Arnaques sur Internet : CECI N’EST PAS UNE PLANCHE DE PADDLE

En six mois de confinement, je me suis fait arnaquer à deux reprises sur le Net. L’attrape-nigaud ?
Des pubs massivement diffusées sur Facebook, et qui racolent le chaland en vendant du rêve pour un prix très attractif.

La première fois, j’avais été séduit par des bottines au look franchement artisanal (60 euros), comme on devait les fabriquer au fond d’une boutique du Far West à la fin des années ’50.
J’ai reçu une paire de pantoufles chinoises informes, que je n’oserais même pas porter le jour du Carnaval. En réponse à mon mail de protestation, on m’a aimablement proposé vingt euros de réduction. J’ai compris que je m’étais fait arnaquer, et j’en suis resté là.
La seconde fois, j’avais commandé une planche de paddle gonflable pour mon fils (30 euros). Je lui avais promis de monter moi-même dessus à la rivière, spectacle qui promettait d’être particulièrement réjouissant, vu ma corpulence et mon sens de l’équilibre, chez les copains belges qui tiennent la buvette-camping Le Clupeau à Chervaix-Cubas.
En suivant le colis, son poids m’avait surpris : 20 grammes. Et pour cause. J’ai reçu dans une enveloppe un petit bateau en plastique qui doit royalement coûter cinq cents. Les escrocs ont le sens de l’humour.
Dans les deux cas, les “vendeurs” se sont révélés être des sociétés chinoises (même si les pubs ne mentionnaient pas les pays d’origine).

L’aveu de cette double escroquerie m’a valu sur Facebook une volée de bois vert de la part d’une escadrille de Schtroumpfs à Lunettes déclinant leur mantra : “On n’achète pas sur internet”. Euh… Et au nom de quoi, m’sieurs dames ? Je n’aime pas ce faux moralisme de Café du Commerce (fut-il bio). Et cet “interdit” me semble d’autant plus absurde qu’on se trouvait alors en pleine période de confinement.
Bien entendu, pour tous les achats du quotidien, je me fournis auprès des commerces du quartier, marchés et artisans, et j’ai la chance, à Saint-Gilles, d’y trouver généralement tout le nécessaire à un prix raisonnable.
Mais je n’ai aucune chance, par contre, de croiser une planche de paddle à l’épicerie bio du coin, et le dernier “vrai” cordonnier que je connaissais, près du Parvis, a fermé son échoppe il y a deux ans.
Hier, j’ai du prendre le bus pour aller acheter une autoradio à “Auto 5” à Auderghem.
Service déplorable, rupture de stock, vendeur ignare, et j’ai constaté, à la sortie, qu’il m’avait fourgué une radio qui n’avait même pas les données techniques que j’avais sollicitées (“lecteur CD”). J’ai fini par me faire rembourser, et je suis reparti les mains vides. Est-ce vraiment mieux que d’acheter “sur le net”, où l’on peut au moins tranquillement comparer les prix, les fournisseurs et les données techniques ?
Même d’un point de vue strictement “écologique”, il me semble plus rationnel d’aller chercher ma commande à pied, à un “point dépôt” à 200 mètres de chez moi, où les colis auront été collectivement conduits par une seule camionnette, que d’utiliser cinquante véhicules, fussent-ils collectifs, pour aller glaner des marchandises aux quatre coins de la ville. “Ah, tiens, c’est vrai ! Je n’y avais pas pensé”. Ben non. Les “pensées” à la mode ne sont pas toujours vraiment “pensées”.
J’ai le plus grand respect pour ceux et celles qui souhaitent rompre avec la société de consommation, s’organisent en ce sens, et il m’arrive de vouloir les imiter. Depuis deux ans, on bouffe à la maison les paniers bio que ma soeur, ex institutrice, fait pousser avec amour dans son jardin, même si ses carottes, format “betterave” ou “radis”, ressemblent parfois plus à des sculptures mayas qu’à des légumes. Mais ce n’est pas possible avec tout, ni tout le temps, et encore moins avec des ados à la maison.
Si la tolérance pouvait s’acheter sur le net, j’en commanderais bien deux ou trois kilos, histoire de la distribuer autour de moi.

