RETRAITES : LA FOLIE MACRON

La journée d’action du 19 janvier avait été un immense succès pour les syndicats unifiés (deux millions de grévistes et de manifestant·es). Ce mardi 31 janvier, toute la France populaire sera à nouveau dans la rue (“a été dans la rue”, pour celleux qui me liront demain) contre le recul à 64 ans du départ à la retraite. Cette “réforme” que le gouvernement Macron/Borne entend imposer de gré ou de force, alors même, comme tous les sondages le confirment, qu’une majorité de Français y restent farouchement opposés. Et pour cause. À 64 ans, 30 % des plus pauvres sont déjà morts !

Une manif en 2020 contre la précédente “réforme”

Mais il y a pire pour la Macronie. Tous ses prétendus “arguments” (budgétaires, macro-économiques, “on vit plus vieux”…) ont été taillés en charpie par les syndicats et par l’opposition de gauche au Parlement. Et plus le gouvernement s’en “explique”, plus les avis “favorables” à sa réforme s’écroulent dans les sondages (- 14%) !
Comment alors comprendre cette “folie” politique de Macron, qui s’obstine à imposer une mesure sociale aussi absurde qu’injuste et impopulaire ?
A en perdre son latin. Et certes, «Quos vult perdere Jupiter dementat» (“Jupiter rend fou ceux qu’il veut perdre”) (2).
Mais à y regarder de plus près, cette “folie” de Macron reste bien dans sa “logique” à lui. Tentative d’explications en quatre paragraphes.

1/ On l’oublie parfois, mais le chiffre de “64 ans” est déjà un “compromis” à l’intérieur du camp présidentiel. Edouard Philippe, par exemple, milite toujours pour une retraite à 67 ans (3). Mis en minorité au Parlement, Macron doit donc impérativement rallier toute la droite à sa réforme.

2/ Macron a acquis, à juste titre, la réputation d’être “le président des riches”. L’économiste Gabriel Zucman vient de rappeler que “la France est un paradis fiscal pour les milliardaires : les 380 familles les plus riches ne payent que 2% d’impôts” (4).
Or allonger la durée du travail, dans la semaine ou durant la vie, c’est une façon très classique de privilégier le Capital au détriment du Travail (l’autre étant de baisser les salaires, ce à quoi l’inflation participe également).

3/ Constitutionnellement, Macron ne pourra pas se présenter une troisième fois. Il ne doit pas se soucier de sa réélection, et peut donc se permettre d’être “impopulaire”.

4/ La droite fut longtemps incarnée en France par les Gaullistes du RPR – un parti interclassiste né dans la résistance, et qui encourageait les compromis entre le capital industriel et le monde du travail. Ses députés, qui avaient le souci de leur réélection, faisaient régulièrement “remonter” au gouvernement l’éventuelle impopularité de ses réformes. À quatre reprises, De Gaulle fit par ailleurs appel à des référendums pour trancher des questions qui divisaient l’opinion.
Rien de tout cela chez Macron. Porté au pouvoir par le capital financier, il gouverne en apesanteur, servi par un parti godillot de traîtres et de mercenaires zombies (car pour prétendre “renaître”, il faut bien que ses ex “marcheurs” soient d’abord mourus) (5). Une fois son forfait commis, il retournera ensuite, comme tous ses ministres, pantoufler dans le privé, la haute administration et les banques d’affaires. Car on peut se permettre d’être impopulaire chez les prolos quand on a des amis chez les très riches.

Voici le “Zombie d’or” de la semaine (celle qui a tout compris) :

« Les cotisations sociales n’ont pas vocation à financer notre système de retraites »
Nadia Hai, députée Renaissance et vice-présidente de la commission des finances.

 

Rien à voir, quoique. Aux trois élections partielles du week-end passé, faisant suite à des irrégularités lors du précédent scrutin de juin, un nouveau député LFI-NUPES a battu le candidat macronien, un député PS-NUPES a conforté son siège, et un candidat Rassemblement National a été définitivement éliminé. Si cette tendance se confirmait, et si les mouvements sociaux en cours pouvaient se chercher un débouché politique du côté de la NUPES plutôt que du côté de Marine Le Pen, ce serait une excellente nouvelle pour la démocratie française.
Et cela réduirait d’autant la marge de manoeuvre de Macron, qui ne pourrait plus utiliser la dissolution de l’Assemblée Nationale comme ultime recours au service de sa politique. Car elle n’est pas folle, la guêpe (même si, on est d’accord, elle est quand même un peu piquée).

Claude Semal, le 31 janvier 2023

(1) lire également notre précédente chronique : France : RETRAITES, À LA VIE, À LA MORT !
(2) “On applique cette maxime aux gouvernants ou aux individus qui, par leur conduite déraisonnable, leurs mesures folles, préparent leur ruine” (Le Soir).
(3) https://www.lepoint.fr/politique/edouard-philippe-milite-toujours-pour-la-retraite-a-67-ans-08-10-2022-2492978_20.php
(4) https://www.france.tv/france-5/c-ce-soir/c-ce-soir-saison-3/4474618-mondialisation-la-fin-d-un-mythe.html
(5) Oui je sais, ce participe passé n’existe pas. Mais “En Marche” s’est récemment rebaptisé “Renaissance”.

En libre lecture sur le site d’information Médiapart, dont le personnel est ce jour en grève contre la réforme :

https://www.mediapart.fr/journal/france/310123/reforme-des-retraites-notre-recit-en-direct-de-la-journee-de-mobilisation-du-31-janvier

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