UN MUSÉE DES ÉCHAFAUDAGES AU PALAIS DE JUSTICE

C’est Mathieu Michel, le surdoué secrétaire d’Etat numérique de la famille qui a perdu son « chat », qui vient de l’annoncer officiellement. Un Musée des Échafaudages sera prochainement créé au Palais de Justice de Bruxelles.

« Un Musée en plein air, afin d’être aux normes corona », a précisé le sémillant secrétaire d’État, avant de traduire aussitôt la phrase en flamand : « Corona buiten Museum is good for prosit ».
Monsieur Mathieu Michel a bien voulu préciser son projet à l’Asympto : « Avec nos 17.000 mètres carrés, nous avons déjà, Place Poelart, le plus grand échaudage du monde. Après quarante ans, il fait aujourd’hui un peu partie du patrimoine archéologique bruxellois. Ce sera notre Tour Eiffel à nous. De là-haut, la vue est magnifique. On peut même voir mon bureau. ».
Toujours pragmatique, le benjamin de la famille MR a tenu à préciser : « Bien sûr, nous avons déjà l’Atomium. Mais c’est à Laeken, à côté de Kinépolis, et ça ne sert à rien d’envoyer les touristes là-bas. C’est juste un bête parc. Alors qu’à deux pas de la Place Louise, ce sont tous les petits commerces et les coiffeurs du haut de la ville qui vont être redynamisés par notre Musée des Echafaudages. Ils en ont bien besoin en ces temps difficiles».
Dans un premier temps, le gouvernement fédéral avait débloqué un million et demi d’euros pour réparer les échafaudages précédents (Les Echos, 15 mars 2021).
Mais contrairement à ce qui était prévu, ce million et demi ne pourra pas être ponctionné sur les Fonds Européens Corona, car « les échafaudages sortent du Plan de Relance » (Le Soir, 26 mars 2021).
Dès que ce détail budgétaire sera réglé, un échafaudage géant sécurisé sera construit à côté de l’échafaudage « historique », pour permettre aux touristes et aux enfants de la Ville de Bruxelles de découvrir cette perle rare de notre patrimoine architectural.
Ces petits visiteurs intempestifs ne risquent-ils par de perturber le bon déroulement de la Justice ? « Pas du tout », a précisé Monsieur Michel Junior, « il faut rapprocher la Justice des gens, et donc aussi rapprocher les gens de la Justice. Il est bon que les futurs délinquants découvrent très tôt là où ils seront jugés. Comme vous le savez, je suis également Secrétaire d’État à la Simplification Administrative ». On le sait.
Selon une étude encore à réaliser, le chantier pourrait être terminé autour de 2040. Mais en cette matière, on le sait, le conditionnel est parfois de rigueur.

Claude Semal, le 1er avril 2021.

 

Sur le même (inépuisable) sujet, voici ce que ce que j’avais déjà écrit en 2014. Le MR, décidément très inspiré par la question, avait alors pour projet, pour masquer les dits échafaudages, d’y suspendre une photo géante du Palais de Justice.

 

Échafaudages

Pendant trente ans, l’excellent Jean-Claude Defossé s’est rendu indispensable en comptabilisant nos multiples « Grands Travaux Inutiles ». Des tronçons d’autoroute tombés dans une faille spatio-temporelle, des gares qui ne connurent jamais ni trains ni voyageurs, des ponts gigantesques enjambant le néant pour aller vers nulle part, des stations de métro enfouies et oubliées comme de quelconques iguanodons de Bernisart.
La Belgique a une autre spécialité, cousine de la première : les « Grands Chantiers Perpétuels ».
Comme le Trou de la Place Saint-Lambert, à Liège, qui résista pendant plus de vingt ans à son comblement, où la malheureuse autoroute E441, qui n’échappe aux champs de nids de poule, façon Sarajevo, que pour se transformer en piste de karting, catégorie « caravanes et poids lourds ».
Mais en cette belge matière, rien n’égalera jamais le Palais de Justice de Bruxelles, qui masque depuis plus de trente-deux ans, sous sa mantille d’échafaudages, la pharaonique schieven architecture de Joseph Poelaert.
Selon Laurent Vrijdaghs, président de la Régie des Bâtiments, les travaux de rénovation « pourraient commencer en 2017 » (admirez au passage le conditionnel) « pour se terminer en 2027 » (on n’est, certes, plus à dix ans près) (L’Echo, 3-10-2014).
A défaut de rénover la façade, on avait décidé, en 2013, de rénover… les échafaudages de 2005 (qui remplaçaient déjà ceux des années ’80). Alain Courtois, premier échevin de la Ville de Bruxelles, a trouvé une « solution » : cacher les échafaudages sous une immense bâche… illustrée par une photo du bâtiment original (Le Soir, 23-4-2014).
Une excellente idée, bien dans l’esprit de tout ce qui précède.
En espérant qu’on ne doive pas, dans dix ans, construire un échafaudage sur l’échafaudage, pour restaurer la bâche.

Claude Semal, 2014.

Pas de commentaires

Poster un commentaire