“PUTAIN, JE VIENS DE LIEGE !” par Pierre Eyben

« Putain, je viens de Liège! »
Je ne compte plus les copains qui relayent cette délicieuse tirade.
L’identité, le sentiment d’appartenance, c’est un truc bien étrange, et on a tort parfois de laisser cela aux fâcheux. Moi aussi je suis fier par procuration d’être liégeois quand je vois Bouli Lanners porter haut nos couleurs.
J’ai le sentiment qu’il symbolise tout ce qui fait l’esprit de ma ville : la fronde, la gouaille, la solidarité. Etre “de quelque part“, c’est la première chose qui fait de nous des êtres sociaux, qui nous relie aux autres.
C’est juste que ce sentiment n’est pas moins naturel quand un footballeur né ici fait le choix de jouer pour le pays d’origine de ses parents ou quand toute une jeunesse arbore fièrement un drapeau étranger.
Je crois que c’est cela que porte si bien Bouli, le fait que l’on peut nourrir une fierté qui ne soit pas un enfermement, une forme de xénophobie refoulée, mais au contraire une réelle ouverture aux autres et au Monde. C’est l’exact opposé du nationalisme cocardier.
Grands maigres blonds, petits trapus à la peau foncée, nous qui aimons les garçons, les filles, les deux, qui n’avons pas forcément besoin ou envie de nous définir, nous dont les parents sont d’ici, de juste à coté, ou de bien plus loin, qui portons des drapeaux de toutes les couleurs sur le dos, nous qui n’aimons pas le foot ni les drapeaux, putain nous venons de Liège quoi !

Pierre Eyben (sur sa page Facebook)

2 Commentaires
  • Catherine Kestelyn
    Publié à 18:52h, 04 mars

    Moi, non, je ne suis pas Liège. Moi oui, je laisse le sentiment d’appartenance “géographique” aux fâcheux (l’affirmation de ses origines, c’est encore autre chose…).
    Parce “de Liège”, ça va plus ou moins. “De Paris”, j’imagine que ça ne passerait pas crème pour tout le monde.
    Quand j’entend “je viens de Liège”, je traduis plutôt: “je suis provincial-e… et bien contente que vous, de la capitale, vous me reconnaissiez!”

    • Semal
      Publié à 09:07h, 06 mars

      Tu sais comme moi ce que Brassens disait des clochers et de leurs admirateurs ;-). Le paradoxe, c’est certaines identités urbaines fortes (comme par exemple Liège, Barcelone et peut-être aujourd’hui Bruxelles) transcendent les identités d’origine, et dans ce nouveau creuset, sont un facteur d’intégration, d’accueil et de rencontre en permettant de s’inventer une nouvelle communauté commune, plus souple et plus ouverte que les précédentes.

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