JUSQU’OÙ CELA VA-T-IL ALLER ? par Gilbert Laffaille

On parle de « crise ». Institutionnelle, démocratique, politique… Ça permet de ne pas parler des causes. Car il y a surtout un choix qui a été effectué par le système bancaire, les fonds de pension, les assureurs, la finance, les multinationales, l’Europe, les USA, les oligarchies au pouvoir : privilégier les actionnaires au détriment des travailleurs, des citoyens, des usagers, des contribuables, des états. Les médias ont suivi, bien obligés : la presse est détenue à 90% par quelques milliardaires. Jusqu’où cela va-t-il aller ?
Vu la voracité du système et son cynisme, j’ai bien peur que la réponse soit : jusqu’à l’asservissement ou jusqu’à l’explosion.
« Mon ennemi c’est la finance » avait dit François Hollande le soir de son élection.
Naïf ou présomptueux ? On a vu.

Danièle Mitterrand avait un jour demandé à son mari, président en exercice : « Pourquoi maintenant que tu en as le pouvoir ne fais-tu pas ce que tu avais offert ? Il me répondait qu’il n’avait pas le pouvoir d’affronter la Banque mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. Qu’il avait gagné un gouvernement mais non pas le pouvoir. »
Hôpital, système de santé, éducation, logement, transports, conditions de travail, recherche scientifique, entretien des infrastructures… si l’on dresse l’inventaire des choses qui ne vont pas dans notre pays, la liste est impressionnante.
J’ai raconté ailleurs combien j’avais été choqué, il y a une dizaine d’années à Hollywood, de constater que les autoroutes n’étaient pas entretenues et qu’on y trouvait des nids-de-poule de 50cms de profondeur, très dangereux pour les automobilistes. Ou que le réseau électrique extérieur était digne d’un pays du Tiers-Monde. Ou que les poubelles…
À Hollywood, ville des milliardaires ! J’avais évidemment interrogé mes hôtes. On m’avait répondu que c’était parce que personne ne voulait payer pour les équipements collectifs.

Nous y sommes. On ne veut plus œuvrer pour le bien commun. D’où le démantèlement des services publics. D’où le travail et les soins qu’on ne trouve plus que dans les grandes agglomérations – et difficilement. Ce qui est utile à tous n’est plus prioritaire. Parce que cela coûte cher. Et ne rapporte pas. On laisse donc se dégrader les choses jusqu’à ce que la privatisation apparaisse comme la seule solution. Alors on délocalise et on s’endette. On paupérise la classe moyenne et l’on favorise les milliardaires. Qui croit encore à la fable du ruissellement ? D’après le dernier rapport d’Oxfam : depuis dix ans, 1% des ultra-riches ont capté la moitié des nouvelles richesses de toute l’humanité !
Ces chiffres qui font froid dans le dos n’empêchent pas certains, qui ont pu faire Sciences-Po ou l’ÉNA car leurs parents ont payé leurs études, de vous parler des « assistés » ou du montant trop élevé du RSA. Ils trouvent également normal qu’une réforme rejetée par 3/4 des Français, soit décidée à coups d’articles d’exception, sans être votée par le Parlement.
Puisque la motion de censure a été rejetée… cela signifie que la réforme des retraites a été approuvée ! C’est du bonneteau, ou je ne suis jamais allé à Barbès!

Ah nos bons sénateurs qui refusent que leur soit appliquée la fin des régimes spéciaux qu’ils exigent pour les autres ! Ça donne envie de chanter La Marseillaise, ça !
Mais comment voulez-vous financer les retraites ? Oh on pourrait déjà rétablir l’ISF, ça nous ferait bien cinq milliards pour commencer. Ça paierait les cacahuètes. Elles ont beaucoup augmenté ces derniers temps.
Elles venaient d’Ukraine sans doute.
On pourrait aussi s’intéresser à la fraude fiscale (100 milliards par an), supprimer l’optimisation, on pourrait…
Mais comme on n’a pas vraiment d’idées, pas de vision, pas de courage, pas de honte et surtout pas envie, on ne peut pas parce qu’on ne veut pas toucher à ce système.
« Enrichissez-vous ! »
Même si votre fortune a pour conséquence d’accroître la misère. Partout sécheresse et réchauffement vont griller comme jamais les thermomètres, assécher les fleuves, entrainer des migrations de réfugiés climatiques, des émeutes… Mais non.
On pourrait bien leur parler de l’arrivée prochaine de sauterelles géantes venues de Proxima du Centaure, ils continueraient à jouer en Bourse et à vouloir une montre plus chère que celle de l’émir du Qatar.
On ne touche pas aux riches. On continue. Tant pis s’il y a de la casse ! On renforcera les forces de l’ordre.
Amis des trains supprimés, des écoles fermées, des zones blanches, des bureaux de poste condamnés et des déserts médicaux, je vous adresse un fraternel salut!

Gilbert Laffaille (sur sa page Facebook)

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