19 novembre 2025
C’EST VOUS QUI LE DITES par vous, toi, elles et eux
LE MR, LA POLICE ET LA LIBERTÉ D’EXPRESSION par Isabelle Duchateau (sur FB)
Vous, je ne sais pas mais moi, je me sens aussi mal à l’aise qu’en février/ mars 2020.
Tout comme à l’époque, je vois la catastrophe démocratique arriver.
Tous les signes y sont, la dérive est réelle, objectivable, quotidienne.
Et comme à l’époque, je ne vois quasiment aucun académique s’en émouvoir.
Aucun politique s’en saisir autrement que mollement. A droite, même, c’est pire : soit ils ne voient pas le problème, soit ils ne veulent pas voir le problème.
Aucun corps intermédiaire faire autre chose que défendre son pré carré.
Pourtant, ce témoignage (lien en commentaire) est un condensé de tout ce qui devrait, collectivement, nous alarmer.
Nous avons donc événement organisé par le MR à Saint-Gilles, commune très majoritairement PS, avec, comme annonce :
“Venez nombreux, ceux qui sont d’accord et pas d’accord.”
Sachant qu’à Saint-Gilles, les chances d’avoir plus de “pas d’accord” sont quand même assez élevées. Cet appel ouvert vise évidemment à se donner l’image d’un parti “qui n’a peur de personne”, “qui dialogue”. Mais le choix du lieu n’est pas neutre.
Saint-Gilles, c’est une commune cible, où la droite sait très bien que les réactions seront fortes. Alors, soyons clairs, dans une démocratie, un parti a évidemment le droit d’organiser un meeting dans n’importe quelle commune, sans danger pour les invités.
Mais le choix du décor modifie déjà le contexte, sans changer quoi que ce soit au contenu.
On est d’accord, je pense, pour dire que le même meeting, à Uccle ou Waterloo, sera différent, même si ce sont les mêmes invités et le même contenu, qu’à Saint-Gilles ou Molenbeek.
Et puis, imaginons LFI en France, tenir un meeting dans une commune majoritairement RN, on crierait immédiatement à la provoc’…
Mais soit, le MR a évidemment le droit d’organiser ses meetings ou il veut et de les organiser en sécurité. En choisissant de le tenir dans une commune à forte opposition, il doit s’attendre à une forte opposition.
Maintenir ce choix n’est donc pas anodin. Le MR crée ainsi une situation performative où face il gagne, pile l’opposition perd.
Si l’opposition proteste, il pourra dire “regardez comme ils sont violents”.
Si elle ne proteste pas, il pourra dire “regardez comme notre discours progresse même chez eux”.
Dans les deux cas, le MR gagne.
Ensuite, le témoignage décrit :
– deux barrages policiers,
– une autopompe,
– des chiens,
– des hommes à oreillette (on ne sait pas trop si c’est un service d’ordre privé ou des policiers en civil),
– une présence policière dans la salle,
– des cars entiers de militants MR venus d’ailleurs pour “remplir” la salle.
Du spectacle. Une dramaturgie sécuritaire.
Le discours d’introduction laisse chancelant : grâce à “l’ordre”, la démocratie pourrait se dérouler.
Je cite le témoignage :
“Merci à la police.
Quand il y a la police, il y a la liberté d’expression.
Quand il y a la liberté d’expression, il y a la démocratie.”
C’est un raisonnement en escalier, très utilisé dans les discours populistes sécuritaires.
1/ Première marche, la police garantit la parole.
On attribue aux forces de l’ordre un rôle politique qu’elles n’ont pas.
2/ Deuxième marche, la parole garantit la démocratie.
C’est évidemment vrai. Mais ce n’est vrai que si chacun peut parler, pas uniquement ceux qui applaudissent.
3/ Troisième marche, la police est donc la condition de la démocratie.
Ben… non. C’est faux. C’est un sophisme. C’est surtout très inquiétant.
Dans un État de droit, la police ne créé pas la démocratie. C’est la démocratie qui fonde la police. Arendt est très claire là-dessus : les régimes autoritaires inversent toujours cette hiérarchie.
Et ça, ça devrait nous alarmer, collectivement.
Enfin, le témoignage décrit :
– deux contrôles d’identité, un à l’entrée, l’autre à la sortie (!!)
– un contrôle des motivations (??),
– une photographie de la carte d’identité (pour quels motifs, quels délits ??)
– de l’intimidation “Nous savons qui vous êtes”, “Pourquoi êtes-vous venu si vous n’appréciez pas le discours ?”.
C’est l’élément le plus grave du récit.
Allez, OK, le coup de l’argumentaire en escalier, vous ne l’avez pas vu.
Mais ça, là ! Cette intimidation ?!
