UNE BUVETTE DE FOOT AU GOÛT AMER par FABIEN LAFONTAINE.

Hier, j’ai passé un moment très malaisant dans une buvette de foot.
Je m’installe à une table, face aux vitres qui donnent sur le terrain, avec une pile de copies que je vais essayer de corriger tout en zieutant le match de mon cadet.
Au coin du bar, comme dans tout club, une poignée d’habitué.es, la cinquantaine et davantage, venu.es passer l’après-midi. L’un d’eux, son smartphone à la main, s’applique à sa tâche de cerbère avec une célérité et un sérieux un peu flippants.
Avant le début du match, un jeune joueur vient chercher un sucre parce qu’il ne se sent pas très bien. La dame derrière le comptoir lui en donne un et l’observe. Au bout de deux minutes, elle lui dit sèchement : « Si tu es malade, tu ne peux pas rester ici. Tu vas nous contaminer. Tu dois aller dehors, dans ton vestiaire. » Et voilà, le gamin, illico presto, foutu dehors, son sucre à moitié sucé à la main. Il pouvait bien aller s’effondrer seul dans les douches ou les cuvettes tant que ce n’était pas à la buvette …
Ensuite, ils rient gras d’un homme qu’on distingue à peine dans la brume de l’autre bout du terrain. Ils se moquent de lui parce qu’il n’est pas vacciné et ne peut donc pas pénétrer dans le Saint des saints. Ses esgourdes doivent sacrément siffler car il s’en prend plein la tronche … l’ancien copain devenu galeux.
Je dois avouer que je commençais à saturer grave de l’atmosphère vichyste et des paroles poisseuses de bêtise. Je décidai de prendre l’air …
Une dernière absurdité m’a prestement fait déguerpir sans même envisager un godet de fin de rencontre. Le match fini, un papa ouvre la porte et, sur le seuil, demande un sparadrap. Le cerbère dégaine sa machine et lui demande son pass. Le papa lui dit qu’il souhaite juste un sparadrap. Le cerbère lui répond qu’il doit d’abord le scanner et qu’après, il pourra aller au bar demander un sparadrap … Il y a deux mètres entre la porte et le comptoir … autrement-dit, un fossé d’une connerie abyssale.
Il a un arrière goût assez dégueulasse le monde d’après … Une amertume qui me dit qu’on ferait bien de le recracher vite fait bien fait …

Fabien Lafontaine (sur Facebook) le 12 novembre

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