“Ils effacent tous les commentaires négatifs”

En 2019 déjà, dans le courrier des lecteurs de “Test-Achat”, une certaine Viviane Kurzawa avait déjà mis en garde les consommateurs contre ces pratiques commerciales abusives :
Fleurissent en ce moment à grand renfort de publicités, des sites de ventes de sandales orthopédiques, sacs, baskets et autres produits que l’on vante comme étant de grande qualité alors qu’il s’agit de productions “made in China”… et qui ne correspondent que très relativement aux illustrations (Cuir ? Non, plastique… Confort? Nenni, déformations, matières et couleurs non conformes aux illustrations, etc..).
Il s’agit de sites d’arnaque qui commandent directement, en votre nom, chez des marchands en Chine. Vous recevez quelques semaines plus tard des produits de m…, expédiés directement de Chine. Le site prend évidemment au passage un bénéfice plantureux… (3 à 4 fois et parfois plus… le prix du site chinois). Cette pratique ne doit pas être légale, me semble-t-il… Quelqu’un a-t-il connu pareille mésaventure? Peut-on faire quelques chose de plus puissant que de signaler la page à Facebook (qui ne bouge pas, sans doute pour des raisons financières)… Je notifie au fur et à mesure des commentaires négatifs sur toutes ces pages à grand renfort de photos-témoins, mais ils effacent tous les commentaires négatifs, publient uniquement des commentaires positifs (faux bien sûr) et finissent par me bloquer… De nouveaux sites “lavés” de ces critiques renaissent ainsi tous les jours… Sites concernés: Ciao-vie / Oh lalavie / Faci-tage / Homeland 1 / Kate & Winston / Restanten Outlet / Plu genial / Flashy Mango / Nature et bien être, …. et d’autres encore (Test-Achat 30/07/2019)

Sur les réseaux sociaux, les photos comparatives entre mes commandes et les livraisons ont beaucoup fait rire. Il y a de quoi. Ne vous en privez pas, et si au moins mon argent sert à cela, je n’aurai pas tout perdu. Mais il y a aussi de sérieuses raisons de se mettre en colère.
Comment et pourquoi, dans un pays qui applique encore la peine de mort pour “crimes économiques”, le gouvernement chinois laisse-t-il se développer sur son territoire des activités qui relèvent aussi manifestement de l’escroquerie ? D’autant que ces pratiques portent aussi gravement préjudice et à son image et à sa “vraie” politique d’exportation.
Comment et pourquoi des publicités aussi visiblement mensongères restent-elles publiées pendant des semaines sur Facebook ?
Car si le client lambda n’a pas les moyens de vérifier, à chaque achat, la fiabilité d’un fournisseur, ce devrait au moins être le cas d’un réseau commercial international qui offre par défaut une vitrine publicitaire à des activités criminelles.
Or pour être moi-même “autorisé” à diffuser, à titre “publicitaire”, certains articles de l’Asymptomatique sur Facebook, ce qui m’est par ailleurs souvent refusé, j’ai dû communiquer les statuts de l’ASBL éditrice, et fournir copie de ma propre carte d’identité. Pourquoi n’est-ce pas pareillement exigé pour éviter des pratiques frauduleuses qui portent, elles, sur des centaines de milliers d’euros ? (1)
Et pourquoi enfin ces pratiques commerciales, visiblement fréquentes sur les réseaux sociaux, donnent-elles rarement lieu à une suite ou une poursuite quand on porte plainte auprès des services belges et européens (in)compétents ?
En attendant, la prudence s’impose donc. Pour vos achats nécessaires, privilégiez les sites connus, anciens, locaux, référencés. Evitez les pubs éphémères pour des chimères.
En cas d’arnaque, Paypal et certaines cartes bancaires semblent parfois rembourser les achats frauduleux (car ils estiment que leur responsabilité est engagée, et qu’ils auraient dû refuser ces paiements).
Et en toutes circonstances, comme chez les scouts, n’oubliez pas votre canif et votre bonne humeur.

