Ier MAI, LA BOUM DES PARENTS

Depuis plusieurs mois, le mouvement citoyen « Trace ton Cercle / Teken Je Hart » agit dans plusieurs villes de Belgique pour protester contre le confinement de la jeunesse, et permettre son accès aux activités culturelles, aux activités sportives et aux mouvements de jeunesse.

Ces parents courageux étaient également présents le premier mai à la BOUM 2, au Bois de la Cambre, pour tenter d’éviter, par le dialogue avec toutes les parties, que ne se reproduisent les violences qui avaient ponctuées la BOUM 1.
Plusieurs dizaines d’entre eux avaient ainsi formé une chaîne humaine entre les forces de police et les jeunes rassemblés dans la prairie.
Malheureusement, contrairement à d’autres villes, comme Liège, ou à d’autres communes, comme Ixelles, le Bourgmestre de Bruxelles avait visiblement décidé d’en découdre par la force avec ses “boomers”.
Quand on mobilise entre 600 et 700 policiers déguisés en « robocops », avec leur habituelle armada d’autopompes, de cavalerie et de chiens d’attaque, c’est rarement pour pogoter dans les combis et bavarder en prenant le thé.
Virginie Van Lierde, une des cofondatrices du mouvement, a même reçu, comme des dizaines d’autres personnes, un jet de gaz invalidant en pleine figure, alors qu’elle tentait de calmer une situation particulièrement tendue dans une rue proche du rassemblement. Plusieurs vidéos montrent ainsi, sur les réseaux sociaux, jusqu’à quinze policiers s’acharnant sur un jeune précipité par terre. Des scènes de rue qui, dans l’imaginaire collectif, évoquaient plutôt jusqu’ici la brutalité des dictatures latino-américaines.
Les photos qui illustrent ce témoignage sont d’Eric’s Groove Page (sauf les photos de l’agression de Virginie, qui sont des captures d’écran vidéo).

Témoignage de Virginie Van Lierde, co-fondatrice de « trace Ton Cercle / Teken Je Hart »

Ce soir, pas moyen de dormir.
Alors, je pourrais vous poster la photo de ce jeune casseur qui veut en découdre avec la police et que j’implore du regard de ne pas le faire avant de nous retrouver au centre de la bagarre. Je pourrais aussi vous partager les vidéos de mes amis qui se font gazer ou de ceux qui reçoivent des coups de matraques mais je préfère vous partager cette chanson d’espoir.
Que l’on soit d’accord ou pas avec l’action, des rassemblements ont eu lieu à plusieurs endroits en Belgique.
Trace Ton Cercle / Teken Je Hart a posé le choix d’être présent pour essayer de faire le maximum pour éviter d’éventuels débordements, d’un côté comme de l’autre.

Faisons le déroulé de l’après-midi: avant 16 heures, tout est calme, il y a des familles, les jeunes sont entre eux, ils dansent et ont besoin de se retrouver comme on l’a vu sans heurts à Ixelles chez Christos Dulkeridis ou à Liège.
Des stewards sont déjà passés, des policiers aussi. Tout est calme sauf un ou deux groupes qui sont là pour chercher la bagarre. Un ou deux. Et de fait, ils commencent à provoquer des incidents quand la police descend en simple uniforme sur la plaine. Leurs revendications? Qu’on les laisse tranquilles boire leurs verres. Mais on sent que la tension est palpable, que l’énergie est négative.
Les drones sont envoyés. Je ne comprends pas leurs messages même si je m’en doute.
Les policiers arrivent alors en masse, en uniformes anti-émeutes renforcés. Les autopompes se placent.
Ils restent d’abord en haut de la plaine. Les jeunes continuent.
Les parents se mobilisent, font une chaîne entre la police et les jeunes. Les manifestants se positionnent devant les autopompes, certains assis, pour montrer leur contestation pacifique. D’autres debout. Encore une fois, aucune violence physique.
Aucun groupe extrémiste comme annoncé. Rien que des gens fatigués et outrés. Les 2000 jeunes sont PACIFIQUES.
Ils revendiquent leurs droits à la vie sociale et culturelle. #art 23 de la constitution belge.

Et puis, coup de téléphone du cabinet Philippe Close : ils vont charger, vous devez partir. 5 minutes avant… Impossible de prévenir. Les policiers se mettent en marche. On leur crie: “tout est calme en bas, vous allez charger des jeunes, vous allez charger nos enfants.” Ils continuent.
Ils arrivent en position en bas de la plaine, les jeunes qui veulent en découdre arrivent, des bières sont envoyées. Des pétards explosent. Des jeunes complètement masqués arrivent.
C’est une minorité. Une trentaine. Trente sur 2000.
Ils commencent à lancer des pierres sur la police. On intervient, on parle avec eux, on essaye de les raisonner. C’est impossible. Ils sont trop en colère. Ils disent: “on a le droit d’être dans un parc, c’est chez nous.

