LES E-YUANS TRIOMPHENT AUX JO DE BEIJIN

Cela a pu vous échapper, mais entre les double-huit givrés du patinage artistique et les vols planés kilométriques en turbo-ski, les autorités chinoises ont profité des Jeux Olympiques d’Hiver à Beijing pour lancer “officiellement” leur nouvelle monnaie numérique : l’E-yuan.
Pour payer leurs jus d’orange lyophilisés ou leurs nouilles au pangolin laqué, les onze mille visiteurs du village olympique ont pu disposer d’un “porte-monnaie numérique” pour régler leurs athlétiques additions sucré-salées (en fait, une simple “appli” reliée à un compte numérique dédié).
Ce baptême en fanfare est l’aboutissement d’un programme initié en 2014, déjà testé à large échelle dans certaines grandes villes chinoises, et qui devrait, d’ici quelques années, totalement remplacer les Yuans “papier” (billets, chèques ou monnaie).
261 millions de personnes (oups!) disposent déjà d’un tel “portefeuille numérique” en Chine, et ce chiffre a quasiment doublé depuis le mois d’octobre.
La “longue marche” de la “monnaie numérique” a donc démarré là-bas sur des chapeaux de roues (mais, comme vous l’aurez constaté, je me mélange un peu les baguettes dans mes métaphores véhiculaires).

Contrairement aux crypto-monnaies “privées”, dont le très connu “bitcoin”, ces nouvelles monnaie numériques sont émises et contrôlées par les banques centrales des pays émetteurs.
Elles pourront ainsi faire tourner la “planche à billets”… sans planche et sans billets.
L’E-Yuan est en effet une monnaie “dématérialisée”, sans représentation “physique” (ni chèque, ni billet, ni monnaie). Elle s’échangera via internet grâce à la panoplie électronique de nos smartphones, ordis et autres montres connectées.
Quand ce projet aura atteint son plein essor, c’est à dire lorsqu’il aura totalement remplacé la monnaie “classique”, tous vos échanges monétaires, avec le nom de vos fournisseurs, de vos contacts et de vos clients, ainsi que l’état permanent de votre épargne, seront donc immédiatement indentifiables, quantifiables et “traçables”, en temps réel, par l’Etat chinois. L’œil était dans l’E-tombe, et regardait votre compte en banque.
Les raisons avancées pour “justifier” un système aussi massivement intrusif sont évidemment toujours vertueuses (par exemple, lutter contre “l’argent noir” et la corruption).
Mais en ajoutant ce volet “monétaire” à ce qui existe déjà, c’est-à-dire le programme chinois de “reconnaissance faciale” (qui identifie vos déplacements même au milieu d’une foule) et le système chinois de “crédit social” (qui “récompense” les bons citoyens, en leur donnant accès à certains services, et en “punissant” les mauvais en les en privant), l’Etat chinois dispose en fait d’un monstrueux dispositif de contrôle social.
Un rêve d’état totalitaire, une sorte de “1984” à la puissance dix.
Précisons en outre que depuis le 14 juillet 2021 (bonjour la Bastille !), la Banque Centrale Européenne travaille, elle aussi, sur le développement à grande échelle d’une telle monnaie numérique spécifiquement européenne. Tiens, tiens.
Il faut toujours avoir ces grands enjeux stratégiques à l’esprit pour espérer comprendre certains des bouleversements sociétaux que nous traversons (1).
Sinon, on marche en permanence dans le brouillard, avec une main du pouvoir devant les yeux (et l’autre dans votre poche ou votre culotte).

Sans transition, une autre info.
Dans son édition du 18 février, le quotidien “Le Soir” a consacré deux grandes pages assez critiques, cosignées par quatre journalistes, à l’usage du “Covid Safe Ticket” à la belge. Je résume : le CST n’aura en fin de compte servi ni à freiner la contagion du virus (qui a explosé avec Omicron), ni à booster les courbes de la vaccination. Ce qui était pourtant ses deux objectifs “avoués”.
Mais il aura par contre pourri la vie de millions de personnes (ça, c’est moi qui l’ajoute).
Plus étrangement, alors qu’on nous avait “vendu” le Covid Safe Machin” au nom de la science et de la santé, la trentaine d’experts qui sont venus témoigner devant le Parlement se sont eux aussi montrés plutôt critiques quand à l’usage et à la généralisation de ce même “Covid Safe Ticket”.
Dites, les gars, les gates, on n’aurait pas pu avoir cette discussion il y a un an ?
Pourquoi nous avoir entretemps imposé à tous et à toutes, aussi brutalement, cette imbuvable civilisation du QR code ?
Peut-être parce que, s’ils ne sont visiblement guère performants contre les coronavirus, votre smartphone et ses applis de m… seront carrément obligatoires, demain, pour payer votre café, votre sandwich et votre journal.  Alors, autant s’y habituer tout de suite. Bip bip ?

Claude Semal le 20 février 2022.

On pourra utilement lire aussi :
(1) Un cauchemar totalitaire LA CIVILISATION DU “QR” CODE

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