NOUS SOMMES LE 9 NOVEMBRE

Nous sommes le 9 novembre 2022.

Le Musée Raymond Devos

Raymond Devos aurait eu 100 ans ce jour, puisqu’il est né le 9 novembre 1922 à Mouscron.
Il est décédé le 15 juin 2006 à Saint-Rémy-lès-Chevreuse, dans les Yvelines, où il a désormais son musée dans la maison qu’il a habité plus de quarante ans. Ses admirateurs peuvent y contempler ses costumes de scène, ses instruments de musique et ses carnets de notes… mais bon, pour ça, il faut vraiment être fan.

À part ça, autant le dire tout de suite, le 9 novembre est un jour historique, à plus d’un titre.

Ainsi, savez-vous que le 9 novembre 1799, n’est autre que le 18 Brumaire de l’an VIII du calendrier révolutionnaire ? Et que s’est-il passé ce jour-là ? Ni plus ni moins que la fin de la Révolution : le général Napoléon Bonaparte met fin au régime du Directoire par un coup d’État et instaure le Consulat. Autant dire qu’il ouvre la voie à sa propre dictature et met fin à la Révolution proprement dite.

Autre chose : le 9 novembre 1880, se passe un événement, peut-être pas historique, mais sacrément émouvant. Ce jour-là, après 9 ans de prison et de déportation pour son action dans la Commune de Paris, Louise Michel rentre du bagne grâce à la loi d’amnistie. Elle est attendue Gare Saint-Lazare par une foule énorme qui l’acclame aux cris de « Vive Louise Michel, vive la Commune, à bas les assassins! ». Même après 140 ans, ça réchauffe le cœur, non ?

En Allemagne, le 9 novembre est le jour du rendez-vous avec le destin. Il en porte même le nom : « Schicksaltag ».

Passons rapidement sur le 9 novembre 1848 : c’est le jour de l’exécution de député de Francfort, Robert Blum. Il avait dirigé une tentative de révolution contre la monarchie allemande et autrichienne afin que l’unité allemande se fasse dans un régime républicain. Ça a foiré.

Hitler en 1933 au congrès de son parti

Un autre 9 novembre : le 9 novembre 1923, après une soirée agitée dans une brasserie de Munich, un agitateur brave la police de la ville à la tête de 3.000 militants avec l’appui d’un certain général Ludendorff, héros de la Grande Guerre. L’agitateur s’appelle Adolf Hitler…
La veille au soir, il a fait irruption dans une réunion politique, révolver au poing, avec une centaine de ses miliciens. Ils ont pris en otage une brochette de dirigeants de la droite et les ont obligés, à la pointe du fusil, à accepter le programme d’Hitler pour prendre le pouvoir. Ça a l’air de marcher, mais, le lendemain, l’armée est prévenue et barre la route aux putschistes. Aux premiers coups de feu, c’est la débandade. Hitler et ses partisans sont emprisonnés. Hitler sera condamné à cinq ans de prison, mais libéré après neuf mois.
Pendant ce temps passé en prison, il aura eu le loisir de terminer son épais manuscrit et de le dicter à son fidèle Rudolf Hess. Il y développe son projet politique pour l’Allemagne. Ça s’appellera «Mein Kampf».

15 ans plus tard, …

Le 9 novembre 1938, Hitler et le parti nazi sont au pouvoir depuis 1933. Depuis ce moment, les Juifs font l’objet d’une politique antisémite. Les lois de Nuremberg (1935) les ont privés de nombreux droits, ainsi que de la citoyenneté allemande. Dès 1938, leurs passeports sont confisqués, ils ne peuvent exercer certaines professions et doivent déclarer tous leurs biens. Ces mesures ont pour but de pousser les Juifs à émigrer. Entre 1933 et 1938, 150 000 juifs environ auront quitté l’Allemagne. Mais le mouvement n’est pas assez rapide pour les nazis. Il faut dire que la France a restreint son droit d’asile et que les États-Unis limitent l’immigration par des quotas. Ça n’aide pas.

Au soir du 9 novembre 1938, les nazis organisent un pogrom : en Allemagne, 267 synagogues sont détruites, 7500 entreprises et commerces sont saccagés, des cimetières sont dégradés, 91 juifs sont assassinés (selon le décompte officiel, ils pourraient être plus de 1300 en réalité), plus encore du fait de suicides postérieurs, sans compter les passages à tabac et les femmes violées. En Autriche, 42 synagogues sont détruites, 27 Juifs sont tués, et les suicides sont nombreux (on compte 680 suicides à Vienne les jours suivants le pogrom).
Non sans cynisme, les nazis ont baptisé ce pogrom du surnom poétique de « nuit de Cristal », en référence au bruit du verre brisé pendant les saccages…

Puisque nous sommes en Allemagne, restons-y un moment, et faisons un grand bond dans le temps…

C’est précisément le 9 novembre 1989, un bon demi-siècle de péripéties après l’événement qui précède, que tombait le mur de Berlin. Érigé à la hâte en août 1961 pour contrecarrer l’émigration massive des habitants de l’Est vers l’Occident, et séparant au passage de nombreuses familles, ce mur aura séparé la capitale allemande pendant 28 ans.
L’exigence de liberté des peuples, confrontés à des régimes qui n’avaient plus grand-chose à voir avec les idéaux qui les avaient portés au pouvoir, aura eu raison du régime soviétique, en dépit des trop tardives tentatives de réformes menées dans les années 80 à l’initiative de Gorbatchev. Le socialisme à visage humain est reporté à une date indéterminée.

Toujours en Allemagne, mais un peu plus tôt dans le temps : c’est encore un 9 novembre, en 1918, qu’intervient l’abdication de l’empereur Guillaume II, marquant l’issue de la première guerre mondiale et donnant naissance à la république de Weimar (1918-1933), non sans douleurs.

Louise Michel sur les murs de Paris

Le même 9 novembre 1918, à Paris, tandis que Berlin en ébullition est paralysé par une grève générale, le poète combattant Guillaume Apollinaire mourait de la grippe espagnole dans sa petite chambre du boulevard Saint-Germain, entouré de ses amis Pablo Picasso, Max Jacob et Jean Cocteau.
C’était deux jours avant l’armistice. Sous ses fenêtres, on entendait dans les rues crier “A bas Guillaume !”. Il s’agissait évidemment du Keiser, pas du poète. Aux funérailles de celui-ci, le galeriste Ambroise Vollard eut ces mots historiques : « Ce qui est affreux, quand on accompagne les amis, c’est toujours les vivants qui attrapent un rhume ! » …
Ça n’a rien à voir, mais l’histoire fabrique de curieux télescopages :

Il y a 52 ans, le 9 novembre 1970 en soirée, dans sa maison de La Boisserie, à Colombey-les-Deux-Églises (Haute-Marne), Charles de Gaulle s’accorde une pause dans l’écriture de ses mémoires pour faire une réussite aux cartes. Pris d’un malaise, il meurt. En pleine réussite !
Ça n’a toujours rien à voir…

Le 9 novembre 1991, à l’âge de 71 ans, disparaissait Ivo Livi, dit Yves Montand, chanteur (“Les Feuilles mortes”, “C’est si bon”, “Mais qu’est-ce que j’ai ?”, “Rien dans les mains, rien dans les poches”, “À Bicyclette”,…) et acteur (“Le salaire de la peur”, “Z”, “L’aveu”, “La folie des grandeurs”, “Manon des sources”,…)
De Gaulle n’a pas chanté Apollinaire. Yves Montand, oui.

On l’écoute C’est par ici →

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