NOUS SOMMES LE 22 AOÛT

Nous sommes le 22 août 2022.

Il y a 102 ans, le 22 aout 1920, naissait l’écrivain de science-fiction Ray Douglas Bradbury. Mon conseil : si ce n’est déjà fait, lisez au moins « Chroniques martiennes », et bien sûr « Fahrenheit 451 », ne ratez pas non plus « Un remède à la mélancolie ». On trouve tout ça chez Denoël, coll. « Présence du futur ».

Une page d’histoire :

Les Pays-Bas “du Nord” ont conquis leur indépendance face aux Espagnols

Si le 22 août 1567 ne vous évoque rien, ceux qui ont bien étudié à l’école se souviennent peut-être de Ferdinand Alvarez de Tolède, duc d’Albe. Ceux qui n’ont pas bien étudié à l’école, mais qui ont lu « Bob et Bobette » dans « Le Fantôme Espagnol » se rappellent aussi cet hidalgo cruel et inflexible à la mine sombre et hautaine et à l’orgueil démesuré, nourrissant les plus noirs desseins. C’est en tout cas l’image que les Belges ont gardé de ce gouverneur militaire espagnol, arrivé à Bruxelles le 22 août 1567, à la tête de dix mille vétérans espagnols, auxquels s’étaient adjoints 10.000 mercenaires allemands. Mandaté par le roi d’Espagne Philippe II et nanti de pouvoirs illimités pour mettre au pas les protestants et ramener les Pays-Bas à la vraie foi catholique, le duc d’Albe n’attendit pas longtemps avant de déclencher un programme de répression sanglante. Très vite, les comtes d’Egmont et de Hornes, considérés comme fauteurs de troubles étaient arrêtés, déclarés coupables d’avoir favorisé les progrès de la réforme, ils furent condamnés à avoir la tête tranchée. Ce qui eut lieu sur la Grand-Place de Bruxelles.
Il paraît que ça avait de la gueule, avec l’échafaud, tendu de velours noir, les soldats espagnols tout clinquants de ferblanteries, les aristos en manteaux de velours frangés d’or et toques aux plumes ondoyantes, tout cela très digne et héroïque. La foule était émue au point que nombreux étaient ceux qui trempaient leurs mouchoirs dans le sang des victimes pour conserver un souvenir.
Quand il nous racontait ça, notre prof d’histoire se rengorgeait, fier comme un pou d’être Belge. Son enthousiasme l’obligeait à desserrer sa cravate.

“Maudite soit la guerre!”. A Gentioux, un monument aux morts antimilitariste

On compte que sous la Terreur espagnole, près de 8.000 personnes furent exécutées et leurs biens confisqués. De vastes prisons furent construites. L’émigration était interdite. Les catholiques modérés avaient intérêt à la boucler sous peine de subir le même sort. Ces événements marquent le début de la « guerre de Quatre-vingts ans », appelée aussi « révolte des Gueux », menée contre la monarchie espagnole. À l’issue de cette guerre, les Pays-Bas se trouvent divisés entre les Pays-Bas du Sud (Belgique + Nord-Pas-de-Calais), où le catholicisme est imposé de force par le Espagnols, et les Pays-Bas du Nord (Pays-Bas actuel) qui deviennent indépendants et protestants. Tant mieux pour nos voisins du nord, mais avec ça, ils n’auront pas congé le 15 août. On a ce qu’on mérite…

Tant qu’on en est à causer massacres, signalons que la journée du 22 août 1914 semble bien être la journée la plus meurtrière de l’histoire de France, avec 27 000 soldats français tués. Record non homologué, mais qui représente quand même un nombre sept fois plus élevé que le nombre de soldats alliés tués lors du débarquement de Normandie, le 6 juin 1944.

Tout autre chose…

Le 22 août 1908, tandis que s’achevait à Dresde le 4e congrès mondial d’espéranto, naissait à Chanteloup (Seine-et-Marne), Henri Cartier-Bresson, l‘un des plus grands photographes du siècle, qui ne cachait pas ses sympathies pour les idées libertaires et ne se privait pas d’évoquer régulièrement Bakounine.
Sa famille, propriétaire d’une manufacture de coton à Pantin, essaye sans succès de lui transmettre une éducation bourgeoise et chrétienne. « Jamais ! jamais ! je n’ai eu la foi. C’était impossible … » Très jeune, il se passionne pour la peinture. Pendant son service militaire, il rencontre Max Ernst, André Breton et les surréalistes. Il côtoie André Pieyre de Mandiargues et Leonor Fini. Mais il abandonne la peinture et part à la découverte du monde avec un Leica. En 1932, ses premières photographies sont exposées à New York. En 1934, il part un an au Mexique où il témoigne de la vie dans les quartiers pauvres de Mexico. En 1935, il est aux États-Unis où il s’initie au cinéma. En 1936-39, il est de retour en France et travaille comme assistant de Jean Renoir. Durant la révolution espagnole, il réalise un documentaire sur les hôpitaux républicains « Victoire de la vie ».

Shanghaï 1948, une des plus célèbres photos d’Henri Cartier-Bresson

Une anecdote pour situer le personnage : en 1937, alors qu’il travaille pour le quotidien communiste « Ce soir » (direction Louis Aragon), il est envoyé à Londres pour réaliser un reportage sur le couronnement de George VI. Henri Cartier- Bresson prend une série de clichés des gens regardant le cortège, mais pas une seule photo du cortège. Ses images obtiennent un grand succès.
En 1940, il est emprisonné par les Allemands. En 1943, il parvient à s’évader et prend alors part à une organisation clandestine d’aide aux prisonniers. Il photographie ensuite la libération de Paris puis retourne aux USA.
En 1947, il fonde avec Robert Capa et quelques autres, l’agence coopérative « Magnum », qui deviendra la prestigieuse agence que l’on sait. De 1948 à 50, il séjourne en Inde, en Birmanie, en Chine (durant les 6 premiers mois de la Chine populaire), puis en Indonésie (lors de l’indépendance).
En 1954, au moment du dégel qui suit la mort de Staline, il est le premier photographe occidental à se rendre en Russie. En 1960, il est à Cuba puis au Mexique, etc. En 1966, il quitte l’agence Magnum mais poursuit la photographie et les éditions. En 1974, il abandonne les reportages photos pour se consacrer au dessin. Le 1er mai 2000, il participe avec un recueil de photos « Vers un autre futur, un regard libertaire » aux manifestations de la Confédération Nationale du Travail (CNT) française. En 2003, est créée à Paris la Fondation Henri Cartier-Bresson.
Il décède le 3 août 2004, chez lui à Céreste (Alpes-de-Haute-Provence).
Deux citations parmi des dizaines :
« L’anarchie c’est une éthique avant tout. Une éthique d’homme libre ».
« Photographier, c’est mettre dans la même ligne de mire la tête, l’œil et le cœur.
»

André Clette

 

Une dernière chose avant qu’on se quitte :
le 22 août, c’est la « Journée internationale de commémoration des personnes victimes de violences en raison de leur religion ou convictions ». On en a évoqué un bon nombre aujourd’hui. Voila une occasion de s’écouter Jean Ferrat : « Le sabre et le goupillon ».
C’est par ici : →

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