Et puis ça s’emballe. Ils prennent un tronc d’arbre et veulent l’utiliser comme arme. Et là, c’est la bagarre, d’abord entre ces jeunes qui veulent en découdre avec la police et d’autres jeunes qui veulent les en empêcher.
Et là, c’est la charge de la police. Nous regardons impuissants ce qui se passe.
Ce n’étaient même pas des extrémistes.
Si j’arrive à les toucher au sens propre comme au sens figuré, pourquoi la police n’y arrive t elle pas?
Pourquoi ne pas exfiltrer les jeunes qui posent problème?
Pendant l’heure qui suit, ce fut des poursuites incessantes. Les chevaux, les chiens, les lacrymogènes, les boucliers… un remake du 1er avril. Nous essayons de calmer les choses, de comprendre cette violence.
Il n’y a rien à comprendre. C’est un choix politique.
Des amis, des pères, des mères, se font gazer ou frapper. Des adultes pacifiques. PACIFIQUES.
Des jeunes sont blessés. Des policiers nous disent: “on est désolés, ce sont pas des gars de chez nous“, en parlant de leurs collègues. La plaine est presque vide.
Les policiers se remettent en charge, mettent des masques à gaz, sortent les chiens, que vont ils chasser? La centaine de jeunes qui reste?

Je m’adresse à un commissaire, il me dit qu’ils ont de nombreux gradés sur place , il a l’air embêté. Il doit partir en intervention et suit les maîtres-chiens. Je m’adresse donc à une femme policière. Gradée aussi. Elle me regarde avec empathie et me dit: “vous savez Madame, je suis tout en bas de l’échelle, les ordres viennent d’en haut.
Impuissants, nous partons un peu plus loin. Autre plaine, les gens, des jeunes, des citoyens, boivent un verre de façon pacifique en regardant de loin le ballet des jeunes, des policiers et des chevaux sur la plaine principale.
Tout d’un coup, nous entendons des cris: les chevaux chargent encore et cette fois ci juste à côté de nous, nous ne savons pas d’où ils viennent. Nous nous retrouvons entre deux rangs de policiers et décidons de quitter les lieux. Un chemin nous mène à une jolie rue. On débriefe un peu et voulant être raisonnable, nous passons par le Vert Chasseur pour rejoindre la voiture. Nous redevenons donc des simples passants.
Le long de la chaussée de Bruxelles , donc hors du bois, dans la belle commune de Boris Dilliès, un policier se jette sur un jeune et le frappe avec sa matraque. HORS du bois. Nous souhaitons voir ce qui se passe, nous sentons que les policiers sont extrêmement tendus, j’ai le temps de dire “je suis une mère” et nous nous faisons gazer. À 20 cm du visage. Si nous ne portions pas de lunettes, les dégâts seraient catastrophiques nous a dit le médecin consulté ce soir.

Complètement sonnés, nous nous mettons en face dans la rue. Le policier commence à provoquer les jeunes et à hurler “kom jongen kom“. Il est complètement hors contrôle. Après 15 minutes pour me remettre, je retourne vers le combi de police pour avoir le numéro de matricule du policier. Il est déjà monté. Je m’adresse donc au chauffeur. Il ne veut pas me répondre, me dit qu’il “a des choses plus importantes à faire”, veut fermer sa porte sur moi et me menace avec sa bombe de gaz (je ne sais pas comment ça s’appelle).

C’est ça notre monde?
C’est ça le monde dans lequel nous élevons nos enfants?
C’est ça Bruxelles, dans laquelle nous vivons et VOTONS?
Il faudra qu’on se lève.
Et que les esprits chagrins qui vont insulter les jeunes en disant “qu’ils ne respectent pas les hôpitaux” me communiquent une étude fiable qui parle du risque important de transmission en plein air et je suis prête à changer d’avis. Même Van Laethem m’a confirmé que le risque est infime…

Virginie Van Lierde, témoignage publié sur les réseaux sociaux.

Contact pour “Trace ton Cercle” :

https://tracetoncercle.be/fr/trace-ton-cercle

https://www.facebook.com/groups/3827603903926876

 

1 Commentaire
  • Dominique DL
    Publié à 17:21h, 04 mai

    Pour la 1ère fois de ma vie, j’ai pris le clavier, composé une lettre et écris aux parlementaires fédéraux et bruxellois. Le spectacle de la violence, de la brutalité et d’actes de torture me décidèrent à outrepasser toute considération de non-respect du parlementarisme pour leur écrire.
    Je leur demande si c’est la Belgique souhaitée; celle où la police est en roue libre !
    Les actes visionnés relevant, de mon point de vue, plus d’actes de torture que de maintien de l’ordre.

