UNE DEMI-HEURE PLUS TARD, ÉRIC ÉTAIT SUR PLACE, AVEC NOUS. par Leïla Chaibi

Mon camarade Éric Coquerel fait l’objet de calomnies qui ont pris de l’ampleur ces derniers jours au point d’être reprises par les médias depuis son élection à la présidence de la commission des finances de l’assemblée nationale.
Je suis en colère.
En colère de voir se voir son nom sali par des accusations sans fondement, par ceux qui ne sont pas capables de l’affronter sur le terrain de l’argumentation politique.
En colère d’assister à l’instrumentalisation de la lutte légitime et nécessaire contre le harcèlement et les violences sexuelles, qui est une insulte aux victimes de violences et porte en elle le risque de discréditer ce combat.
En colère parce que j’ai été personnellement témoin des manœuvres visant à discréditer Eric Coquerel sur la base d’accusations sans fondement.
En colère car je ne veux pas d’une société où les rumeurs sur les réseaux sociaux font office de tribunal populaire, je ne veux pas de la présomption de culpabilité, où il suffit de lancer une rumeur sur la base d’une affabulation pour briser la vie de quelqu’un.
La première fois que j’ai croisé Eric Coquerel c’était il y a 13 ou 14 ans. Ca m’a marquée et je m’en souviens bien. Il m’avait dit « Bonjour, Eric Coquerel, chargé des relations unitaires pour le Parti de Gauche ». Il m’avait regardée droit dans les yeux avec l’air de dire « et toi qui es-tu, ça m’intéresse vraiment ». « Enchantée. Leila Chaibi, de la délégation du NPA ».
J’aurais pu oublier ce premier échange qui peut paraître on ne peut plus banal vu de l’extérieur. Mais cela m’a marqué car ce n’était pas la norme. Je faisais mes premiers pas dans le militantisme partidaire et je m’étais retrouvée dans cette réunion de chefs à plume. Pas très l’aise, très impressionnée, le syndrome de l’imposteur à son paroxysme au milieu de ces responsables politiques à qui je n’avais jamais parlé mais dont j’entendais les noms tous les jours. La norme aurait voulu que le chef des relations unitaires du Parti de gauche fasse comme les autres dirigeants importants, un vague salut à mon égard en me balayant du regard l’air indifférent et froid pour vite échanger avec ceux qui comptaient.
Mais le chargé des relations unitaires du PG était venu me saluer avec bienveillance, respect et humanité, me donnant alors le sentiment d’être sur un pied d’égalité. Je m’en souviens car c’était peu habituel cette chaleur humaine dans ce contexte vis-à-vis des seconds couteaux dans ces réunions du club premium de la gauche de gauche. Ca m’avait donné de la l’assurance.
Par la suite Eric a occupé une place importante tout au long de mon parcours militant et politique. Chez Jeudi Noir, il figurait tout en haut de la liste des élus à appeler en cas d’urgence quand on avait besoin d’afficher des soutiens aux écharpes bleu blanc rouge pour nous donner de la force. Une expulsion de squat de mal-logés à 5h du matin, horaire improbable pour solliciter la venue d’un conseiller régional ? T’inquiète c’est Eric, on peut compter sur lui. Et effectivement, une demi-heure plus tard Eric Coquerel était sur place, avec nous.
C’est Eric qui m’a convaincue de rejoindre ensuite le PG et nous sommes restés proches durant toutes ces années, durant lesquelles j’ai toujours admiré sa façon de s’engager tout entier dans les luttes sociales ou politiques, qu’il soutenait, qu’il impulsait ou qu’il dirigeait.
Eric Coquerel est à mille lieux de l’apparatchik froid et du paternalisme hautain d’un certain nombre de dirigeants politiques de son niveau vis-à-vis des « masses ». Il milite avec ses tripes, sympathise, crée de la proximité, diffuse de la chaleur humaine dans ses relations militantes, avec sincérité. C’est ce qui fait sa force. Et le fait qu’un certain nombre de personnes aient décidé d’utiliser cela pour lui nuire politiquement me met en colère.
Car c’est bien de cela qu’il s’agit selon moi. Le fondement de ces calomnies, c’est cela.
J’ai personnellement été témoins de ces manœuvres abjectes. J’ai été contactée il y a trois ans par une journaliste qui m’expliquait enquêter sur les « accusations d’agression sexuelles contre Eric Coquerel ». Sous couvert d’une soit disant enquête journalistique, cette personne cherchait en réalité de quoi légitimer ce qui n’était qu’une rumeur sans aucune réalité. Au point de me demander de valider le fait que des années plus tôt, à l’époque de Jeudi Noir, Eric Coquerel aurait été je cite « viré d’un squat jeudi noir à cause de ses harcèlements ». Stupéfaite de voir qu’une journaliste cherchait à donner une réalité à une affabulation sortie de nulle part plutôt qu’à chercher à rétablir la vérité, lui affirmais que jamais un tel événement avait eu lieu, et que si cela avait été le cas j’en aurais forcément entendu parler. Constatant qu’elle n’arrivait pas à me faire valider ces pures mensonges, je n’ai ensuite plus eu de nouvelles. Et son article n’a jamais été publié. D’autres journalistes ont enquêté pendant des mois pour vérifier le fondement des rumeurs que certains faisaient circuler. Ils n’ont rien trouvé qui justifiait de publier un article : pas de plaignante, pas de témoignages, pas de signalements auprès de la cellule contre les violences sexistes et sexuelles de la France insoumise. Rien, simplement des ragots qui jettent la suspicion sur une personne.
Il est temps que cela cesse. Pour Eric Coquerel d’abord. Mais aussi pour toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles qui voient leur souffrance instrumentalisée dans le combat démocratique qui devrait toujours se mener sur le terrain des idées politiques, et non pas à coup de ragots et de rumeurs mensongères.

Leïla Chaibi (sur Facebook)

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