à 70% de Grecs et à 30% de Turcs et que la Garde nationale sera encadrée par des officiers grecs.
Les troubles entre les deux communautés ne cessent pas pour autant. Le15 juillet 1974, avec la complicité des colonels qui exercent le pouvoir à Athènes, la Garde nationale cypriote fomente un coup d’État contre le président Makarios et tente de réaliser le rattachement de Chypre à la Grèce. L’armée turque, y voyant une menace pour les habitants turcophones, envahit aussitôt le nord de l’île. Depuis cette date, les deux communautés vivent séparées, de part et d’autre d’une « ligne verte ». Cette frontière est bien plus fermée que celle qui sépare les régions en Belgique mais, au moins, comme c’est une île, ils peuvent tous aller à la mer quand ils veulent.
Pourquoi je vous raconte ça, moi ? Ah oui, juste pour dire que c’est sur Chypre que les anciens Grecs situaient la demeure d’Aphrodite, déesse de l’Amour, que je tiens à assurer ici de toute ma sympathie.

Il y a tout juste 2 ans, le 16 août 2018, mourait à l’âge de 76 ans « The Queen Of Soul » : Aretha Franklin. Militante des droits civiques aux côtés de Martin Luther King, femme de combat, diva et porte-parole de tout un peuple…
Allez, une dernière citation de Louis Jouvet : « Le théâtre est le désordre incarné et pour faire l’éloge du théâtre il faut commencer par faire l’éloge du désordre. »

André Clette

Et maintenant, Ladies and Gentlemen, voici Aretha Franklin : « Think » (du film ‘The Blues Brothers’)
C’est par ici : →

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