Pour l’humain, contre le tout-numérique ! par Pierre Marage (Gang des Vieux et des Vieilles en Colère)

Pour l’humain, contre le tout-numérique !
Rassemblement le mardi 18 avril à 10h, place du Conseil à Anderlecht.,
Pour des guichets accessibles à toutes et à tous !

Pour prendre rendez-vous à l’hôpital, pour contacter le service des pensions, le service des impôts ou le ministère des handicapés, pour trouver une adresse, pour contacter la mutuelle et même dans certains cas le syndicat, pour contacter le CPAS ou la Commune, c’est devenu la règle : il faut passer par l’ordinateur ou le smartphone.
Sans compter que l’argent liquide disparaît, que plein d’administrations exigent des paiements par carte, que les agences et les distributeurs de billets sont fermés les uns après les autres.
Une nouvelle organisation sociale s’empare de nous, où la machine remplace l’humain.
L’idéal de cette nouvelle société : que chacun soit enfermé dans sa bulle, seul face à son écran. Et surtout pas de contacts humains – c’est trop dangereux, et ça ne procure pas de profits aux multinationales des télécoms et de la publicité ciblée.

Contre la dématérialisation des services publics

Poussée par les géants de l’informatique, de la robotique, de la finance, des technologies de l’information et de la communication, l’idéologie de la « modernisation » règne.
Télétravail, apprentissage à distance, cours virtuels, généralisation de la 5G, et aussi « dématérialisation » des services publics, c’est-à-dire remplacement des guichets et des contacts directs (y compris même téléphoniques) par le recours au virtuel et à l’internet.
Objectifs de cette dématérialisation : réduire les coûts des services publics, disloquer les relations entre travailleurs sociaux, évincer ceux qui ne parviennent pas à maîtriser les « nouveaux outils », et assurer sur tous un meilleur contrôle social.

S’occuper des gens, les accompagner, les rassurer, répondre à leurs questions, avec patience et bienveillance, quelle perte de temps !
Or le temps c’est de l’argent. Et l’argent, c’est ça qui compte ! Il faut récupérer l’argent gaspillé dans les services publics, et alléger les impôts sur les riches et les entreprises, n’est-ce pas Mesdames et Messieurs les ministres ?
Tout ceci n’est pas neuf, mais la crise du Covid a formidablement accéléré le mouvement, qui semble devenir irrésistible.
Dans l’optique des milieux financiers, technocratiques et politiques, le recours au virtuel doit devenir la norme.
Nous exigeons au contraire que la norme soit le face-à-face, avec plus de guichets, plus d’accès aux conseils, plus d’échanges, plus de solidarité.

Les « invisibles » du numérique : vieux, pauvres, illettrés, …

Une action du Gang : l’enterrement de St Vioque

Les victimes du tout-numérique : celles et ceux qui ont des difficultés avec l’écrit, et celles et ceux qui n’appartiennent pas à la culture du numérique, en premier lieu les Vieilles et les Vieux.
Sans compter que le tout-numérique coûte cher, très cher : équipements, abonnements, plus les amendes et intérêts de retard quand on n’est pas parvenu à pénétrer dans le système, plus le renoncement à des avantages auxquels on a droit, à cause de la complexité du système.
La déshumanisation galopante crée de nouveaux fossés sociaux et génère des exclus en masse.
Ces exclus sont, bien sûr, des invisibles de notre société : pauvres, vieux, personnes en situation de handicap, malades chroniques, sdf, sans-papiers, femmes seules avec enfants, immigrés récents, exclus du système scolaire, chômeurs sans formation, personnes illettrées ou peu lettrées, ou encore personnes – notamment personnes âgées – en rupture avec la fuite en avant technologique.

Autant de catégories dont les puissants du monde économique, du monde politique, du monde académique, les notables et les technocrates ne se soucient pas, qu’ils ne voient tout simplement pas.
Comme ils n’avaient pas vu, comme ils ne se sont pas souciés des Vieilles et des Vieux des Maisons de Repos au moment de la crise du Covid : enfermés sans soins, oubliés, abandonnés, livrés à la mort en masse !

Contrairement à ce qu’on veut nous faire croire, cette évolution nocive n’est pas irrésistible.
A nous de résister !

Pierre Marage (dans le journal du Gang des Vieux et des Vieilles en Colère).

Contre l’ordonnance du gouvernement bruxellois !

Le Gang des Vieux en Colère a rejoint la Plateforme commune à plus de 200 associations pour exiger le rejet de cette ordonnance discriminatoire.
En instaurant le numérique par défaut dans les rapports entre citoyens et services publics, le ministre de la transition numérique Bernard Clerfayt et le gouvernement bruxellois plongent de plus belle dans la difficulté les 40% de la population déjà fragilisés face au numérique.

Sont concernés tous les services du gouvernement régional et des communes, ainsi que les intercommunales genre Sibelga ou Vivaqua, les asbl communales du type Senior-Service Anderlecht ou les Bains de Bruxelles, les régies communales, les CPAS, le réseau hospitalier, ou encore Iriscare qui paie les allocations aux personnes âgées. Les études montrent que, en Belgique, 46% des 16 à 74 ans sont « exposés à des vulnérabilités numériques »,sans compter les plus de 74 ans. Or le Baromètre wallon estime que 76% d’entre eux ont un faible niveau de maturité numérique.

Plus on est vieux, moins on a de maturité !

Une forte disparité liée à l’âge, à la situation sociale et culturelle des individus précipite ainsi la moitié de la population dans l’insécurité face à la santé, la banque ou l’administration.
Nous exigeons que l’ordonnance mentionne explicitement l’obligation pour toutes les administrations dépendant de la Région d’offrir à toutes et à tous des guichets physiques, avec des personnes expérimentées et accueillantes !

Nous exigeons aussi qu’elles mettent en place des lignes téléphoniques, et qu’on ne nous fasse plus attendre indéfiniment, souvent pour un résultat nul. Qu’on puisse parler à des personnes compétentes et bienveillantes !

Pierre Marage pour le Gang des Vieux et des Vieilles en Colère

https://gangdesvieuxencolere.be/

1 Commentaire
  • didier somzé
    Publié à 13:12h, 15 avril

    Total accord avec cette dénonciation de la fracture numérique.
    Mais j’ai envie d’y ajouter un autre argument : même les hyper-connecté.es ont besoin de contacts avec des humain.es dans les service publics, dans les commerces, dans la rue … si iels veulent se sentir bien, en qualité de vie.
    Les machines qui remplacent les humains, c’est démolir l’humanité aussi des jeunes, des riches, des winners, des …
    🙂

Poster un commentaire