NOUS SOMMES LE 30 AOÛT

Nous sommes le 30 août 2022.

Mary Shelley

Aujourd’hui, on fête les fiacres. Enfin, je veux dire par là que c’est la Saint Fiacre, un ermite du 7e siècle qui s’est vu confier un terrain par un évêque. Il l’a si bien cultivé qu’il est devenu « patron des maraîchers et des jardiniers », souvent représenté avec une bêche. Une charmante chapelle lui est dédiée à Charleroi. On l’invoque pour la guérison des hémorroïdes appelées maladie de « Saint-Fiacre ». J’avoue que je ne sais pas pourquoi cette spécialité, et j’ignore si la bêche joue un rôle dans la maladie ou dans la guérison.

On a plusieurs anniversaires à fêter aujourd’hui. Ne trainons pas.

Jacque Tardi a publié plusieurs BD antimilitaristes

Le 30 août 1797, naissait à Londres, Mary Godwin, mieux connue sous son nom d’épouse, Mary Shelley, mais moins bien connue que le personnage qu’elle a créé dans un roman écrit à 19 ans : Frankenstein. Son livre, « Frankenstein, or the Modern Prometheus », paru en 1818, rencontrera un succès immédiat, qui ne s’est plus démenti depuis, que ce soit en librairie, eu cinéma ou au théâtre.

Le 30 août 1946, naissait Jacques Tardi, dessinateur de BD, auteur des Aventures extraordinaires d’Adèle Blanc-Sec, de plusieurs albums sur la Première Guerre mondiale, adaptateur en BD de Nestor Burma, auteur du « Cri du peuple », magnifique bande dessinée d’après le roman de Vautrin…

Le 30 août, c’est aussi l’anniversaire d’un autre dessinateur : Robert Crumb, né le 30 août 1943 à Philadelphie. Comme il est l’aîné, commençons par lui…
Dès l’enfance, Robert Crumb s’adonne à la bande dessinée avec ses frères. Une manière de se réfugier dans un monde imaginaire éloigné des torgnoles d’un père violent, et des brimades des camarades de classe qui le voient comme un intello frustré.
À 22 ans, Crumb, prend pour la première fois de l’acide et déménage à San Francisco. Fin des années 60, il commence à se faire un nom dans les milieux underground avec des fanzines autopubliés : « Zap Comix », « Big Ass Comics », « Mr Natural »… Ces délires dessinés sous acide, pleins de sexe, de violence et de critique sociale deviennent emblématiques de la culture hippie.
En France (et en Belgique francophone, forcément), Robert Crumb sera la star du magazine underground « Actuel » des années 70, aux côtés de quelques autres illustrateurs, issus de la nouvelle génération américaine, comme Ron Cobb, Richard Corben, Gilbert Shelton,…et de quelques Français, parmi lesquels Gotlib, Masse, Mandryka et quelques autres.

À l’époque on appelait ça « contre-culture », et la défonce était presque un passage obligé pour y accéder. Crumb en sera bientôt l’icône incontestée.
Il y a là une sorte d’amusant malentendu, car une chose est sûre : Robert Crumb n’a jamais caché qu’il détestait le rock et les hippies. Même si l’un de ses travaux les plus vus à l’époque, est une pochette créée pour le groupe de Janis Joplin, Crumb reconnait qu’il n’a jamais écouté que des vieux 78 tours de blues ou de jazz dont il s’est constitué au fil du temps une collection impressionnante.
Il joue d’ailleurs la musique qu’il aime avec le groupe « Cheap Suit Serenaders », qui se consacre essentiellement au genre ragtime, dixieland et blues traditionnel.
« La première fois que j’ai pris du LSD, en 1965, c’était légal ! Un psychiatre nous avait filé une fiole des laboratoires Sandoz, en Suisse. De la bonne… Mais l’acide a toujours été un problème, chez moi. J’ai jamais compris les gens qui pouvaient baiser tranquillement sous trip. » (Robert Crumb, 1997)

Au cours des années 1970, les BD de Crumb deviennent de plus en plus noires, voire paranoïaques, peut-être sous l’influence des drogues dont il fait un usage de plus en plus problématique. Il rencontre des problèmes financiers et supporte de moins en moins les hippies et leur amour. Son personnage Fritz The Cat est le héros d’un film à succès qu’il déteste. Sa première femme aurait cédé les droits sans son accord. Il se vengera en tuant Fritz dans une de ses BD.
En 1974, il commence avec Aline Kominsky la série « Dirty Laundry Comics ». Il abandonne les drogues et il épouse Kominsky en 1978. Progressivement, entre ses BD les plus déjantées, Crumb se met en scène en misanthrope qui ne trouve sa place ni dans la culture ni dans la « contre-culture ».
Dans les années 1980, Crumb contribue régulièrement au magazine Weirdo.
Devenu un mythe vivant de la BD dite « alternative », il devient un auteur respecté, sinon tout à fait respectable. Pervers professionnel et exhibitionniste patenté, pour un peu on le désignerait comme chroniqueur officiel des voyages hallucinatoires et des fantaisies masturbatoires, ambassadeur du mauvais goût et grand prêtre de la libido débridée
En même temps, il est d’une fidélité exemplaire. Avec ou sans tête, l’amazone fessue est son seul type de femme.

Au début des années 1990, la famille Crumb déménage dans le Sud de la France. Ils y ont acquis une maison en échange de six carnets de croquis de Crumb. Robert Crumb vit désormais confortablement. Ses originaux s’échangent à prix d’or, il dessine régulièrement pour le New Yorker.
En 2009, il publie un travail de longue haleine, l’adaptation de la Genèse en bande-dessinée.
Enfin, il se consacre à la musique qu’il aime et joue du banjo ou de la mandoline avec le groupe « Les primitifs du futur » de Dominique Cravic. Un groupe qui joue une musique qu’il classe dans la catégorie « World Musette ».

Pour l’écouter,
C’est ici→

Je voulais encore évoquer Jacques Tardi, mais il se fait tard. Bientôt l’heure de l’apéro. Ce sera pour une autre fois.

André Clette

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