    Je leur rappelle que la Belgique a signé en 2005 « le Protocole facultatif de la Convention des Nations Unies contre la Torture (OPCAT). Elle s’est alors engagée à le ratifier, ce qui n’a toujours pas été fait à ce jour. Il n’existe en effet aucun mécanisme de prévention de la torture et des traitements inhumains et dégradants : la Belgique n’a toujours pas ratifié l’OPCAT et les organes existants pèchent par divers aspects. » (source : LDH) En conséquence , il n’y a pas de M.N.P – mesures nationales de prévention – contre la torture ni d’organes de contrôle.

    Il existe, dés lors, comme seul recours pour les victimes de violences policières et de faits de torture le Comité P dont on peut douter de l’objectivité, les nominations y étant politiques. (https://cutt.ly/DbcqOhI)
    L’ONU s’inquiète des violences policières en Belgique. ( https://cutt.ly/4bcqGGu )

    Que l’on soit d’accord ou pas avec la tenue de la Boum2 au Bois de la Cambre, les brutalités, violences, abus, les excès verbaux commis par la police sont intolérables dans un Etat de droit tel que la Belgique qui prétend être une démocratie. Le silence parlementaire et le comportement policier lui font honte.

    J’ai rassemblé 4 vidéos ajoutées au courriel.
    J’imagine qu’il n’y aura pas de réponse, sauf, celles automatiques pour dire que…..
    Dans la rase campagne serbe, au moment où j’écris ce commentaire, je suis encore traumatisée par ce que j’ai vu et continue de voir….. ces jours-ci.

    La team l’Abîme reçut un témoignage par courriel que je reproduis ici : ” «  Bonjour,
    J’ai vu votre message sur Facebook concernant les violences policières à la boom 2. Allez vous faire une action en justice concernant les violences policières ?
    Je n’ai pas d’images mais je suis actuellement hospitalisé avec le larynx fracturé et un emphysème qui compresse mes voix respiratoires suite à l’intervention de la police en fin de journée hier au bois de la cambre. En entrant dans le bois avec des amis, un fourgon de police s est arrêté en face de nous et tous les policiers sont sortis pour nous chargé à coup de matraque. J’ai eu un geste de défense avec le sac que j avais en main et ensuite un policier m a poussé violemment dans le sous bois ou j ai fini ma course sur une souche d’arbre d ou mes blessures. Suite à l incident je suis maintenant menacé de rébellion sur agent avec une arme.
    Pourriez vous m’en dire plus sur vos démarches et si mon témoignage peut être utile, n’hésitez pas à me contacter. G”

    Un texte accompagne une vidéo de 6 secondes : ” Bonjour à tous, hier ma famille et moi avons été témoins d’un acte grave. Nous étions sur le chemin reliant le bois à l’avenue Victoria, des flics ont commencé à charger à cheval, un policier a délibérément suivi ce pauvre homme qui tentait de s’échapper à travers les rondins de bois. Il s’est fait piétiné sur deux mètres, le dos cassé sur les rondins. Nous étions à 2m de lui, mon beau père médecin lui a porté secours, ma maman lui a tenu la main jusqu’à l’arrivée des ambulanciers. Pendant que moi j’essayais d’écarter les flics qui essayaient encore de nous attaquer avec un grand sourire au lèvre. L’homme est actuellement hospitalisé et a sûrement des côtes cassées et enfoncement du thorax. SCANDALEUX” !! N.L

    il lui sera répondu : ” Mon ami et moi en avons été témoins. Je marchais à côté du garçon quand c’est arrivé. Tentative d’homicide involontaire. ” F.G.

    la victime écrira : ” ” Bonjour, c’est moi. J’ai 2 côtes cassées et mon sternum est cassé. Donc si quelqu’un a des vidéos à ce sujet, envoyez-les moi s’il vous plaît. Je veux aussi dire un grand merci à toutes les personnes qui m’ont aidé immédiatement ” S.M.

    Et puis ce dernier exemple s’il est possible de la qualifier de la sorte
    https://cutt.ly/wbci0rr (le commentaire ci-dessous sera écrit en flamand, je l’ai traduit)

    les arrestations se passent hors du bois dans l’entourage et peuvent être le fait d’arrestations arbitraires

    « L’évacuation du Bois de la Cambre, le béton armé. De tous les films de violences policières d’hier celles où le sadisme est clair, les plus dramatiques, marquantes, obsédantes dans un Etat de droit. A partir de 0.44 commence la saloperie. Ne laissez pas passer cela si vous connaissez un politicien. Envoyé à tous les réseaux et agences de presse parce que ceci doit cesser » D.T.

    Alias Libra Sphera

    Si vous passez par ici, prenez vos claviers, écrivez aux parlementaires, il faut qu’ils et elles sachent…. et n’en dorment plus comme les nombreuses victimes ou témoin visuel comme moi !

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