POURQUOI CES SILENCES COMPLICES ? par Nabil et Karim Sheikh Hassan * (sur Facebook)

A l’heure où Israël demande à un million de personnes de partir (Vers où ? Comment ?), je n’ai jamais, vraiment jamais, senti un soutien aussi lâche de la part des alliés habituels de la cause palestinienne.
Karim le résume très bien : nous sommes seuls, mais nous survivrons.
La question qui me hante, c’est comment peut-on ici laisser nos responsables politiques pratiquer dans leur parole publique des doubles standards ?
Comment peut-on avoir une idée si minable de ce que doit être une démocratie ?
Comment peut-on laisser un pays colonisateur se venger massivement sans aucun garde-fou ?
Certains silences complices laisseront des traces.
Et si la situation s’aggrave, comptez sur moi pour être le miroir qui rappelle que si vous n’avez pas tenu l’arme, vous l’avez largement laissé se déchaîner.

Nabil Sheikh Hassan

Les crimes de guerre ne s’accommodent d’aucune justification, d’aucune circonstance atténuante.
Lorsqu’ils sont commis, ils doivent être dénoncés, sanctionnés, à leur juste hauteur.

Le Hamas a commis un crime de guerre, particulièrement ignoble.
Il doit être dénoncé et jugé comme tel, sans le moindre « oui mais ».

Depuis dimanche, mais aussi bien avant, Israël commet des crimes de guerre et viole le droit international humanitaire. Siège illégal, bombes au phosphore blanc, infrastructures civiles critiques délibérément touchées, familles décimées… Tout l’arsenal d’horreur dont Israël est capable est déployé sans la moindre retenue, sans la moindre gène.

Ces crimes devraient être dénoncés comme tels, et leurs responsables politiques devraient être jugés pour cela. Sans le moindre « oui mais ».

Oui mais.

Ils ne le sont pas. Aucune sanction ou même menace de sanction, aucune expression de solidarité envers le peuple palestinien, nous sommes seuls.
Face à des principes vidés de leur substance là où ils étaient il y a quelques jours rappelés à grands coups (à raison) par toutes les démocraties occidentales.

Cette injustice se rajoute à celle qui a rendu la situation aussi violente qu’aujourd’hui : l’absence totale de considération pour la question palestinienne.

La colonisation, l’apartheid, les pogroms, les annexions, l’occupation, les Palestiniens les vivent depuis des décennies et encore plus intensément ces derniers mois.

Et là encore, nous avons été abandonnés. Laissés pour compte en espérant que la question se règlera par elle-même (et donc que les Palestiniens capituleront).
Ce double-standard, cette géométrie variable dans les condamnations, on a beau y être habitué, elle ne m’a jamais semblé si violente.

Parce qu’en agissant comme cela, nos démocraties nous déshumanisent, délégitiment notre souffrance, nous placent en dehors de la protection des fondements mêmes de ce qui rend notre monde civilisé.

Karim Sheikh Hassan

*Karim et Nabil sont deux frères, l’un juriste, l’autre économiste, fils de réfugiés palestiniens à Bruxelles.
À l’heure où une déportation de centaines de milliers de Palestiniens se prépare dans la bande de Gaza, à l’heure où des milliers de nouvelles victimes civiles palestiniennes seront prochainement écrasées sous les bombes israéliennes, ils ne comprennent pas l’effroyable silence de nos autorités… mais aussi celle de la société civile belge. Et derrière leur désespoir, écoutez leur colère. (C.S.)

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