PLEIN LES POCHES SANS RIEN FAIRE ? par Bernadette Schaeck

Suite aux “débats” des derniers jours à propos des montants du Revenu d’Insertion (RI) du CPAS qui seraient souvent supérieurs aux salaires…
Ceci ne sera pas retweeté 50.000 fois comme l’a été un certain tweet haineux à l’égard des bénéficiaires du RI dont les montants ont été augmentés à partir du 1er janvier. Normal, me direz-vous, ceci n’est pas un tweet.

Des bénéficiaires du Revenu d’Insertion (RI) qui “s’en mettent plein les poches sans rien faire” ?
Voici quelques exemples de situations vécues qui prouvent à quel point émarger au CPAS est une situation tellement enviable…
Ces exemples de situations vécues concernent les personnes qui cohabitent avec un parent ou un enfant, et qui, dans ces situations-là, n’ont souvent même pas droit à un RI cohabitant, ou on droit à un RI cohabitant très partiel.
Parce que le CPAS peut tenir compte des revenus du parent ou de l’enfant avec lequel vous résidez.
Il PEUT, c’est facultatif, mais dans les faits, beaucoup de CPAS en tiennent compte systématiquement.

• Jean a travaillé en job étudiant pendant tout le mois de juillet. Le CPAS a retiré le RI taux avec famille à charge (cheffe de famille) à sa mère qui a une fille mineure à charge. Jean a donc dû prendre en charge tous les frais du ménage pendant le mois de juillet, loyer et frais d’énergie compris, et assurer la subsistance de sa mère et de sa sœur.

• Roland est engagé dans un contrat de travail article 60. Le CPAS a retiré le RI à son père chez qui il vit. Le père dépendra complètement financièrement de son jeune fils pendant l’année et demie que durera le contrat de travail de ce dernier.

• Julien s’est séparé en janvier 2022 de sa compagne. Celle-ci est restée dans le logement avec les 3 enfants. Julien est allé vivre chez sa mère qui perçoit une pension de 1.500 €. Bien qu’elle ait des frais médicaux importants, et que Julien souhaiterait partager les frais relatifs aux enfants avec son ex-compagne, le CPAS lui refusé le RI cohabitant parce que les revenus de sa mère dépassent (de peu !) l’équivalent de deux RI cohabitant (1.429,72 au 1er janvier 2022). Après une longue bataille, le CPAS a fini par accorder un RI partiel de 300 €.

• Joseph était indépendant et a fait faillite alors qu’il était âgé de 52 ans. Ayant tout perdu, il a été hébergé par son père âgé de 79 ans. Le CPAS lui a refusé le RI parce que la pension de son père dépassait l’équivalent de deux RI cohabitant. Il a introduit un recours au Tribunal du travail qu’il a gagné, mais le CPAS est allé en appel. Un an et demi plus tard, la Cour du Travail lui a donné raison et a condamné le CPAS à lui accorder un taux cohabitant complet.

• Roger et Marie ont 4 enfants. Ils étaient en fin de bail et ne trouvaient pas de logement. Le couple et les 4 enfants ont été hébergés – dans des conditions très difficiles – par les parents de Marie. Le CPAS a tenu compte de la totalité des revenus des parents de Marie : le salaire du père et les allocations perçues par la mère pour les 3 enfants étudiants à leur charge. Roger et Marie se sont trouvés sans aucun revenu, à charge complète des parents de Marie.

• Kylian est âgé de 32 ans. Il vit chez sa mère dont les indemnités de mutuelle dépassent de 70 € l’équivalent de deux RI cohabitant. Il est surendetté mais ne peut engager une médiation de dettes parce que le CPAS lui a refusé à 3 reprises un RI cohabitant, même partiel, ou une aide sociale. Sa mère et lui-même vivent sous la menace permanente de saisies par huissiers.
Salauds de pauvres ! (1)

Bernadette Schaeck

Contact de l’Association de Défense des Allocataires Sociaux : https://www.adasasbl.be/

(1) Lire aussi LES CPAS ENTRE “WIN FOR LIFE”, KAFKA ET LA RUE

Pas de commentaires

Poster un commentaire