Claude Semal, le 25 juin 2021.

(1) Interrogé par BuzzFeed, Facebook explique que sa politique concernant les publicités est très sévère en termes de langage et d’images, mais que le réseau social ne se considère en aucun cas responsable d’éventuels dommages collatéraux, survenus en-dehors de leur site.

Non, Klod, t’es pas tout seul (vos témoignages)

Sonia K.
Salut Claude. On a eu exactement la même chose que toi. Mon mari a commandé il y a environ 1 an, via cette pub sur FB, les mêmes chaussures que toi et a reçu les mêmes que toi (icône fâché).

Isabelle D.
Un jour j’ai commandé des chaussures et j’ai reçu un faux foulard Hermès (icône rire).

Jacqueline B.
J’ai encore ri toute seule dans mon lit, en imaginant ta tête quand tu as reçu le “paddle”. J’imagine que tu t’attendais à une grande boîte, et puis tu reçois ça..

Philippe G.
Moi j’essayerais une troisième fois pour être sûr sûr.

Réjean M.
En tout cas, tu nous aura offert une bonne tranche de poilade. Et ça, ça n’a pas de prix.

Virginie P.
Idem une caisse à outils et je reçois un mimi tournevis en porte-clefs et aussi une paire de bottes de randonnée et j’ai reçu un étui à lunettes… (icône rire aux larmes)

Didier J.
Cela fait des lustres que “nous ” prohibons les sites “chinois” hébergés par Wish ou Aliexpress. Je ne peux que m’étonner que tu te sois laissé prendre.

Claude Semal
Ni Wish ni AliExpress. Des pubs sur Facebook avec des noms anglais sans mention d’origine.

Didier J.
Merci, il faut alors aussi supprimer les pubs importunes de Facebook, remplies d’arnaques. (PS: il existe une possibilité de supprimer les pubs de sa page d’actualité).

Jean D.
Ben oui : l’acheteur bénéficie souvent d’une protection. L’esclave (Ouïghour ou prisonnier, sous-prolétaire ou enfant), non. Ce n’est pas d’abord la possible arnaque qui devrait nous faire réfléchir avant d’acheter n’importe quoi (icône je suis fâché fâché fâché).

Catherine S.
Ho je ris je ris avec tes photos comparatives et Viggo n’arrive pas à se ravoir. Mais on est quand même désolés pour toi…..

Nicole D.
Le prix devrait t’alerter, j’ai été pigeonnée une fois sur le site WISH. A éviter !!!

Victoria V.
Moi je n’achète pas sur internet, il faut trouver un commerce local un artisan. Désolée pour toi, j’espère que tu n’as pas payé cher.

Laurence W.
Semal, te voilà deux fois puni… Pour avoir une fois dans ta vie commandé sur internet : tu te tapes deux arnaques et mille discours moralisateurs de ceux qui, bien sûr, achètent leurs ordis et GSM chez Farm ou Bio Planète.

Laure Colette B.
En fonction de ton mode de paiement, tu peux trouver pas mal de « protections de l’acheteur ». Par exemple via PayPal quelques photos suffisent, pareil pour Visa etc. Au final ce ne sera que du temps perdu et un bel article (icône petit coeur)

Catherine G.
Moi, plus de nouvelles de deux commandes, une toilette pour mes chats (30€) et une superbe veste commandée en novembre pour mon fils (50€), premier mail de rappel en février, “il faut 12 semaines”, et maintenant plus de réponse (icônes je suis fâché fâché je vomis).

