ROBY COMBLAIN EXPOSE À WAVRE DU 14/1 AU 11/2

Je connais Roby depuis nos seize ans. Avec un certain Marco, ils escaladaient les trains de marchandises à l’arrêt, sur une voie de chemin de fer à l’arrière d’un terrain de sport à Ixelles, et se faisaient des plans nocturnes à la “hobo”, les cheveux au vent, les poings dans les poches, avant de revenir en auto-stop des plus improbables gares de Wallonie, et parfois même de l’extrême frontière des cantons rédimés.
Mais peut-être que je mélange tout, ou que j’ai rêvé tout cela, ou que c’était un autre Roby dans un autre train à l’arrière d’un autre terrain de sport.

Ce dont je suis sûr, par contre, c’est que c’est Roby Comblain qui a imaginé et construit le décor malin d’Odes à ma douche, pliable comme une tente de camping nomade, aussi efficace dans d’étroits cabarets cagneux que sur des scènes patriciennes de dix-huit mètres de large, et que j’ai même transporté un été jusqu’à Marseille, sur le seul porte bagage d’une petite Volkswagen gonflée au diesel.

Après des études de scénographie à La Cambre, Roby venait de travailler quelques années dans les ateliers de fabrication des décors de la Monnaie.
Nous y avions récupéré quelques chutes de toiles opératiques et quelques dorures de fonds de poubelle en marbre bourgeois, pour construire nous-mêmes notre salle de bain prolétarienne, dont nous avions ornementé au pinceau et à genoux chaque losange du papier peint, comme deux moines copistes vaccinés au LSD.

Mais Roby avait déjà aussi son jardin secret d’artiste plasticien, comme ces cailloux poétiques et farceurs qu’il gravait à l’encre de Chine de fines rayures organiques et concentriques, avant de les abandonner dans l’herbe, comme les vestiges préhistoriques d’une civilisation à venir, ou comme les œufs de Pâques d’un étrange archéoptéryx.

Depuis une vingtaine d’années, Roby Comblain s’est également mis à la gravure, sur une de ces presses à bras qui semble venir du fond du Moyen-Âge, sur le dos pachydermique de quatre chevaux brabançons.
Et depuis 2019, il a ouvert autour d’une de ces étranges machine de guerre, d’une pointure encore supérieure, un grand atelier d’artiste, qu’il partage avec d’autres créateurs, et qui semble avoir démultiplié par dix son pouvoir créateur et sa productivité. De quel château imaginaire ce trébuchet fait-il ainsi quotidiennement le siège ?

Lui qui faisait surtout dans l’ironique, le minuscule et le décalé, il ose à présent des eaux fortes monumentales, joue sur les matières, les transparences et les superpositions, les formes colorées et les compositions oniriques, comme s’il se donnait enfin le droit d’être un artiste à part entière, sans se départir de cet humour et de cette poésie qui resteront à jamais sa marque de fabrique.

Allez donc à la rencontre d’un artiste au sommet de son art, et saluez-le de ma part.

Claude Semal, le 11 janvier 2023.

Roby Comblain à la Plateforme du 14/1 au 11/2 2023
21 rue du Chemin de Fer (tiens, tiens)
Wavre
Horaires Me et Ve 15 h -18 h et Sa 13h30 – 16h30

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