NOUS SOMMES LE 28 AOÛT

Nous sommes le 28 août 2022.

Willy van der Steen

Savez-vous ce qu’ont en commun Elio di Rupo, James Bond, Winston Chuchill, Georges Clooney, Jean Dujardin et Stromae ? Le nœud papillon bien sûr ! Il paraît que c’est aujourd’hui la journée mondiale du nœud papillon. Si vous savez qui a décidé ça et pourquoi, faites-le savoir. Moi, je n’ai pas trouvé.

Le 28 août 1990, décédait Willebrord Jan Frans Maria (dit Willy) Vandersteen, « le Bruegel de la bande dessinée », comme l’appelait Hergé, ou encore le « Walt Disney des Pays-Bas », comme d’autres l’ont surnommé. On le connaît évidemment comme l’auteur de « Suske en Wiske », rebaptisé en français « Bob et Bobette » mais, en cinquante ans de carrière, il aura publié plus de mille albums de bande dessinée. Mon conseil : lisez « La révolte des Gueux ». Ça peut se lire à partir de 10 ans, mais à 70, ça marche encore.

Tout autre chose.

Martin Luther King à San Francisco en 1964

Le 28 août 1963, au pied du Mémorial Lincoln, à Washington, le pasteur Martin Luther King s’adressait aux 250.000 personnes, dont 80% de Noirs, mobilisées à travers le pays pour une Marche vers Washington organisée par le « Mouvement des droits civiques ».
De son discours, on aura surtout retenu les mots improvisés à la fin : « I have a dream that one day little black boys and black girls will be able to join hands with little white boys and white girls as sisters and brothers… » (Je fais un rêve qu’un jour, les petits enfants noirs et les petits enfants blancs joindront leurs mains comme frères et sœurs…). On n’a pas attendu qu’il ait fini son rêve pour l’assassiner.
Une fois l’égalité civique obtenue en 1964-1965, par la fin de la ségrégation institutionnelle et la reconnaissance du droit de vote, King développe l’idée d’une seconde phase de la révolution des droits des Noirs, celle de la justice économique et sociale. Pour l’Amérique blanche, leur accorder des droits formels, c’était déjà trop. Alors pensez !…
Martin Luther King sera donc assassiné le 4 avril 1968 à Memphis.
Aujourd’hui, on est encore bien loin d’en avoir fini avec le racisme systémique, les violences policières, brutalités et injustices multiples envers les Afrodescendants. Il faudra encore des manifestations, des émeutes et des combats pour faire entendre que la vie des noirs compte. Et pas qu’en Amérique.

Encore tout autre chose.

Christian Léonard en 1 985 avec le réalisateur Miklos Jancso et le producteur Doron Eran

Philippe Léotard, né à Nice le 28 août 1940, aurait donc aujourd’hui 82 ans, s’il n’était pas mort à Paris le 25 août 2001.
Prof de philo, poète, acteur et chanteur, Philippe Léotard fonde le Théâtre du Soleil avec Ariane Mnouchkine, en 1964. Dans les années 70, il s’oriente vers le cinéma, avec Claude Sautet, François Truffaut, René Vautier (« Avoir 20 ans dans les Aurès »), Yves Boisset (« Le juge Fayard, dit le shérif »), … Il joue dans le film « French Connection 2 » de John Frankenheimer avec Gene Hackman, en 1975, et reçoit le César du meilleur acteur en 1983 pour « La Balance » de Bob Swaim (1982). Après « Tchao Pantin » de Claude Berri, en 1983, avec Coluche et Richard Anconina, il arrête le cinéma pour se consacrer à la chanson. Il aura tourné dans 70 films quand même.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que ce n’est pas un garçon tout simple. L’alcool et la cocaïne auront accompagné toute sa carrière, avec aussi un goût prononcé pour la provoc. En 1993, alors que son frère (François Léotard) est Ministre de la Défense, il se proclame « Ministre de la Défonce ». En 1995, il est condamné à 18 mois de prison avec sursis pour un trafic de cocaïne.
Pendant ce temps, il n’aura jamais cessé d’écrire. En 1992, il sort « Pas un jour sans une ligne », recueil d’aphorismes et de pensées. Le titre se réfère à un vers d’Horace, « Nulla die sine linea » et indique le projet du livre: la contrainte d’une écriture quotidienne, quoi qu’il advienne. Il fait allusion, sans doute aussi, à une autre sorte de « ligne », dont il pouvait difficilement se passer.
Quelques passages :

« Loup, qui es-tu? “le roi des moutons!”
Loup, que fais-tu? “Eh bien! Je les tonds!”
Loup, que sens-tu? “L’odeur du pognon!”
Loup, où vas-tu? “Au Palais Bourbon!” »

« L’ivresse, c’est l’art d’être plein, comme la plénitude est l’art d’être ivre. »
En 1997, parait « Clinique de la raison close ». Voici ce qu’il en dit : « Ces pages sont des épaves, repêchées au hasard des grèves où les abandonnait mon impuissance…. »
En introduction au dernier album de Philippe Léotard, on trouve ces mots de Claude Nougaro :
« J’aime les grands brûlés… J’aime les grands acteurs, avec un seul rôle, celui de leur vie à tenir, à claquer, à brandir… J’aime certains hommes, ceux qui savent que la seule liberté que nous possédons, c’est de choisir ses barreaux. J’aime les poètes qui claudiquent sur les marelles du mystère d’être, et qui chantent des mots de moelle et de sang à travers tous les baillons du monde. Je t’aime Philippe Léotard. »
Avec ses cailloux dans la voix, son air d’avancer dans le brouillard, son allure de pochetron magnifique, tendu comme une corde de violon sur le point de casser, Philippe Léotard était un amoureux de la vie, séduit par la mort.


André Clette

Allez, on se l’écoute…
Philippe Léotard, « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » (Archive INA)
C’est par ici →

« Oi Tzigane »
C’est par ici →

Pas de commentaires

Poster un commentaire