UN JOUR DE NUAGES

Nous sommes le 29 mars 2023.

Il y a un an, le 29 mars 2022, quelque 600 jeunes d’une commune de Seine-et-Marne se sont allongés sur l’herbe pour décrire les nuages.
Sur proposition de l’auteur et avocat Mathieu Simonet – et à l’instigation de la médiathèque départementale – les écoles, collèges, lycées, médiathèques, universités, entreprises, et tous les citoyens, étaient invités à participer à cette performance, seul ou à plusieurs. Il suffisait de s’allonger sur l’herbe et d’écrire sur un bristol ce que l’on voyait en regardant les nuages.
Le 29 mars, la commune de Saint Soupplets s’est mobilisée pour créer un “Observatoire international des nuages” : la circulation a été interrompue sur le territoire de la commune pour permettre ce geste poétique et politique : 600 jeunes se mobilisant pour défendre le statut juridique des nuages.
Les fiches bristol réunies ont été jointes à une pétition transmise à l’ONU pour demander la mise en place d’une réglementation internationale et à l’UNESCO pour proposer l’entrée des nuages dans le patrimoine mondial.

Le maire de la commune a participé et co-signé la lettre pour l’instauration d’un statut juridique des nuages et l’institution d’une « journée internationale des nuages » le 29 mars.
Les jeunes ont ensuite fait une chaîne humaine pour se passer la lettre pour l’ONU jusqu’à la boîte aux lettres du village, renouvelant le geste de la flamme olympique.
Raconté comme cela, ça n’a pas l’air bien sérieux. Pourtant, la question de savoir à qui appartiennent les nuages ne date pas d’hier. Elle se serait notamment posée dans les années 1940 lorsque les États-Unis ont, pour la première fois, fait pleuvoir un nuage au-dessus de l’État de New York en l’ensemençant d’iodure d’argent. Les Canadiens auraient alors protesté en déclarant que les Américains leur avaient « volé un nuage » !
Il n’existe, à ce jour, aucune législation encadrant les nuages, alors que ceux-ci peuvent être manipulés à des fins nocives, voire malveillantes. Ainsi, pendant la guerre du Vietnam, on a utilisé les nuages pour en faire une arme de guerre : en les faisant pleuvoir, on pouvait ralentir le déplacement de l’adversaire, ou encore provoquer une inondation.

Plus innocemment, mais tout aussi irrespectueusement, divers pays dépensent des budgets conséquents afin de manipuler les nuages pour des raisons variées : combattre la sécheresse, obtenir un ciel bleu pour les Jeux Olympiques, etc.
Ces pratiques soulèvent bien des questions : à qui appartient l’eau des nuages ? ces manipulations ont-elles un impact sur le dérèglement climatique ? comment peuvent-elles être encadrées juridiquement ?
Question subsidiaire : les États les plus riches pourraient-ils un jour s’approprier les nuages, et en particulier l’eau qu’ils contiennent ?
Cette année, c’est Clermont-Ferrand qui célèbre la journée mondiale des nuages. Des centaines d’enfants sont invités à les regarder et les décrire. L’objectif est de reproduire cette opération tous les ans jusqu’à ce qu’une réglementation soit mise en place et jusqu’au classement UNESCO.
Une perruche, une baleine, un djinn, un édredon… les formations nuageuses ne cessent de générer des images potentielles et leur observation est propice à stimuler l’imaginaire.

Les humains observent probablement les nuages depuis la nuit des temps. Leur observation nous a appris que certaines formes nuageuses annoncent la pluie tandis que d’autres sont signe de beau temps. Pourtant, ce n’est qu’en 1802 que Luke Howard, pharmacien britannique de son état, devenu un météorologiste de renom, proposera le premier système de nomenclature pour les nuages.
Et il faudra attendre les années 1880 pour que l’Écossais Abercromby, fasse deux fois le tour de la planète, photographiant les nuages de Tenerife, Londres ou Madère pour que l’on sache enfin que les formations nuageuses sont les mêmes partout dans le monde.
Petite parenthèse personnelle : au cours de mes années d’écoles, on m’a maintes fois reproché d’avoir ‘’la tête dans les nuages’’. Aujourd’hui, j’en suis plutôt heureux et fier.

Tout autre chose.

C’est aujourd’hui la Saint Archibald.
Bonne fête donc au capitaine Haddock (prénommé Archibald) et à Archibald Gripsou, le jumeau maléfique de l’oncle Picsou. Pensée pour Cary Grant (pseudo d’Archibald Alexander Leach). Et bonne fête à tous les Archibald qu’on oublie.
Puisque c’est la Saint Archibald, on ne saurait se passer d’écouter “Oncle Archibald” cette chanson que Brassens reconnaissait comme l’une de ses préférées.
Et comme l’écrivait Boris Vian : «Avez-vous Oncle Archibald, vous, les amateurs de chansons ? Et avez-vous été à l’Olympia écouter Brassens ?… Non ? Alors fermez-la !» (Boris VIAN, Le Canard enchaîné, 29 octobre 1958)

André Clette

On l’écoute…
C’est par ici : →

 

Il y en a un peu plus, je vous le mets quand même :

Qui aimes-tu le mieux, homme énigmatique, dis ? ton père, ta mère, ta sœur ou ton frère ?
— Je n’ai ni père, ni mère, ni sœur, ni frère.
— Tes amis ?
— Vous vous servez là d’une parole dont le sens m’est resté jusqu’à ce jour inconnu.
— Ta patrie ?
— J’ignore sous quelle latitude elle est située.
— La beauté ?
— Je l’aimerais volontiers, déesse et immortelle.
— L’or ?
— Je le hais comme vous haïssez Dieu.
— Eh ! qu’aimes-tu donc, extraordinaire étranger ?
— J’aime les nuages… les nuages qui passent… là-bas… là-bas… les merveilleux nuages !

Charles Baudelaire, Petits poèmes en prose, 1869

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