Cette partie du témoignage devrait tous nous faire réagir.
Le Ligue des droits humains, Amnesty International, l’Institut fédéral des droits humains en premier.
Pourquoi (si vraiment il faut l’expliquer) ?
Parce que ce que ce monsieur a vécu, ce sont deux procédés illibéraux dangereux.
1. La suspicion par non-adhésion.
Dans toute démocratie, ne pas applaudir est un droit.
On a le droit de venir écouter ce que disent ceux avec qui on n’est pas d’accord. Et on a le droit de ne pas les applaudir. On a aussi le droit d’estimer que trop c’est trop et s’en aller (s’en avoir applaudi !).
Ici, son départ (et/ou son absence d’applaudissements) a été vu comme un indice de dangerosité !
C’est ce que Rosanvallon appelle la police des intentions.
On devient suspect, pas parce qu’on a commis un acte répréhensible, mais parce qu’on manque d’enthousiasme. Est-ce que vous vous rendez compte ?
2. L’intimidation personnalisée.
“On sait qui vous êtes.” + photo de la CI. C’est une phrase lourde, accompagnée d’un acte menaçant. Elle renvoie directement à ce que Levitsky et Ziblatt appellent la menace ciblée, c’est-à-dire la personnalisation du contrôle politique. Est-ce que vous vous rendez-compte ?
On fiche les opposants au MR, maintenant ? Sérieusement ?????
???????????????
Les gars, ça glisse, mais ça glisse…
Le plus beau ? Juste après cet événement, GLB a publié ceci sur sa page Facebook (voir capture d’écran). Ben si, mon grand.
Ce que ce monsieur a vécu en voulant quitter ton meeting, c’est DÉJÀ de la violence policière.
Interroger les motivations d’un citoyen, prendre la photo de sa CI sans motif (ce qui n’est pas légal, pas proportionné, pas justifiable dans un cadre démocratique), exiger de savoir pourquoi il n’applaudit pas…C’est un signal.
GLB n’en est pas directement responsable. Mais il est responsable de l’ignorer.
UN LIVRE QUI SE LYBIEN par Abbas Fahdel (sur FB)
Il y eut Nelson Mandela : vingt-sept ans de prison pour avoir défié l’apartheid, et en sortir avec une stature de géant moral.
Il y eut Luiz Inácio Lula da Silva : dix-neuf mois d’enfermement, fruit d’une véritable persécution politique, avant de revenir plus fort et de redresser un pays.
Il y eut José Mujica : quatorze ans de geôle sous la dictature militaire, avant de devenir le président le plus humble — et le plus respecté — du monde.
Il y eut Václav Havel : emprisonné pour ses convictions, transformant sa détention en manifeste universel pour la liberté.
Tous ces ex ou futurs présidents affrontèrent la prison avec courage, vision et profondeur historique. Et puis il y a Nicolas Sarkozy.
Vingt jours à la Santé — pour des affaires judiciaires — puis la libération polie d’un « aménagement de peine ».
Vingt jours ! À peine le temps de repérer la cantine, de s’ennuyer un peu, de constater que les murs sont gris… et déjà l’ancien président en tire Le journal d’un prisonnier, convertissant cette halte éclair en tragédie existentielle, comme si Sisyphe avait trébuché sur un gravillon.
Mandela forgeait en prison un héritage moral.
Lula, un combat politique.
Mujica, une leçon de vie.
Havel, une pensée universelle.
Sarkozy, lui, un contrat d’édition, et la conviction que vingt jours de cellule suffisent à mériter un chapitre dans l’histoire de l’héroïsme moderne.
S’il y avait passé une semaine de plus, il se serait peut-être cru autorisé à réécrire La Condition humaine. Deux semaines de plus et il nous livrait Lettre à ma prison, expliquant que la postérité lui doit au moins une statue, fût-elle en résine.
Mais vingt jours : juste ce qu’il faut pour se fabriquer une posture de martyr low-cost, un souffle épique de poche.
D’autres ont fait de leur détention un message pour l’humanité.
Sarkozy en a fait… un produit dérivé.
La toujours intéressante chronique des médias de Mourad Guichard sur Le Média-TV. Abonnez-vous !
« COMMISSION D’ENQUÊTE » : L’ARROSEUR ARROSÉ par Manuel Bompard (sur X Twitter)
Il y’a quelques mois, le groupe LR a détourné une commission d’enquête de l’Assemblée nationale pour tenter de faire croire à l’existence de liens entre la France insoumise et des groupes terroristes ou fanatiques.
Le 29 octobre dernier, cette “commission d’enquête” a auditionné M. Hugues Bricq, directeur du renseignement de la Préfecture de police de Paris. Vous n’en avez bizarrement pas entendu parler dans les médias. Et pour cause, cette audition démontre le caractère ridicule et politicien de ces accusations. En voici un extrait.
