NOUS SOMMES LE 21 AOÛT

Nous sommes le 21 août 2022.

Bonne fête à tous les Christophe, mais aussi à tous les Ahmed, ainsi qu’aux Graziella, aux Ombeline et aux Noémi, sans oublier les Albéric, les Privat et les Léogivild, s’il s’en trouve.

Connaissez-vous Vincenzo Peruggia ? Non ? Je m’en doutais. Cet immigré italien, peintre en bâtiment et vitrier, monté à Paris en 1908, a pourtant trouvé un moyen original pour entrer dans l’histoire. C’était le 15 août 1911. Depuis le début du siècle, au Louvre, plusieurs tableaux avait fait l’objet de vandalisme, si bien que le musée avait décidé de protéger ses œuvres les plus importantes.
Vincenzo Peruggia travaillait pour l’entreprise chargée de la mise sous verre. Il a donc eu la possibilité d’admirer de tout près les plus grands chefs-d’œuvre et, notamment de regarder La Joconde les yeux dans les yeux. Est-ce la séduction de Mona Lisa et de son mystérieux sourire, ou le désir de libérer la belle Italienne injustement détenue dans un palais français ? Toujours est-il, que le matin du 21 août 1911, un lundi (jour de fermeture du musée), Vincenzo Peruggia est entré seul au Louvre et en est ressorti avec la Joconde sous le bras. Étonnamment, ce n’est que le lendemain que l’on s’est rendu compte avec certitude qu’elle avait disparu.
La nouvelle du vol fera rapidement les choux gras de la presse. On se livre aux spéculations les plus farfelues : serait-ce un complot juif ? L’acte d’un espion du Kaiser Guillaume II, désireux de nuire à la France ?…
À la suite d’une lettre anonyme et d’une demande de rançon, le juge d’instruction chargé de l’affaire ira jusqu’à emprisonner le poète Guillaume Apollinaire. Picasso, soupçonné de complicité, sera longuement interrogé.
Le tableau est resté disparu pendant deux ans. On a cherché La Joconde partout, elle logeait à Paris, dans le 10e arrondissement, chez son voleur.
Celui-ci s’est trahi en tentant de le revendre à un antiquaire florentin à qui il avait expliqué vouloir faire jouer une sorte de préférence nationale. Rendez-vous est pris à Florence, avec l’antiquaire qui se fait accompagner du directeur du musée des Offices. Constatant l’authenticité du tableau, ils alertent la police, et Peruggia est arrêté à son hôtel. Après une tournée en Italie, la Joconde revient au Louvre., désormais en résidence surveillée.

Tout autre chose.

C’est un 21 août, en 1415, que le roi du Portugal Jean 1er s’empare de la ville de Ceuta, sur la côte méditerranéenne du Maroc. Cette conquête amorce le processus dit des « grandes découvertes ». Une date clé dans les débuts de l’expansion outre-mer des Occidentaux.
Tiens, puisqu’on parle colonisation…

Les 20 et 21 août 1955, en Algérie, marquent le déclenchement par le FLN d’une insurrection contre l’armée d’occupation française et les tortures qu’elle fait subir à la population.
Plusieurs attaques ont lieu, en différents endroits. Des dizaines d’hommes, de femmes, d’enfants sont tués. Au total 123 morts dont 71 Européens. La répression qui s’ensuivra en fera beaucoup plus.
Des milliers de prisonniers sont emmenés pour interrogatoire. Ils seront massacrés à la mitrailleuse, et enterrés dans une fosse commune. Un soldat français présent raconte : « Toutes les mitraillettes et les mitrailleuses étaient alignées devant la foule de prisonniers qui se mirent immédiatement à hurler. Mais nous avons ouvert le feu ; dix minutes plus tard, c’était pratiquement fini. Il y en avait tellement qu’il a fallu les enterrer au bulldozer. » On parle de 12.000 personnes tuées par l’armée.

Un autre 21 août : ce n’est pas de la colonisation, mais pas loin…

Le 21 août 1968
Les chars soviétiques, pénètrent dans Prague. Alexandre Dubček, premier secrétaire du Parti communiste tchécoslovaque et principal artisan du « Printemps de Prague », est arrêté. Le « socialisme à visage humain » est reporté sine die…

Au chapitre des naissances…

Il paraît que c’est aujourd’hui l’anniversaire d’Alizée, née Alizée Jacotey le 21 août 1984 à Ajaccio. Entre nous, je sais à peine qui c’est. Une chanteuse, me dit-on. Son premier single, « Moi… Lolita », fut parait-il un des tubes de l’été 2000. Bon anniversaire à elle donc.

En revanche, je sais bien qui était Charb (Stéphane Charbonnier à l’état civil), dessinateur satirique et journaliste français, directeur du journal satirique Charlie Hebdo, né le 21 août 1967. Ça lui aurait fait 55 ans aujourd’hui, s’il n’avait pas été tué le 7 janvier 2015 par les tirs de croyants désireux de se faire bien voir de leur Dieu.

Il avait travaillé aussi pour L’Écho des savanes, Télérama, Fluide glacial et L’Humanité. On aimait ses dessins féroces et drôles. Son irrévérence et son humour corrosif. Pour ma part, j’ai un faible pour Maurice et Patapon, le chien et le chat anticapitalistes.
Le 31 décembre 2015, Charb a reçu, à titre posthume, les insignes de Chevalier de la Légion d’honneur. Il était sans doute trop mort pour refuser.

André Clette

 

En pensant à Prague, on pourrait s’écouter Jean Ferrat, non ?
« Camarade » C’est par ici : →

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