VENEZ “JAMMER” À BRUXELLES ! par Joachim Caffonnette

Ceci n’est pas un coup de gueule.
Depuis que je suis passé de musicien à plein temps à programmateur je réalise pas mal de chose sur le milieu du jazz en Belgique. Et avec plus de 300 demandes de booking par mois, c’est pas l’offre qui manque. Le problème c’est le dynamisme de la scène, faire venir les gens dans les clubs et les salles, c’est notre boulots de programmateur et de communicants, mais créer la dynamique nécessaire à ce qu’une ville comme Bruxelles résonne, c’est celui des musicien.nes.
Les jams du mercredi (et dans une moindre mesure les late jam du samedi) au Sounds attire un public énorme. Et jeune de surcroît. Mais je vous assure que les musiciens qui viennent “jammer” régulièrement ne sont même pas 20, et le nombres de musiciens professionnel que je n’ai tout simplement jamais vu en deux ans est tout bonnement hallucinant.
Si on compare à d’autre grande ville, on y voit tout le gratin régulièrement dans les jams. Et c’est un cercle vertueux : au plus les musiciens se rencontrent, jouent, discutent sur scène et au bar, au plus la scène est dynamique et les gens les voient.
Rester chez soit à envoyer des mails pour faire trois concert après la sortie d’un album qui aura pris deux ans de travail et vous aura coûter un rein, c’est bien, mais rester dans le coup et participer à la vie musicale de sa ville, c’est peut être pas mal non plus.
Je suis persuadé qu’au plus les artistes se rencontrent et se confrontent au plus ils progressent, au plus on les voit au plus on pense à eux pour des projets et des programmations… et que ça ne peut que créer un élan vers plus de public et à terme plus de lieux.
S’il y a 50 musiciens à chaque jams, d’autres lieux vont s’en inspirer, ça fera plus d’endroit où jouer, plus de public et plus d’inspiration.
Quand a l’argument « je joue pas trop les standards » et ben apprends-les mon cochon, c’est le fondement de cette musique. Même le pianiste classique qui ne joue que des compositeurs contemporains ou s’est spécialisé dans Debussy et Ravel continue de pratiquer son clavier bien tempéré, c’est pareil.
Sur ce : jam tout les mercredis et samedi au Sounds jusqu’au 15 juillet, puis ça repart le 8 septembre.

Bises.
Joachim Caffonnette (sur sa page Facebook)

Illustration : une (belle) gravure de jean-Claude Salémi

NDLR : Sur la page Facebook de Joachim, qui est une question que nous avions déjà posée au FACIR. Quel est le statut “social” des musiciens qui “jamment” (et/ou des musicien·nes qui “répètent” ?). “Travaillent-ils” ? Pour l’ONEM, doivent-ils “remplir une case” et perdre un jour de chômage ? C’est le paradoxe du musicien, et particulièrement du musicien de jazz : il doit jouer pour garder et développer sa qualification professionnelle, et pour trouver des “contrats payants”. On n’engage pas un musicien enlisant son CV. Mais on entre là dans une “zone grise” entre le travail, la formation et la recherche d’emploi, qui pour le coup n’a pas vraiment de “statut” (C.S.)

La réponse de Joaquim : C’est plus un lieu de rencontre et d’apprentissage perpétuel qu’un moment de travail. Le groupe qui ouvre, anime et veille au bon déroulement de la session est payé bien sûr.

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