NOUS SOMMES LE 3 AOÛT

Nous sommes le 3 août 2022.

C‘est l’anniversaire d’Étienne Dolet, libre penseur et humaniste, né le 3 août 1509.
Pour son anniversaire, on l’a brûlé sur le bûcher de la place Maubert à Paris, le 3 août 1546, jour de ses 37 ans. C’était un penseur. Le genre de penseur que les croyants n’aimaient pas à cette époque. Pas sûr qu’ils les aiment beaucoup plus de nos jours, mais bon, ils sont bien obligés de faire avec.
Étienne Dolet était un érudit brillant, ami entre autres de François Rabelais et de Clément Marot. Linguiste et philologue, formé aux universités de Paris, Padoue et Toulouse, il travaille d’abord à Lyon avec un imprimeur renommé. Sa vie quelque peu turbulente lui vaudra quelques séjours en prison, avant d’être gracié par François 1er qui le prendra un temps sous sa protection en lui accordant pour dix ans le privilège d’imprimer tout ouvrage en latin, grec, italien ou français, de sa plume ou sous sa supervision.
Installé à son compte comme imprimeur, Dolet publie alors des almanachs populaires, des satires sociales et religieuses mais aussi Rabelais, Érasme, et quelques autres, ce qui ne manquera pas d’attirer sur lui l’attention de l’Inquisition.
Accusé d’athéisme et de matérialisme, ses ennuis avec l’intolérance religieuse lui vaudront un parcours où se succéderont les séjours en prisons, entrecoupés de périodes de grâces ou d’évasions. Après un séjour dans le Piémont, il revient imprudemment en France. François Ier, qui l’avait d’abord protégé, l’abandonne. Il est à nouveau arrêté et jugé athée évadé par la faculté de théologie de la Sorbonne.
Comme il implore le pardon de Dieu, ça lui vaudra de ne pas avoir la langue coupée avant d’être étranglé puis brûlé avec ses livres sur la place Maubert. Cette place était réservée aux bûchers des imprimeurs, un métier risqué à l’époque : ils ne sont pas moins de quatre à y être passés cette année 1546. Sur le chemin du bûcher, Dolet aurait composé ces vers : « Non dolet ipse Dolet, sed pro ratione dolet » (Dolet ne s’afflige pas sur lui-même, mais s’afflige pour la raison). C’est bien trouvé, mais on doute fort que Dolet se soit amusé à faire un jeu de mot dans ces circonstances.

De toute façon, à quoi bon s’appesantir sur une vieille histoire de religion d’il y a cinq cents ans. C’est du passé. Aujourd’hui les fondamentalistes, les intégristes, les salafistes, les « pro-vie », les barbus radicalisés, les grands blonds aux yeux bleus « croisés de la chrétienté », les incendiaires de mosquées, les virtuoses de la kalachnikov, et autre poseurs de bombes au nom de leurs convictions ne s’embarrassent plus trop de procès et de tribunaux…
Sur la place Maubert se dressait autrefois une statue érigée à la mémoire d’Étienne Dolet. Pas de chance, elle était en bronze. Elle fut fondue pendant la dernière
guerre.

Tout autre chose

Tous les palétuviers ne sont pas roses

C’est le 3 août 1953 que nous quittait Marcel Bertal, à l’âge de 71 ans. Ah bon ! Et c’est qui ce type ? me direz-vous. En effet, le personnage n’est connu que sous le pseudonyme collectif Bertal-Maubon, composé de son nom et de celui de Louis Maubon. À eux deux, ils ont écrits quantité de chansons et de monologues, ils ont participé à l’écriture de plusieurs vaudevilles et livrets d’opérette. Ça ne vous dit toujours rien ? Mais si, enfin ! La comédie musicale « Toi et Moi », dans laquelle Pauline Carton chantait les immortels « Palétuviers roses » (« Aimons-nous sous les palé, Prends-moi sous les laitues, Aimons-nous sous l’évier… »).
Et puis aussi, le fameux « Je cherche après Titine », mis en musique par Léo Daniderff en 1917 et immortalisé à jamais par Charlie Chaplin dans « Les temps modernes ». Il faut dire que Chaplin ne leur a pas rendu service, puisqu’il a carrément remplacé les paroles par un sabir de sa composition.
Eh bien, ces deux rigolos sont aussi les auteurs de cette étonnante chanson qui connut un grand succès populaire au début du XXe siècle, « Le matin du grand soir ». La chanson évoque vigoureusement le jour qui aboutira à cette soirée mémorable entre toutes : le Grand Soir qui concentre les espoirs révolutionnaires. Pleine d’ironie et de dérision, cette chanson est davantage un pastiche qu’une véritable chanson libertaire. Cela dit, par-delà la caricature, et tout en sachant que ce qu’elle raconte est pure imagination, c’est une chanson qui fait plaisir à entendre. Et quand Marc Ogeret la chante, c’est carrément jubilatoire.

« Ah ! Ah !
« On leur grillera le poil sous les bras,
« Ce s’ra vraiment joli à voir
« Quand viendra l’matin du Grand Soir !

André Clette

On écoute « Le matin du grand soir » par Marc Ogeret
C’est par ici : →

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