24 avril 2024
« AU CPAS, ON M’A FAIT EMBRASSER DES ARBRES ! » par Bernadette Schaeck
“On nous fait passer soit pour des parasites, soit pour des débiles légers”
En écho aux nombreux échanges sur le “développement personnel”, je vous partage à nouveau ce témoignage que j’avais reçu voilà plusieurs années. Et qui, sur un mode plus léger que les débats de fond, en dit beaucoup !
J’y joins aussi quelques-unes des réactions que j’ai reçues sur Facebook.
“Le PIIS (Projet Individualisé d’Intégration Sociale » est une fumisterie.
Je suis moi-même sous PIIS et au programme, on m’a déjà fait :
– enlacer des arbres pour se sentir en harmonie avec la nature
– un atelier de pâte à modeler
– faire son auto portrait de la main gauche (pour voir l’expression de son “vrai moi”)
– un cours de citoyenneté (avec une vision idéalisée de l’Europe)
– un cours théorique pour le permis de conduire
– et avant que j’oublie, aussi un atelier d’informatique où on t’apprend comment manipuler une souris, créer un dossier, envoyer un mail.
Le seul truc sympa, c’était les cours théoriques pour le permis de conduire.
En plus de tous ces ateliers, il faut aussi ramener tous les mois des preuves de recherche d’emploi. Bref, on nous fait passer, soit pour des parasites, soit pour des débiles légers.”
Bon dimanche quand même…
Bernadette Schaeck, de l’Association de Défense des Allocataires Sociaux
MARIE : Quand je me suis retrouvée au CPAS, on m’a fait suivre des cours stupides, se mettre par ordre de grandeur, jouer à la balle, etc … J’en ai fait une grosse dépression, d’autant plus que j’étais en plein divorce et que je venais de perdre ma mère. Au lieu de relever les gens on les enfonce, on m’a obligée à y aller, et on m’a dit vous vous ferez des amis, j’avais répondu : « mes amis c’est encore moi qui les choisis ».
BERNADETTE : Ah tous leurs éternels discours pour “retisser du lien social”. C’est comme si les plus pauvres n’ont pas d’amis, de réseaux. Et si c’est parfois vrai, ce n’est pas les activités que les CPAS leur imposent qui va arranger les choses.
MARIE : On se sent complètement démunis et impuissant.
BERNADETTE : Se mettre par ordre de grandeur ne vous a pas aidé ? “Mes amis, c’est encore moi qui les choisis”. Super, que vous ayez osé le leur dire. Votre témoignage ici est tellement important. Merci.
MARIE : Oui, j’ai osé parce que c’est la vérité, je pouvais faire au plus des connaissances. Je pense qu’on nous prend tous pour des demeurés. Il y a eu trois jours de cuisine aussi, j’avais dit à la dame qui donnais cours, vous ne nous faites pas laver les mains, elle m’a répondu par une sorte de haussement d’épaule, nous devions manger ensemble, je n’ai pas pu, j’ai dit sur l’heure de midi, je rentre, je dois sortir mon chien, ouf… Le minimum c’est d’apprendre l’hygiène quand on donne des cours de cuisine. J’espère que tout cela a changé, des cours d’hygiène, de récup, apprendre à faire des produits ménagers aurait déjà été un plus, je me suis sentie plus bas que terre, ce n’est pas parce que nous avons un passage par le CPAS que nous sommes débiles …
Maintenant je suis pensionnée, je ne suis restée que deux ans au CPAS, au moins j’ai la paix. Bon courage à vous
Madeleine Demeyere
Publié à 13:19h, 04 maiurope1.fr/politique/Un-chomeur-traverse-la-France-pour-retrouver-un-emploi-234866