TACHAN A CASSÉ SA PIPE À PÉPÉ par Barnabé De Keizer

Aujourd’hui je suis triste, Henri Tachan n’est plus.
Déjà hier s’en est allée la grande Jane, dont j’ai réécouté la gorge serrée des chansons qui m’émeuvent depuis toujours, mais le départ de Tachan me touche particulièrement.
On a tous, parmi les artistes qui nous inspirent, des maîtres d’écriture, si je peux les compter sur les doigts de ma main, Tachan est l’un des miens.
Je n’avais que 10 ans quand j’ai découvert ses chansons, elles ne sont d’ailleurs pas toutes accessibles aux oreilles des enfants, aussi ma maman avait scotché les premières pages du livret du cd et je ne pouvais l’écouter qu’à partir de la plage 2. Par curiosité, j’ai quand même un jour enfreint la règle tout seul dans mon coin, et je n’ai à l’époque pas compris pourquoi je ne pouvais pas écouter « Pipe à pépé » qui m’avait l’air d’une ritournelle somme toute assez rigolote.
Les chansons de Tachan sont des amies fidèles, des rencontres inoubliables dés la première écoute. Elles m’accompagnent dans chaque moment de ma vie, enragées, tendres, espiègles, irrévérencieuses, humaines.
De 1965 à 2007, l’oeuvre de Tachan est immense. Il faut se plonger dedans, la faire découvrir, lui rendre la place qu’il mérite aux côtés de Brel, Barbara, Brassens, Anne Sylvestre, Perret.
Quand j’ai découvert Henri Tachan vers 2003/2004, mon père m’a dit « Je pense que ça va te plaire, c’est un grand de la chanson, mais mort depuis quelques années », en 2007, je vois l’annonce d’un concert à Bruxelles, au café de la rue. J’ai eu le sentiment qu’il ressuscitait pour que je puisse le voir, il était bien en vie, fatigué, fragile, bouleversant, 2 mois plus tard il mettait un terme à sa carrière.
Il faut écouter Tachan, il faut chanter Tachan, et je continuerai à le faire. Au conservatoire j’avais choisi un de ses textes pour mon premier examen, « Les Z’hommes », je ne sais pas si j’ai été à la hauteur du texte mais j’ étais fier. Créer un spectacle autour de ses chansons, un jour peut-être, sûrement.

Barnabé De Keyser (sur facebook)

Voici une petite playlist de quelques monuments d’un géant, immortel, comme le sont toutes les chansons.

« Je veux avoir le temps d’apprivoiser les mouches,
Je veux l’éternité pour apprendre ta bouche,
Je veux voir les saisons minute par minute,
Brindille par brindille tout le bois de ma hutte.
Je veux, chaque seconde, connaître une habitude,
Comme un chien familier, comme la solitude,
Je veux me coucher là et n’être pas rentable,
Je veux vivre la vie d’une pierre, d’une table,
Sans suspense, sans destin, sans crainte, sans dénouement,
Je veux avoir le temps de perdre tout mon temps.
Je ne veux pas vieillir, je ne veux pas mourir, je n’veux pas!
»

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