Marie-Jeanne V.
Moi aussi, mais Visa m’a remboursée… Essaye!

Manu B.
Le sens de l’humour… ou une obligation pseudo-contractuelle de nous envoyer n’importe quoi plutôt que rien. Perso j’ai voulu remplacer un chouette sac-à-dos que mon fils avait cru perdre, je ne l’ai retrouvé que sur un site bidon (et éphémère), le sac en question n’est jamais arrivé mais longtemps après avoir débité ma carte de crédit, j’ai reçu en provenance de Chine des lunettes de soleil en toc totalement immettables.

Ingrid J.
Pour éviter ce genre d’arnaques et si le produit m’intéresse, je note le nom du site et systématiquement je vais vérifier le “site” et les “avis” via Google et en général je suis très vite fixée…….

Laure M.
Bonsoir Claude, j’ai lu ton appel concernant les arnaques sur le net. Ca m’est arrivé une fois. Un site bidon qui, quand je voulais leur renvoyer la marchandise, me répondait que cela serait trop compliqué, et qu’il valait mieux que je les donne à quelqu’un qui en ferait meilleur usage… J’en avais pour 60 euros de chaussures et fringues diverses et variées (j’avoue que j’avais craqué ce jour là :))

Vittorio A.
J’ai acheté sur un site basé en Indonésie (mais je ne le savais pas) des figurines Tintin (beau catalogue)… J’ai reçu une petite médaille dorée… J’ai porté plainte à la “Computer Crime Unit” et je n’ai jamais eu de réponse… C’était à la fin de l’année passée.

Florence P.
Salut Claude, il y a 2 ans j’ai eu le même coup pour des chaussures et un pantalon d’été. Achetés via une pub Instagram et la réalité ne correspondait absolument pas aux superbes photos (chaussures sans forme et le « pantalon », c’était juste deux bouts de tissu cousus). Vu le prix j’aurais dû me méfier mais bon, faut être pris pour être appris (icône sourire).

Olivier P.
En payant par PayPal, j’ai été remboursé par le même organisme. Il m’a suffi d’envoyer une photo de l’article reçu qui ne correspondait aucunement à celui commandé. Je leur ai fait remarquer que le site frauduleux était référencé en premier sur internet avec plein de commentaires négatifs de la part d’autres acheteurs qui s’étaient aussi faits berner. Sachant cela, PayPal n’aurait pas dû accepter la transaction. J’ai donc été très vite remboursé mais avant d’aboutir, le cheminement sur leur site n’a pas été simple. Bon, c’était une somme dérisoire aussi, de l’ordre d’une quarantaine d’euros. Je ne sais pas ce qu’il en est pour des sommes plus conséquentes. Je me méfie à présent des affaires mirobolantes sur FB et je vérifie toujours sur internet la réputation des annonceurs. Mais le Chinois est fourbe, c’est bien connu (icône sourire).

Patrick E.
Le vrai problème est que Facebook cautionne ce genre d’arnaques !
Combien de pubs pour des vélos électriques à 150 € ?
Imaginez le montant de la fraude quand 1000 personnes un peu crédules se font avoir chaque jour? Un simple copier coller d’un site réel !
Une crée une société au Delaware, un compte à Honk Kong et hop ni vu ni connu, j’empoche 4,5M par mois ! Combien touche FB pour diffuser ce genre de pub?
En fait FB est le SPF finance de ces escrocs.

Claude Semal
Et donc, je résume, le chinois est fourbe et esclavagiste, et il faut acheter la planche paddle de son ado au bio du coin.

Merci à tous et toutes pour vos conseils avisés en matière d’E-commerce, je ne sais pas comment j’ai pu vivre jusqu’ici sans eux (icône je me fends la gueule + icône je me tire une balle dans le pied).

1 Commentaire
  • Yves Vanderveken
    Publié à 18:48h, 04 juillet

    Chiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiine toc ! On disait ça déjà à nos dix ans…

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