PAS CHEZ LUI, QUOIQU’IL FASSE… par Anne Löwenthal (Nota bene : la photo n’est pas celle du garçon).

Une amie me raconte. Son fils de 16 ans, bon étudiant, scout, jobiste, a réussi son année et s’en va vendredi fêter ça avec un ami. Le fils est d’origine tunisienne, l’ami d’origine marocaine. “Des arabes, quoi”, me dit mon amie.
Ils s’en vont début d’après-midi vers De Brouckere, dans l’idée de voir un film à 17h. Ils s’arrêtent à De Brouckere et décident de manger une gaufre. Ils l’achètent et s’installent (à la Monnaie). Au même endroit, de l’autre côté, il y a une bande de jeunes, une dizaine “d’arabes”, assis tranquillement.
Tout à coup arrivent une vingtaine de robocops de la police, qui encerclent, colsonnent et embarquent tout ce petit monde (mon amie a une vidéo où elle voit son fils embarqué avec les autres).
Il est 20h quand mon amie reçoit un appel qui lui annonce que son fils a été arrêté parce qu’il a participé à une émeute. Elle n’y croit pas une seule seconde, son mari va chercher le gamin, qui rentre à la maison avec des marques aux poignets, seule preuve de son récit puisque comme de coutume, on ne lui a donné aucun document, aucun numéro de PV.
Au cachot, il a dit qu’il avait mal. Un policier l’a traité, entre autres propos racistes, de fils de p***. Le gamin lui a répondu en lui demandant s’il avait vraiment fait une formation de policier pour ça, le flic a rétorqué que de toute façon, lui, il ne serait jamais rien dans sa vie. Le gamin lui a donné rendez-vous dans 10 ans.

Mais dans 10 ans, s’inquiète mon amie, elle ne sait pas où la colère aura mené son fils. Parce qu’il est évidemment en colère. C’est pas la première fois qu’il est arrêté arbitrairement. Parce qu’il est “arabe”, vu que chaque fois, il ne faisait rien, n’avait rien sur lui, n’avait rien pris.
Et mon amie me raconte qu’elle observe ce qu’on lui dit dans les médias sur ce qui se passe en France. À la télé, sur internet, on lui dit qu’elle éduque mal ses gosses, qu’ils jouent trop aux jeux vidéo, qu’ils ne sont pas assez à l’école. Elle qui travaille à mi-temps pour être là pour ses enfants. Elle dont les enfants sont de bons élèves gentils et polis avec tout le monde. Elle dont les enfants gentils et polis avec tout le monde sont en colère. Et qui ne sait quoi leur répondre, parce qu’il y a de quoi être en colère. Elle dont le travail de mère est saboté par des flics qui arrêtent son fils mineur sans aucune raison, le maltraitent et l’insultent et ne la préviennent même pas. Juste parce qu’il est “arabe”. Pas chez lui, quoi qu’il fasse, même s’il fait tout bien.

Anne Löwenthal
sur Facebook et dans l’Asympto avec son aimable autorisation.

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