SEPT TECHNIQUES POUR RENDRE LA LANGUE PLUS INCLUSIVE par Caracoulie

J’ai eu la chance de suivre un atelier sur “l’écriture inclusive”, donné par Irène Kaufer, autrice et journaliste, lors du festival Féministe toi-même le 13 novembre 2021. Mes apprentissages, simples et concrets, m’ont donné envie de les partager.

D’emblée, clarifions deux idées reçues sur l’écriture inclusive:
Le défi ne consiste pas seulement à améliorer l’inclusivité de la langue française à l’écrit, mais aussi à l’oral. On peut donc parler de “langue inclusive” plutôt que d’“écriture inclusive”.
La langue inclusive ne se réduit pas à mettre le féminin sur pied d’égalité avec le masculin: elle vise à inclure aussi les personnes non binaires.

Comment rendre la langue française plus inclusive?

Supposons que j’écrive un discours à l’intention d’étudiants. Comment m’adresser à l’ensemble de la classe, c’est-à-dire tant aux étudiants, qu’aux étudiantes et aux personnes qui ne se reconnaissent ni dans le féminin ni dans le masculin de ce mot?
Différentes techniques peuvent m’aider. Elles n’incluent cependant pas toutes les personnes non binaires. Preuve que la langue peut toujours s’améliorer en évoluant…

Ces sept techniques sont donc inventives, vivantes, complémentaires.

1. Le dédoublement
Répéter le mot au masculin et au féminin. L’inconvénient de cette technique est qu’elle n’inclut pas les personnes non binaires. Cette technique peut aussi alourdir et allonger mon propos.
Exemple: chers étudiants, chères étudiantes

2. Le point (médian)
A l’écrit, l’utilisation du point (idéalement, médian — j’utilise un point normal par facilité) est la manifestation la plus visible de l’inclusivité. Toutefois, cette technique n’inclut pas non plus les personnes non binaires, et est parfois difficile à lire ou prononcer.
Exemple: un.e étudiant.e, les étudiant.es

3. Les mots épicènes
Les mots épicènes neutralisent la différence de genre. Il s’agit notamment des mots en -iste et -aire: artiste, journaliste, notaire… Ainsi que plein d’autres mots comme personne, collègue, adulte, élève, architecte… On peut les utiliser à la place de mots genrés.
Exemple: les étudiants et les étudiantes → les élèves

4. Les néologismes
Les usager.ères de la langue inclusive savent faire preuve d’inventivité. Certains nouveaux mots sont déjà entrés au dictionnaire, comme “iel” (il + elle), entré dans Le Petit Robert en octobre 2021.
Autres exemples: celleux (celles + ceux), les auditeurices, toustes

5. L’accord de proximité
Pourquoi systématiquement accorder au masculin un ensemble de noms féminins et masculins? L’accord de proximité consiste à accorder les adjectifs et participes passés avec le substantif le plus proche dans la phrase, qu’il soit masculin ou féminin.
Exemples: J’ai rencontré un groupe d’étudiants et étudiantes passionnées. Nous avons discuté du réalisateur et des actrices qu’ils ont interviewées.

6. La mise en avant
Certaines catégories de personnes sont systématiquement présentées au masculin ou au féminin. La mise en avant permet de rendre visible la minorité qui les compose également.
Exemples: Les infirmières, dont des hommes, ont manifesté pour leurs droits. Les ouvriers, parmi lesquels des femmes, ont terminé le chantier en une semaine.

7. L’alternance
L’alternance vise à varier les genres dans une énumération, afin que globalement l’ensemble du public soit inclus.
Exemple: Les étudiantes, les parents, les professeures, les collègues, les assistants, ont assisté à la conférence.

Conclusion
Ce bref aperçu de la langue inclusive mérite d’être approfondi. Notamment pour apprendre à varier les techniques dans le discours, qu’il soit écrit ou oral, afin de conserver un propos clair, cohérent, et compréhensible.
Je termine par une citation d’Aurore Vincenti, linguiste et autrice aux éditions Le Robert : “La langue est politique et le maniement de la langue est politique”, via Les Glorieuses.

Si ça vous a donné envie d’aller plus loin, ces médias sont rédigés en langue inclusive:
Les Inrockuptibles, Axelle Magazine, Les Glorieuses et tant d’autres, sûrement… On se retrouve en commentaires pour vos suggestions.

Caracoulie

NDLR : J’ai trouvé ce texte la semaine passée en faisant une recherche sur l’écriture inclusive, et comme on y relatait l’enseignement d’Irène, je me suis dit que cela devrait intéresser les “lecteurices” de l’Asympto ;-). Mais j’ai perdu la trace de la source. Mes excuses donc à Caracoulie, qui est très probablement un “pseudo”. Par ailleurs, je ne sais de qui est la photo qui illustre ce texte, mais elle a été prise en Belgique, et c’est la chanteuse Isabelle Bonnadier qui chevauche intrépidement la botte de paille (C.S.)

1 Commentaire
  • Jean Deroubaix
    Publié à 21:04h, 25 février

    “Ce bref aperçu de la langue inclusive mérite d’être approfondi. Notamment pour apprendre à varier les techniques dans le discours, qu’il soit écrit ou oral, afin de conserver un propos clair, cohérent, et compréhensible..”
    Le résultat n’est pas la hauteur de l’objectif, généralement les formules proposées entraînent davantage de confusion, d’incohérence. Les étudiants ou étudiantes ne sont pas des élèves.
    “Nous avons discuté du réalisateur et des actrices qu’ils ont interviewées.” ne permet pas de préciser qui a interviewé les étudiantes ?
    Quand je m’adresse à une classe d’étudiants. Je m’adresse aux étudiants et aux étudiantes mais jamais je n’ai eu l’impression d’exclure les non binaires (des anges ?) Mas étudiants sont des personne qui étudient. Point à la ligne.

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