M. Jérôme Buisson (RN). Des groupuscules d’extrême gauche ou d’autres, que vous surveillez, ont-ils des liens avec les islamistes ?
M. Hugues Bricq : Non, très peu, même si cela doit parfois leur traverser l’esprit. L’ultragauche essaye de manière récurrente d’embarquer les jeunes des quartiers mais cela n’a jamais vraiment fonctionné. L’ultragauche était totalement absente lors des émeutes et des violences urbaines, et on ne la voit pas non plus quand il est question d’islamisme radical. En revanche, une certaine frange de l’ultradroite négationniste se rapproche, par antisémitisme pur, de certains islamistes ou référents religieux islamistes qui tiennent des propos antisémites, souvent hors nos frontières.
M. Matthieu Bloch (DR), rapporteur. Contrairement aux constats que vous venez de faire, Mme Nora Bussigny et MM. Youssef Souleimane et Emmanuel Razavi nous ont dit, lors de leur audition, qu’il existait des liens étroits, extrêmement dangereux, entre des organisations islamistes et certains partis politiques en France.
Souvent, la révélation de ces liens a lieu lors des grandes manifestations parisiennes organisées en soutien à la Palestine. Lors de ces manifestations, des élus apparaissent auprès de ces associations, quelquefois même des parlementaires prennent la parole, soutenant plus ou moins les propos tenus. Nous sommes donc quelque peu surpris de vous entendre dire qu’il n’y a aucun lien entre cette mouvance et des élus.
M. Hugues Bricq. Lorsque nous surveillons nos objectifs, qui sont des individus ou des groupes terroristes ou islamistes, nous ne faisons pas de lien avec des partis politiques ou des élus nationaux ou locaux dans ce que l’on pourrait identifier comme une collusion sur des projets terroristes ou islamistes. Mais j’ai connaissance des recherches, ouvrages et articles de certains auteurs… qui se placent eux-mêmes dans une sphère politique en écrivant ce qu’ils écrivent.
Nos missions sont définies et circonscrites et c’est grâce à la surveillance que nous exerçons, notamment avec des techniques intrusives, sur nos propres objectifs, que je peux vous le dire : il n’existe pas de liens documentés entre les objectifs que nous suivons et des élus ou des partis.
UN QUARTERON DE VA-T’EN GUERRE par Ségolène Royal (sur FB)
Non monsieur le Chef d’État-Major des armées, la France n’acceptera pas de perdre ses enfants au profit d’un pouvoir en dérive qui, comme l’écrivait Machiavel est tenté de « déclencher une guerre pour éviter des troubles intérieurs, et qui finit toujours par accélérer sa propre perte ». Ou encore « le peuple peut toujours être contraint à obéir à tout, il suffit de lui faire peur, de lui dire qu’il est attaqué et de dénoncer les pacifistes comme anti patriotes ». Et même de les exécuter comme ce fut le cas pour Jean Jaurès.
« Pour maintenir un peuple dans l’obéissance inventez-lui un ennemi ».
Et bien non. Alors de deux choses l’une, face à ces déclarations délirantes, qui vont renforcer l’anxiété des jeunes déjà au plus bas, déstabiliser l’économie française, ridiculiser la France : soit Emmanuel Macron (qui s’est dit rappelons-nous, fervent lecteur de Machiavel) est au courant et a validé ce texte et dès lors il doit s’expliquer ; soit ce n’est pas le cas et le Chef d’État-Major doit être démissionné.
Le rôle de la France, membre du Conseil de Sécurité de l’Onu, c’est d’agir pour la Paix en Ukraine en obtenant une force internationale de stabilisation comme l’a fait Trump pour Gaza.
Et le pire c’est que nous sommes quelques jours après le 11 novembre, fin de la terrible boucherie de la guerre de 14/18 dont tous les historiens relèvent les causes dérisoires, et l’excitation d’un quarteron de va-t’en guerre qui ont envoyé des millions de paysans et d’ouvriers arrachés à leurs villages, se faire massacrer.
Cette guerre qui, mal conclue à Versailles par un Clémenceau aveuglé par l’intransigeance mais qui croyait bien faire, a directement conduit à la montée d’Hitler, à la Shoah, et à la seconde effroyable guerre de 40. Sachons tirer les leçons de l’histoire.
Stop au virilisme toxique qui n’est que la compensation de l’effondrement d’un pouvoir à la dérive inquiétante. L’Assemblée nationale doit exiger un débat et ne pas laisser un quarteron de va-t’en guerre détruire le moral et la morale de la Nation pour sauver un pouvoir déconsidéré et détesté.
