RENDRE LA VIE IMPOSSIBLE AUX NON VACCINÉ·ES?

Il faut rendre la vie impossible aux non vaccinés“: ce titre belliqueux sur le blog de Laurent Sagalovitsch avait attiré mon attention. Le blog de celui qui se définit comme “un Juif en cavale” propose régulièrement des billets décalés, où une douce ironie tempère les coups de colère. Alors ce titre : une protestation? Le dévoilement d’une stratégie qui s’avance… masquée?
Mais non, à la lecture le constat est sans appel : il s’agit d’un premier degré, sans la moindre nuance. Tout son talent d’écriture est mis au service d’une désignation des seuls coupables, qui nous ont réduit·es à “vivre la peur au ventre, les yeux braqués sur les chiffres des hospitalisations, si vulnérables que, bientôt, au rythme où vont les choses, nous passerons nos journées et nos soirées enfermés chez nous à triple tour“. Il faut donc cesser d’écouter les “jappements d’individus froissés dans leur liberté individuelle” et passer aux choses sérieuses: “La plaisanterie a assez duré. Le temps des obligations vaccinales ou des sanctions financières est advenu“.

Du 3G au 2G+

Si ce n’était que le coup de sang d’un blogueur, on pourrait se contenter d’un soupir navré. Mais on sent bien une ambiance qui monte, qui monte, celle d’un clivage absolu, qui ne peut que radicaliser les deux camps – car il n’est pas question non plus de minimiser la violence de certain·es antivax. Est-il pour autant justifié de traiter en pestiféré·es l’ensemble des personnes non vaccinées, dont les motivations peuvent être très diverses?
La France avait pourtant déjà introduit le passe sanitaire dès le mois d’août, rendant la vie des non vacciné·es sinon impossible, du moins compliquée, que ce soit pour accéder au café, aux lieux culturels, à certains transports ou même à l’hôpital. L’état de santé étant en principe une question privée, les défenseurs du passe et autre CST assuraient que ce principe était respecté, puisqu’il était impossible de savoir sur quelle base l’heureux propriétaire l’avait obtenu. C’est ce qu’en Allemagne on appelle le “3G »: geimpft, getestet, genesen (vaccinés, guéris ou testés). Or voilà que, dans certaines régions les plus touchées (dont Berlin), on passe du 3G au 2G: exit la possibilité d’obtenir le sésame par un simple test négatif. Le test n’est réintroduit que comme complément à la vaccination ou la guérison, pour un 2G+ qui commence à faire son chemin. Si vous en êtes resté·es aux débats autour de la 5G, il est temps de vous remettre dans l’actualité…

Priorité des soins

Mais voilà que d’autres voix s’élèvent pour exclure encore davantage les personnes non vaccinées de notre humanité commune. Ainsi Patrick Loobuyck, ce professeur de l’Université d’Anvers qui, estimant la vaccination obligatoire éthiquement discutable, propose une “meilleure” idée: que les non vacciné·es prennent leurs responsabilités et sachent que “dans une situation d’urgence en tant que patient Covid, ils ne seront pas prioritaires par rapport aux personnes qui ont été vaccinées“.
L’idée peut paraître à première vue d’une (effrayante) logique. Mais c’est quoi la prochaine étape? Une priorité aux malades qui ne fument pas, ne boivent pas, ne mangent pas les saloperies qu’on nous fait avaler? Et en cas d’accident, une priorité aux blessé·es n’ayant pas commis d’infraction par rapport à celleux qui n’auraient pas respecté la limitation de vitesse?
Et pourtant le même professeur estime que “Ce ne sont pas les non-vaccinés qui sont les principaux responsables de cette crise. Le principal coupable est le gouvernement, qui n’a pas su protéger les citoyens et le fonctionnement des hôpitaux“. Mais s’en prendre aux “principaux responsables” est sans doute plus compliqué et ne libère pas beaucoup de lits.
D’autres n’attendent pas ces “idées innovantes” pour passer à l’action : ainsi on entend des témoignages de personnes non vaccinées à qui un médecin refuse des soins. Décidément, le Covid n’atteint pas seulement les poumons, et un Covid long pourrait, à terme, empêcher toute une société de respirer.

3 Commentaires
  • Philippe Malarme
    Publié à 11:29h, 06 décembre

    Si la vaccination est indispensable à la survie de l’humanité, il faut la rendre obligatoire, au terme d’un débat public, franc et ouvert. Ce qui est inacceptable aujourd’hui est que cette vaccination n’est pas obligatoire et que nos gouvernants persécutent des gens qui n’ont commis aucun délit. Quand une démocratie exclut des citoyens de la société au seul motif de leurs convictions intimes, cette démocratie est en grand danger.

  • Irene Kaufer
    Publié à 18:15h, 05 décembre

    Je comprends bien que la question se pose, mais comment y répondre concrètement ? Lorsqu’un‧e malade arrivera à l’hôpital, va-t-on ? Deux doses ? Trois doses ? Et si pas de vaccin, renvoyer la personne… où ? Chez elle ? Et si l’admission doit se faire « au mérite », imaginons la situation suivante : A n’est pas vacciné, mais il prend beaucoup de précautions dans sa vie de tous les jours. Son frère B est vacciné et se sentant « libéré », il fait la bringue en oubliant masque et distanciation après quelques verres.
    A et B se retrouvent et comme ils ne se sont plus vus depuis longtemps, ils tombent dans les bras l’un de l’autre. Manque de bol : B était positif. Tous deux tombent malades. Alors, il serait “éthique” de privilégier B par rapport à A ?
    Certes c’est un cas particulier, mais cette maladie est faite de cas particulier, et des études commencent à confirmer ce qu’on pouvait penser intuitivement (et constater dans la vie de tous les jours) : les personnes vaccinées ont eu, plus que les autres, tendance à abandonner les précautions, du moins pendant un certain temps.

  • Catherine Kestelyn
    Publié à 12:09h, 05 décembre

    J’ai décidé de prendre la 3ème dose, PAS pour dynamiser mes anticorps
    mais pour DIMINUER ma participation à LA CIRCULATION du virus
    (bien vaccinée, on est moins susceptible d’être contaminée, et la charge virale qu’on transmet éventuellement, même en restant asymptomatique, est moindre).
    ‼️Refuser le vaccin me choque dès lors de plus en plus‼️ (Sauf contre-indications médicales, bien sûr)
    Guillaume de Stexhe soulève en outre la question de la “priorisation des soins”: https://www.facebook.com/Guillaume.de.Stexhe.52
    Ca vaut la peine de lire sa réflexion.

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