LE « NOUVEAU COMMUNALISME » DES INSOUMIS par Clémence Guetté (sur FB)
J’appelle le journal Libération à un peu de sérieux.
Hier est paru un article qui prétendait revenir sur le nouvel ouvrage de l’Institut La Boétie.
Un nouveau tract au service du PS, et une incompréhension totale des concepts insoumis.
On va résumer pour eux.
Le nouvel ouvrage de l’Institut La Boétie s’intitule « Pour un nouveau communalisme ».
Le communalisme insoumis, c’est une rupture avec l’ordre communal établi.
C’est un travail inédit de conceptualisation et de mise en forme d’une manière nouvelle de faire advenir la révolution citoyenne à l’échelle municipale.
Mais « Libération » n’est pas d’accord et le fait savoir. Pour le journaliste, les thèses explorées par l’ouvrage « proposent peu ou prou ce que font déjà les municipalités de gauche depuis 25 ans ».
On va donc tenter de décrypter ce que font les mairies socialistes, et en quoi cela n’a rien à voir avec ce que nous proposons :
À Montpellier, le maire socialiste a expulsé des militants écologistes mobilisés contre la construction d’une rocade pour bétonner 80 hectares de terres et détruire 115 espèces protégées. Nous ne ferons pas ça.
À Paris, la maire socialiste n’a pas arrêté la financiarisation immobilière. La mairie laisse un propriétaire sur trois ne pas respecter l’encadrement des loyers.
3500 personnes dorment dans la rue, un logement sur 5 est inoccupé, et un logement sur 10 est un logement type Airbnb.
Mais la mairie ne réquisitionne pas les logements et expulse 450 jeunes sans-papiers d’un théâtre. Nous ne ferons pas ça.
À Saint-Denis, mairie socialiste, les services publics sont démantelés, et les centres des espaces jeunesses ferment à la pelle, alors que 43% des habitants ont moins de 29 ans.
Nous ne ferons pas ça.
Marseille, mairie socialiste, est l’une des villes les plus ségréguées et des plus inégalitaires de France. Et la liste est encore longue.
Naples et Barcelone, dont Libération regrette qu’on les cite, plutôt que des mairies PS, ont mis en place une méthode nouvelle de gouvernement des communs.
Les citoyens y votent, gèrent des services publics locaux en assemblée générale, voient leur droit d’occupation d’immeubles vides reconnu. La gouvernance PS le propose ? Non.
Le livre explique aussi pourquoi la fausse “démocratie participative” prisée des mairies en France ne marche pas.
Il s’appuie sur les exemples étrangers qui ont utilisé des outils comme le budget participatif ou les conseils de quartier de manière réellement révolutionnaire : en Espagne ou au Brésil par exemple. Libération n’a pas lu cette partie, certainement.
Autre sujet : depuis 10 ans, on observe une ruée des multinationales sur le sous-sol parisien pour créer des réseaux de chaleur et de fraîcheur, sans planification ni considération de justice sociale. La grande majorité des mairies, de la vieille gauche ou de droite, distribue les permis d’explorer et d’exploiter au privé, plutôt que de créer les sociétés publiques locales de la chaleur et de la fraîcheur en ville. Elles contribuent à l’externalisation privée des compétences de la bifurcation écologique.
Et n’est pas terminé. Le livre développe aussi une critique, appuyée sur de nombreuses luttes locales, de la “rénovation urbaine” des quartiers populaires qui a pour effet de déposséder les habitants. Une politique suivie avec enthousiasme par beaucoup d’élus locaux, gauche et droite, depuis 20 ans.
Enfin, il aurait été intéressant pour le journaliste de ne pas ignorer qui avait pensé et écrit cet ouvrage. Ses auteurs ont pourtant des noms et des expériences à leur actif. Ils sont géographes comme Cécile Gintrac, docteure en géographie critique et enseignante en classes préparatoires et Allan Popelard, tous deux co-responsables du département de géographie de l’Institut de La Boétie. Mais aussi ancien haut fonctionnaire et administrateur territorial comme Manuel Menal ou spécialiste et théoricien du fait urbain comme Antoine Salles-Papou.
Pour comprendre et lire ce qu’est le communalisme insoumis, il vous faudra lire autre chose que Libération. C’est sûrement ce que vous faites déjà.
En mars, nous ferons dans toutes les communes insoumises ce que la vieille gauche n’a pas fait : la révocation des élus locaux, la réquisition des logements vacants, l’ouverture de la cantine bio et gratuite, le RIC municipal, le gel des loyers municipaux.
Si Libération connaît une seule mairie socialiste qui a fait cela, nous serions heureux de le savoir. D’ici là, je vous invite toutes et tous à lire et acheter dans vos librairies « Pour un nouveau communalisme ».


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